Le pick-up se gara dans la cour de la maison. Et quelle maison.
La demeure n'était pas particulièrement grande, mais ressemblait étrangement à ce genre d'habitations que l'on voit dans les films anciens.
En pierre, des volets bleus quelque peu écaillés, une large porte abîmée. Un jardin entourait la maison ; de grands camélias, un cerisier qui perçait au milieu des buissons, secs sous le climat impitoyable et quelques cactus qui dressaient leurs épines en signes de bienvenue. Au milieu de tout ça, la bâtisse, malgré quelques signes de vieillesse, semblait fièrement bomber le torse face au soleil qui doucement embrassait la terre pour se coucher.
Au milieu de tout ça, lui aussi était là. Il avait l'air beaucoup moins fier que la maison qui se dressait derrière lui.
Brune aurait voulu ne rien ressentir en le voyant. C'est ce qu'elle réussit à faire. Partiellement. La jeune fille sembla de marbre mais à l'intérieur, tout se mélangeait, tout devenait confus. Descendant de la voiture, son sac à la main, elle s'approcha, le regard se voulant fier.
Le regard de son paternel était brillant d'étoiles, il soutint sans brancher les yeux perçants de sa fille.
« - C'est pas lui hein.
La timbre d'Andrea détruisit le théâtre où se jouait depuis quelques secondes le monologue intérieur de Brune.
- Comment ça c'est pas lui. S'enquit-elle en lui lançant un regard irrité.
- Bah lui, c'est pas lui. Enfin c'est pas Mr. Laurence quoi. Répondit le jeune homme sur le même ton.
- J'avais compris, je sais reconnaître mes parents biologiques quand même. Brune haussa les sourcils en se donnant de la contenance.
- Hm. » Elle décela sans mal un petit air moqueur luire dans ses yeux.
Elle faillit le reprendre toujours aussi sèchement quant une voix perça les éclairs naissant entre eux.
- Mon Dieu ce que tu lui ressembles ! »
La silhouette humaine qu'elle avait aperçu il y a quelques secondes (qu'elle n'avait absolument pas confondu avec son géniteur, c'était faux...) s'approchait en sautillant vers elle.
Qui étaient donc tous ces gens qui semblaient bien mieux connaître son géniteur qu'elle ? (Ce qui n'était en soi pas très compliqué vu le peu de souvenirs qu'elle avait de lui)
Il était immense, une chemise à carreaux serrait une petite bedaine mal dissimulée - où fièrement assumée -, et de grands yeux étincelants.
- Tu es Brune c'est ça ? Mon Dieu, comme j'avais hâte de te rencontrer, comme vas-tu ? Tu as fais bon voyage ? » Tout en l'assénant de questions, il tournait autour d'elle comme si elle était une sorte d'artefact singulier. « Qu'est-ce que tu lui ressembles c'est tout à fait impressionnant oui oui ! Tu ne trouves pas Andrea ? »
La salopette muette lança un regard désabusé à la chemise à carreaux excitée.
- Laisse-la Henri. » Avant de s'emmurer dans son silence qui lui allait si bien, il ne put s'empêcher d'ajouter, un minuscule sourire en coin. Tu lui fais peur avec tes manières de paysan, elle a l'habitude qu'on lui propose de la monter dans sa chambre en carrosse. »
Brune le fixa un instant, ses lunettes sur le bout du nez. Elle lâcha son sac sur le côté, avant de rapidement venir se planter près de la blondasse.
Reculant ses loupes contre ses yeux, elle effectua sa plus belle révérence - binge-watching de Versailles oblige - relevant sa robe en frous-frous imaginaire.
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« see no evil »
Teen Fiction✼ Aux sons des criquets et de la mer. Une lettre. Un appel. Début d'été et sous le soleil, Brune n'aurait jamais autant espérée de la campagne française. ✼