Chapitre 6 - Le déjeuner d'aristocrates

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Décidément la demi-elfe avait un mal fou à choisir ses vêtements. Sorrento lui conseilla la robe longue, rouge à manches courtes. Il entoura sa taille par une ceinture dorée. Il lui proposa également un collier et des boucles d'oreilles.

« Bah ? d'où tiens-tu cette parure ?

- C'était celle de ma mère. Elle est assez simple mais elle ira très bien avec ta robe.

La jeune femme fut soulagée par cette réponse. Cela l'aurait ennuyée qu'il fasse un nouvel achat spécialement pour elle. Dommage qu'elle n'ait plus son pendentif.

- Je vais ressembler au sapin que certains mettent lors de la fête de l'hiver.

- Tu as de la chance. Tu n'as pas besoin d'avoir les oreilles percées pour les boucles.

- Tu es bien gentil mais je ne peux pas porter la parure de ta mère. Ce n'est pas à moi.

- Elle me l'a donné dans le but de la remettre à ma future femme. Je te la prête pour le déjeuner.

- Bon, si c'est juste un emprunt, d'accord.

Elle mit les boucles d'oreilles tandis qu'il se tortillait afin de pouvoir la parer du collier.

- Arrête de bouger, je n'arrive pas à te le mettre.

- Oh ! mais j'étais déjà en train d'accrocher les boucles.

- Reste tranquille quelques secondes, je n'en ai pas pour longtemps. Enliana prit sur elle afin de bouger le moins possible. Il referma le fermoir. Voilà, tu vois ce n'était pas si terrible.

- Merci. Je peux mettre les boucles maintenant ? »

Pas le temps de contempler la demoiselle, ils devaient repartir à la salle à manger pour accueillir les invités. Les regards étaient tout aussi insupportables pour Enliana. Le charme des elfes, parfois elle maudissait ce don ! Ou peut-être est-ce elle qui ne savait pas le contrôler ? Sa mère avait-elle déjà eu ce genre de problème ? Aux enfers c'étaient les cris qu'elle ne supportait pas. Y aura-t-il un moment où elle se sentira enfin à l'aise ? La sérénité l'avait quittée depuis trop longtemps à son goût. Elle espérait tellement passer inaperçue lors du diner, qu'on ne lui pose pas de questions, qu'on ne s'adresse même pas à elle. Sorrento rouvrit la porte de la salle à manger. Ils entrèrent et patientèrent à l'intérieur. Le majordome ne bougeait plus. Il ne fallait pas compter sur Enliana pour rester planter là à attendre que le temps passe. Elle balaya la pièce du regard et un objet sphérique sur un support en bois retint son attention. Elle s'en approcha curieusement et posa les doigts dessus.

« Prends garde à ne pas le casser.

- C'est quoi ce truc ? C'est votre monde ?

Il s'approcha d'elle, craignant une éventuelle catastrophe.

- C'est un globe terrestre. Oui c'est une vision de notre monde, une carte.

- Oui j'avais remarqué, merci. On est où nous ?

Il lui montra un point sur la mer entre la Grèce et l'Italie.

- Nous sommes ici.

- Votre monde a l'air tellement grand. Il serait facile de s'y perdre.

- Tu comprends pourquoi je ne veux pas que tu partes toute seule ? »

Elle n'eut pas le temps de répondre, des gens entrèrent dans la pièce. Ce n'était pas encore les invités, juste des membres du personnel venus pour assurer le bon déroulement du repas. Ceux-ci furent surpris de voir la jeune femme déjà présente. D'ordinaire les convives arrivent en même temps que Monsieur Solo. Soit. Le personnel se plaça autour de la table et se tint prêt. Quelques minutes plus tard, Julian arriva avec ses hôtes. Chacun s'installa à une place, aidé par un serviteur. Sorrento poussa la chaise d'Enliana de façon très galante et s'assit à sa gauche, près de Julian. Qui étaient ces gens ? Pourquoi les regards étaient rivés sur elle une nouvelle fois ? Malgré son chignon bien soigné, voyait-on encore ses oreilles pointues ? Pourquoi Julian l'avait-il invité ? Elle aurait préféré manger ailleurs, loin de ces gens de l'aristocratie. Le jeune propriétaire fit les présentations. Enliana les salua discrètement. Assis en face d'elle, un homme aux longs cheveux blonds, de carrure moyenne et vêtu d'un costume gris la dévisageait. Il s'appelait Thadeus. Chaque fois que la demi-elfe regardait en face d'elle, elle pouvait être certaine de croiser ses yeux bleus. Il y avait un autre homme à côté de lui à sa gauche, cheveux courts et châtains avec aussi des yeux bleus. Celui-là s'appelait Nereus. Il portait un costume vert qui lui allait plutôt bien. Et ce qui ravit Enliana c'est qu'il ne passait pas son temps à la fixer. Non, il n'y avait que Thadeus qui l'ennuyait vraiment. Le personnel amena les entrées dans de belles assiettes blanches en porcelaine : feuilletés aux épinards et à la feta. Enliana coupa complètement le sien avant de l'avaler.

Le remède d'Enliana - TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant