Partie II

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Deux jours plus tard, flanqué de Mme Bibine et sous les yeux attentifs des professeurs et des élèves de Poudlard, Zerator présenta avec un enthousiasme non-dissimulé le premier défi que les participants aux Joutes Aériennes allaient devoir relever. La « chute libre ». L'annonce eut lieu dans la grande salle, où les curieux s'étaient rassemblés après les heures du dîner.

Comme il fallait faire simple, il compara l'épreuve à un limbo. Les participants, postés à cent mètres au-dessus du sol, allaient devoir se précipiter jusqu'au plus près du sol pour passer sous une barre horizontale qui serait descendue d'un demi-mètre après chaque nouveau passage. Pour ajouter un peu de dynamisme, seuls les joueurs les plus rapides, capables d'atteindre l'arrivée moins de trois secondes après le premier, passeraient au tour suivant.

L'épreuve s'attira des critiques positives et négatives : les couards qui la trouvaient trop dangereuse, les aventuriers qui avaient hâte de s'y essayer et les inconscients qui la pensaient facile. Zerator suivit de loin les premiers entraînements et vit les élèves motivés se mettre au travail avec un acharnement qui lui gonfla le cœur. Au départ, il fut difficile de repérer les groupes qui s'exerçaient pour la compétition, disséminés partout sur le grand terrain qui environnait Poudlard. Mais bien vite, quelques malins eurent l'idée d'aller s'entraîner au-dessus du lac, rendant les chutes beaucoup moins douloureuses et dangereuses. Leurs conditions s'améliorèrent encore lorsque quelques sixième et septième années se mirent à rendre populaire un sort de séchage rapide qui permit aux motivés de s'entraîner par tous les temps sans risquer de prendre froid.

Entre deux réunions d'organisation, Zerator se permettait d'aller faire un tour au lac, se glissant dans les groupes pour poser quelques questions, observer les prouesses des élèves et s'enthousiasmer avec eux.

Carl et Bren avaient également pris le pli de fuir leurs révisions pour venir passer un peu de temps à s'entraîner et à s'amuser. Entre les cours et les examens qui approchaient, ils se gardaient du temps pour filer au lac dès qu'ils en avaient l'occasion. Parfois seulement à deux, parfois rejoints par des membres de leur équipe de Quidditch, ils avaient rapidement atteint un niveau très respectable qui leur attirait des œillades admiratives de tous les côtés. Quelques audacieux s'osaient même à venir leur demander des conseils, chose qu'ils n'avaient pas le cœur de refuser. Tant qu'on les laissait tranquille suffisamment de temps pour qu'ils puissent se faire quelques piqués...

Zerator vint leur rendre visite plusieurs fois, et pour cause, ils avaient été jugés favoris par beaucoup d'autres compétiteurs potentiels. Parfois il ne faisait que passer pour les féliciter, d'autres fois il restait discuter un peu en profitant de l'une de leurs pauses. Une fois même, Carl le convainquit de grimper à bord de son balai pour lui faire expérimenter la chute libre extrême, à sa vitesse. Lui qui s'était senti ridicule de rougir en sentant Zerator l'enlacer pour se tenir à lui, il se trouva soulagé de découvrir qu'il avait réussi à lui flanquer une sacré frousse en l'emmenant avec lui. Zerator lui avait gentiment promis qu'il éviterait de remonter sur son balai à l'avenir avant de rapidement détourner l'attention générale sur Bren qui avait profité de leur absence pour s'entraîner à tenir debout avec un pied sur chaque balai.

Carl et Zerator ne s'étaient pas revus seul à seul depuis le dîner qu'ils avaient partagé. Cela ne les avait pas empêché de ne pas manquer une occasion de se taquiner, que ce soit durant l'une des visites de Zerator ou simplement lorsqu'ils se croisaient de loin. Le départ sombre de Carl n'avait pas semblé rembrunir Zerator, loin de là, et quelque part, le Gryffondor en était soulagé. Il avait la drôle d'impression d'avoir fait un bond en arrière, à l'époque où Zerator et lui étaient devenus amis et se couraient encore après. Et même s'il n'était pas certain de savoir l'issue qu'il souhaitait à tout ça, Carl appréciait pour l'instant la situation, heureux lorsqu'il sentait l'attention précieuse de Zerator sur lui, et déçu à chaque fois qu'il la perdait sans qu'ils ne se soient rapprochés davantage...

Myosotis et géraniumsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant