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- Etann
– Etann, Gigi ! Dépêchez-vous, vous allez être en retard ! – On arrivera à l'heure si tu me laisses prendre la moto, je rouspète. – Non mais t'es malade. Avec ta sœur en plus ? Tu prends le bus ! Et cache-moi ce vilain dessin sur ton bras, dit-elle en regardant mon bras droit avec dédain. – Un tatouage, maman, soufflais-je.
Je ne sais pas laquelle de mes pulsions de cet été l'avait rendu plus folle. Mon tattoo ou la moto. Je crois que ce sont les deux.
Je la regardais me faire une énième leçon de moral. Que je ne devais pas perdre de vue mon objectif, qu'il fallait que j'aie le bac cette année bla-bla-bla. Encore et toujours des leçons de vie. Je lui claque un baiser sur la joue quand ma sœur descend enfin.
– Je t'aime, maman. – Etann ! Tu m'as écouté au moins ?
Mais oui. Je t'écoute toujours. Je lui souris et lui adresse un signe de la main en quittant notre maison. Gigi sur mes talons, se met, elle aussi, à me faire la morale.
– Elle a raison maman. Ta moto c'est vraiment une bêtise suicidaire, lance ma sœur de 16 ans. – T'occupes. C'est ma moto, tu l'as dit toi-même. – Oui et elle est dangereuse ! T'imagines qu'elle te tue ? – Bah je mourais ? je dis en haussant un sourcil.
Elle avance d'un pas plus rapide vers l'arrêt de bus, sûrement agacée par tant de légèreté de ma part. Gigi, c'est ma mère aussi je crois. Toujours à s'inquiéter pour moi, à me dire « c'est bien, c'est pas bien » bla-bla-bla. Ça devrait être l'inverse en plus. C'est moi qui devrais être sur son dos à longueur de journée. Je suis son grand frère chéri. Mais j'ai rien d'un grand frère intrusif et dictateur comme on en trouve pas mal sur le marché, à lui dire quoi faire ou non. C'est sûrement pour ça qu'elle se permet de jouer les grandes dames.
Le bus arrive quelques minutes plus tard et il quitte petit à petit notre quartier. On habite un quartier résidentiel simple du 8 ème arrondissement de Lyon. C'est plutôt calme, avec son lot de petits secrets entre voisins et tout ce qui va avec.
Une dizaine de minutes plus tard, nous y sommes, alors nous marchons les quelques mètres qui nous séparent de la grille du lycée. Gigi m'abandonne d'ailleurs pour rejoindre ses copines, tandis que je monte au deuxième étage, là où a lieu mon cours de management. Devant la salle de cours se trouvaient les quelques camarades avec qui j'échangeais un mot ou deux dans la journée. Quand on est redoublant, on n'a pas vraiment d'amis dans la classe. Enfin ça dépend. Moi je reste juste avec eux parce que mes potes sont tous à l'université. Sinon en dehors des cours, c'est le néant.
Je vais m'installer à une place à côté de Kaïs en attendant que la prof arrive. Lui aussi il a redoublé. On n'était pas très copain avant, juste des connaissances. Mais on se soutient dans une galère commune, disons. Au fur et à mesure la classe se remplit. On est au mois de novembre, et pourtant je ne connais pas la moitié des personnes de ma classe. Tout ce que je veux moi, c'est mon bac de toute façon, et aller à l'université, pas faire ami-ami avec tout le monde. C'est déjà très frustrant pour moi d'avoir raté mon baccalauréat l'an dernier. Surtout quand je repense aux raisons qui entourent mon échec.
