13 - Enfants Terribles

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Point de vue de Lila

Un mois plus tard, 14h46, chambre de Lila

Le printemps arrivait doucement, les garçons venaient de sortir leur nouvel album, j'étais super fière d'eux, il était excellent. Théo m'avait convaincue de chanter avec lui à la fin de Fireworks, j'étais contente d'avoir pu mettre ma voix sur ce projet, je me sentais encore plus proche de toute l'équipe comme ça. J'étais avec les garçons dans la chambre d'Axel pour enregistrer leur son Dans ma chambre. J'avais discrètement dessiné Lucas en train de chanter. Le soir, j'avais glissé le dessin sous sa porte et le lendemain, il m'avait imitée en me laissant un petit mot adorable et un dessin digne de celui d'un enfant de Zoé et Fabrice Douceur. Tout au long de l'enregistrement de Dans ma chambre, quand Lucas chantait, je l'avais senti m'observer. On s'est regardés dans les yeux pendant de longues minutes et il m'avait fait un clin d'oeil au moment de dire "des posters déchirés dans ma chambre", en référence à ma propre déco, que Jérémie avait qualifiée "atypique".

Un après midi, on était à la patinoire avec l'équipe, celle où j'étais allée avec Jérémie, pour filmer le clip d'Enfants Terribles. Personne ne savait patiner à part Jérémie, alors on en a profité pour faire quelques scènes où il danse sur la glace. C'était moi qui me trouvait derrière la caméra, je m'étais bien amusée. Jérémie avait insisté pour que je patine avec lui une fois le tournage terminé. On a fait les cons sur la glace avant que les garçons passent de la musique. Lucas a voulu danser avec moi, on a fini au sol morts de rire. Puis à un moment, cet idiot m'a poussée sur Greg et Sacha, qui se sont retrouvés sous moi complètement perdus. Le soir Théo avait commencé le montage et il a ajouté quelques vidéos en dehors de la patinoire où on me voyait sourire, me cacher dans ma capuche, filmer Lucas qui faisait du vélo.

J'allais un peu mieux, enfin je faisais croire à Jérémie que j'allais mieux. Je recommençais à manger sans partir me faire vomir dans la seconde, c'était déjà ça. J'avais arrêté de me trouver toujours trop grosse dans le miroir pendant que Jérémie me disait que j'avais la peau sur les os. Un soir, ça a éclaté entre nous. Il s'est mis à me hurler dessus, il m'a tiré devant la glace et déshabillée en arrachant mon pyjama pour que je me retrouve en sous vêtements. Il avait vu mes marques sur mes cuisses, je ne me cachais plus devant lui. Il m'avait hurlé de me regarder. J'avais une mine atroce, mes os saillaient sous ma peau. Je l'avais giflé de toutes mes forces, au bord des larmes. Puis j'avais éclaté en sanglots, les jambes tremblantes, je m'étais laissée tomber sur le sol. J'avais murmuré "pardon" plusieurs fois entre deux sanglots, je faisais pitié à regarder. Au lieu de s'énerver contre moi ou de s'en aller en me laissant là, ce qui aurait été une réaction tout à fait pardonnable suite à ce qui venait de se passer, Jérémie s'est assis à côté de moi par terre et m'a prise dans ses bras. Je me suis réfugiée dans son cou en continuant de pleurer. Il m'a doucement caressé les cheveux avant de me chuchoter à l'oreille :

- Lila, je t'en supplie, laisse moi t'aider.

Plus tard, il m'a portée jusqu'à mon lit, il est parti me préparer du café. J'ai enfilé des vêtements à lui en attendant. Il est revenu avec des feuilles et un crayon et m'a dit :

- Dessine. Dessine ton corps, dessine ce qu'il se passe dans ta tête, dessine ce qui te fait du mal. Dessine le lui.

C'était le meilleur conseil qu'on ne m'avait jamais donné. J'ai dessiné sans m'arrêter pendant plus d'une heure, Jérémie est resté avec moi tout ce temps. Je me suis dessinée comme il me l'avait demandé, ça faisait peur à voir, et c'est ce qui m'a permis de réaliser ma connerie. J'ai dessiné une petite fille dans son lit qui se cachait d'un monstre. J'ai aussi dessiné le groupe, tout le monde avait le sourire aux lèvres. J'ai dessiné mes parents, mon frère. J'ai dessiné Lucas qui tenait un couteau sous la gorge d'une personne sans visage. J'ai dessiné Jérémie qui m'embrassait, du sang coulant de nos bouches. Jérémie n'a posé aucune question, il m'a simplement encouragée.

ᴄʜᴀᴛᴇᴀᴜ ᴅᴇ ꜱᴀʙʟᴇ | ʟᴜᴊɪᴘᴇᴋᴀOù les histoires vivent. Découvrez maintenant