Moi : Chut, ça va aller !
Il commence à se calmer petit à petit. Je m'éloigne un peu de lui et m'assois à côté pour qu'on puisse prendre un peu l'air tous les deux.
Moi : Ce banc est vraiment apaisant.
Zouhair : Ouais, il est tout seul en haut de la colline, avec une vue incroyable.
Moi : Pourquoi vous avez choisi de vous installer ici ?
Zouhair : C'est une maison familiale. Mes arrière-grands-parents ont voulu vivre ici pour avoir du calme, loin de tout.
Moi : Et pourquoi pas à la campagne, au moins tu es entouré de gens, mais au calme ?
Zouhair : Non, ils voulaient vraiment être loin de tout le monde.
Moi : C'est un peu glauque quand même.
Zouhair : Tu trouves la maison glauque ?
Moi : Non, au contraire, elle est magnifique, mais c'est étrange de vivre aussi loin de la population.
Zouhair : Je ne trouve pas, au contraire, c'est très apaisant.
Moi : Mais tu as déjà vécu en ville ?
Zouhair : Avant de te connaître, on vivait dans une maison en ville. Ce n'était pas si mal, mais quand j'ai commencé l'école primaire, l'harcèlement a commencé.
Il prend une grande inspiration avant de reprendre.
Zouhair : Quand je rentrais chez moi, je me sentais enfin un peu plus serein. Mais le problème, c'est que mon principal harceleur habitait juste en face de chez moi, et son complice pas très loin. Du coup, l'harcèlement a continué, même à la maison, avec des insultes, des menaces, et j'en passe. Mes parents ont tenté d'en parler aux deux familles pour essayer d'arranger les choses, mais au lieu de comprendre, elles ont pris le parti des enfants. Alors mes parents ont porté plainte, et contre toute attente, on a gagné. Mais les parents ont mal pris ça et ont commencé à harceler mes parents, envoyant des lettres menaçantes et répandant des rumeurs sur nous. Mais ça ne s'arrêtait pas là. Heureusement, mon père n'a pas laissé faire, il a répondu fermement et a dû prendre des mesures pour que tout ça cesse. Après un moment, ils ont cessé, mais ils ont trouvé une autre manière de nous attaquer directement.
Moi : (choquée) Donc, deux familles sont impliquées dans cette histoire. Comment des parents peuvent ils accepter une telle attitude ? Et qu'est-ce qu'ils ont fait exactement ?
Zouhair : L'un des deux harceleurs ne vivait pas avec ses parents, il vivait avec son oncle et sa tante. Mais ce n'est même pas ça le pire, parce qu'on va dire qu'il était un participant sans vraiment trop participer. Par contre, mon principal harceleur, lui, c'était vraiment le pire, avec sa famille qui ne disait absolument rien. Ils ont toujours pris sa défense, peu importe ce qui se passait.
Moi : Pire ?
Zouhair : Je ne t'en ai jamais parlé, parce que c'était une période vraiment très difficile pour moi. Un jour, j'allais à l'école, comme toujours, avec cette boule au ventre. Je sentais que ce jour-là, ça allait être pire que les autres, comme si j'avais un mauvais pressentiment. Je... enfin... lui... eux...
Il commence à bégayer, comme si les blessures du passé remontaient à la surface. Je ne veux pas le forcer à parler, je pense qu'il doit le faire quand il se sent prêt. Je décide donc de poser ma main sur la sienne pour le rassurer.
Moi : Si tu n'arrives pas à en parler maintenant, ce n'est pas grave, on en reparlera une autre fois.
Il hoche la tête, me répondant sans un mot, puis se met à regarder droit devant lui. Il a clairement besoin qu'on change de sujet, alors je décide de proposer autre chose, ou plutôt de rentrer à la maison.
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