33. ACHILLE

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Demons, Imagine Dragons.

TW: Mentions de pédocriminalité, de viols, traumatisme.

ACHILLE NE PARVENAIT PAS À SE CONCENTRER. Des angoisses le hantaient, lui murmuraient à l'oreille des insanités, lui tordaient l'estomac. Le garçon ne comprenait pas ce qui lui arrivait, pourquoi des terreurs prenaient possession de son être? Il se sentait vulnérable, apeuré et doutait de lui-même ainsi que de son esprit.

Revenir dans le dortoir, revoir les visages de Thomas et de Samuel, lui avaient fait se souvenir de leurs mots qu'ils lui avaient crachés au visage. Des paroles qui n'avaient aucun sens sur le moment, mais qui s'insinuaient en lui, le faisaient penser atrocement.

Y avait-il une part de vérité dans leurs parjures malsaines? Dans cette mise à nue qu'on lui avait imposé? Certes, Achille avait riposté, mais il n'en restait pas moins que la confusion formait un voile dans sa tête. Pour quelle raison lui avaient-ils attribué toutes ces abominations?

Son souffle était fort et son pouls rapide; tout son corps était en alerte. Achille était au bord d'une crise monstre qu'il ne contrôlait pas et dont il ne comprenait pas l'origine. Qu'est-ce qui n'allait pas? Pourquoi doutait-il de ses propres sens, de sa mémoire?

Alors qu'il travaillait avec peine dans la grotte pour l'extraction du Caelisya, le jeune travailleur s'efforçait de ne pas laisser paraître sa détresse. Achille perdait la main sur lui-même, il avait la sensation de perdre la tête. Son corps était en ébullition, tandis que des fragments vifs et spontanés lui apparaissaient. Des souvenirs dont il n'avait pas connaissance, mais qui existaient bel et bien, qui étaient les siens. D'où sortaient-ils? Achille ne comprenait rien à ce qui lui arrivait; pourquoi maintenant, pourquoi alors qu'il n'avait jamais plus failli depuis la mort de son frère?

Sauf que tout avait changé. Les autres étaient au courant, ils savaient qu'il buvait de l'alcool, mais ils avaient également connaissance d'un fait que lui ne savait pas. Comment cela était-ce possible? Par ailleurs, Elior était parti, fugitif en danger de mort, et Achille se rongeait les sangs pour lui. Il ne parvenait à continuer à le haïr s'il ne le savait plus dans son milieu de vie et, de surcroît, s'il était en grand danger; l'adolescent tourmenté ne pouvait plus projeter son malheur sur le garçon aux cheveux roux, il n'en était plus capable.

Cette rancœur, cette colère engendrées par la mort injuste de son frère restaient alors coincées en lui et il était bien trop faible pour supporter leurs poids. Car, en réalité, celui qu'Achille haïssait le plus, c'était lui-même — mais pouvoir déplacer cette rancœur envers Elior l'avait sauvé de sa nature destructrice.

Ses sentiments s'accumulaient en son for intérieur, ils débordaient. Le choc était trop intense pour la jeune âme qu'était Achille. Son cerveau n'était plus en capacité de lui épargner les souffrances de son existence.

Achille lâcha brutalement le seau qu'il tenait, renversant les roches qui s'y trouvaient. Ses bras tremblaient, ils se sentait défaillir.

— Ach, qu'est-ce que tu fais? Qu'est-ce qu'il se passe? s'inquiéta Hade, qui s'occupait de l'extraction.

Achille ne répondit pas. Il avait de plus en plus de mal à respirer; son souffle s'accélérait, une boule lui compressait la gorge et la panique ne faisait qu'empirer la situation.

— Achille, respire!

Hade déposa sa pioche sur le sol et se rapprocha d'Achille. Lorsqu'il posa sa main sur l'épaule de son ami pour lui témoigner son empathie, le garçon se dégagea brutalement, brûlé par la main de Hade.

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