Chapitre 2

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AMÉLIA

Mercredi 22 mai

— Alors comme ça tu as un rendez-vous avec mon ami Jake ? se réjouit Nina en passant sa tête par-dessus le panneau qui sépare nos bureaux.

Je lève les yeux au ciel en me calant sur ma chaise.

— Il m'a seulement proposé d'aller faire quelques commissions ensemble, ce n'est pas ce que j'appelle un rendez-vous.

— C'est un rendez-vous, affirme-t-elle.

— Si c'était un rendez-vous, j'aurais le trac.

Elle pousse un soupir en plaquant son front dans sa main.

— Ça, ça veut dire que tu l'as déjà mis dans ta friendzone, me reproche-t-elle en fronçant les sourcils.

— Je croyais qu'il était gai ! dis-je pour ma défense.

Nina de renfrogne.

— Pourquoi ? s'étonne-t-elle.

Nina m'a présenté Jake le week-end dernier, lorsque nous sommes sorties pour mon vingt-et-unième anniversaire. Il est gentil, et, tout comme moi, il était sorti pour s'amuser.

— J'en sais rien, dis-je en haussant les épaules. Peut-être parce qu'il a ignoré toutes les jolies filles qui l'ont approchées, ou bien parce qu'il semble prendre un peu trop soin de lui. Je suis persuadée qu'il possède plus de produits de beauté que moi.

— Désolée d'interrompre votre petit meeting personnel les filles, lance Cassandra en bloquant ses talons devant mon bureau, mais on est ici pour travailler je vous signale.

Cassandra est une bitch assumée. Elle a été embauchée quelques mois avant nous et elle n'a pas hésité à nous écraser pour se hisser au sommet. Tout le monde pense qu'elle a fait des faveurs au patron pour obtenir son poste de superviseure.

Son regard ambré se pose sur moi et me dévisage de la tête aux pieds. Ça y est, elle me juge. Qu'est-ce qu'elle a encore contre mon jeans ?

— Tiens, on a reçu ça pour toi, dit-elle en jetant une enveloppe sur mon bureau.

Une carte ? Le logo de Grant Buildings collé sur le rabat de l'enveloppe me coupe le souffle.

— Ouvre, qu'est-ce que t'attends ! s'impatiente Nina du haut du paravent.

Je me décide à l'ouvrir pour découvrir un mot de remerciement.

— Pourquoi il m'envoie ça ? dis-je en sentant mes joues rougir.

Cassandra m'arrache la carte des mains pour la lire à voix haute.

— Amélia, merci de m'avoir reçu. Tu es talentueuse et j'apprécie les efforts que tu as mise dans mon projet. Au plaisir de voir tes prochains dessins. Jonathan Grant.

Estomaquée, la mâchoire de Cassandra retombe. Elle laisse tomber la carte sur mon bureau, puis elle relève la tête en s'efforçant de garder un calme absolu.

— Wow ! T'as vu ça, Crass ! Il a pris le temps de remercier personnellement Amé, s'emballe Nina, qui profite de chaque occasion pour piquer sa jalousie.

Les bras croisés, Cassandra la fusille du regard avant de revenir se poser sur moi avec une once de mépris.

— Je le rencontre lundi prochain, reprend-elle en relevant son menton d'un air supérieur. Arrange-toi pour avoir terminé les modifications qu'il t'a demandé. Et ne te goures pas !

Elle me dévisage encore une fois de la tête aux pieds avant de se tourner sur ses talons et se réfugier dans son bureau.

— Quelle garce, souffle Nina.

— Ah, mais elle m'énerve à toujours me dévisager comme ça !

— Elle te juge.

Je grogne.

— Je sais bien qu'elle me juge, mais pourquoi elle s'acharne sur moi ?

— Sans doute parce qu'elle aimerait se farcir monsieur Grant et que, de toute évidence, ce mec s'intéresse plus aux talents de son assistante qu'à son cul.

J'éclate de rire.

— Ça m'embête de l'admettre, reprend-elle en faisant une moue, mais j'ai un point en commun avec Crass...

Je plisse les yeux, l'interrogeant du regard.

— Moi aussi j'aimerais bien qu'il veuille mon cul, lance-t-elle en laissant tomber sa tête en arrière.

— Tu m'écœures, dis-je en grimaçant. Ce type pourrait être ton père.

— Oh ! Faut que je te montre l'entrevue qu'il a donné hier soir !

Elle se précipite pour me rejoindre à mon bureau.

— Ça peut attendre, dis-je devant son soudain empressement. Cass va se faire un plaisir de venir nous emmerder.

Mais Nina s'en balance et elle s'empare de mon ordinateur pour se connecter à YouTube.

— Regarde ça, dit-elle en démarrant la vidéo, les yeux brillants devant l'image de monsieur Grant.

Je ne me pâme pas devant lui comme mon amie, mais je dois admettre qu'il produit un étrange effet d'attraction. D'autant plus qu'il paraît bien dans cette chemise blanche, sans veston. Il semble plus détendu, et le sourire qu'il adresse à la journaliste est chaleureux.

L'entrevue porte sur un projet auquel il tient à cœur : la création de logements communautaires.

Quelles différences vos appartements auront de ceux déjà offerts ? lui demande la journaliste en battant des cils.

Jonathan sourit.

Les logements bâtis par Grant Buildings offriront d'abord une construction de qualité garantie, répond-il avec une aisance que je jalouse. Nous voulons avant tout mettre un toit sur la tête de ces gens et leur procurer un environnement sain pour élever leurs familles.

Ce type est sûr de lui et démontre une grande confiance en ses idées charitables. Il élabore le sujet sur son projet de condos pour les personnes dans le besoin et sur son plan d'action pour éviter que les profiteurs du système s'approprient et saccagent ses appartements.

Les conditions légales sont encore en discussion, dit-il, mais nous mettrons les mesures en place pour faire bénéficier ceux pour qui ce service vraiment nécessaire et qui voudront s'investir dans cette communauté.

Sa voix profonde et détendue me donne des frissons et je rougis en jetant un coup d'œil vers Nina qui n'a rien remarqué. Elle est trop absorbée par le gros plan sur monsieur Grant.

— Mais qu'est-ce que vous faites ? lance Cassandra depuis la porte de son bureau.

— Viens voir, lui répond Nina.

— Pas question ! Ce n'est pas l'heure de la pause, alors magnez-vous de vous remettre au travail sinon j'avise le grand patron !

Bourrue, elle claque la porte de son bureau. Nina soupire en levant les yeux au ciel avant de se résigner à éteindre la vidéo.

— Tu finiras de la regarder, me conseille-t-elle. Ça vaut la peine.

J'acquiesce tandis qu'elle retourne à sa place. Loin de moi l'idée de terminer cette vidéo. Dès qu'elle est disparue derrière le paravent, je ferme la page et jette la carte dans mon bac de recyclage.  

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Un petit chapitre ici. Il s'allongera sans doute lors de la réécriture. Étant en mode "premier jet", j'oublie certainement d'importants détails pour implanter l'ambiance, les lieux, etc. N'hésitez pas à le souligner si des choses nuisent à votre lecture de l'histoire ! Cela me situera et je tâcherai de m'y attarder un peu plus au fil des chapitres de façon à vous offrir une meilleure expérience aux côtés d'Amélia :) 

Au plaisir de vous retrouver pour la suite ! 

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