On a parlé dans la radio

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Ce matin, en classe, la maîtresse nous a dit:

« Mes enfants, j'ai une grande nouvelle à vous annoncer: dans le cadre d'une grande enquête menée parmi les enfants des écoles, des reporters de la radio vont venir vous interviewer. »

Nous, on n'a rien dit parce qu'on n'a pas compris, sauf Agnan; mais lui, ce n'est pas malin, parce qu'il est le chouchou de la maîtresse et le premier de la classe. Alors, la maîtresse nous a expliqué que des messieurs de la radio viendraient nous poser des questions, qu'ils faisaient ça dans toutes les écoles de la ville, et qu'aujourd'hui c'était notre tour.

- Et je compte sur vous pour être sages et pour parler d'une façon intelligente, a dit la maîtresse.

Nous, ça nous a énervés comme tout de savoir qu'on allait parler à la radio, et la maîtresse a dû taper avec sa règle sur son bureau plusieurs fois pour pouvoir continuer à nous faire la leçon de grammaire. Et puis, la porte de la classe s'est ouverte, et le directeur est entré avec deux messieurs, dont l'un portait une valise.

- Debout! a dit la maîtresse.

- Assis ! a dit le directeur. Mes enfants, c'est un grand honneur pour notre école de recevoir la visite de la radio, qui, par la magie des ondes, et grâce au génie de Marconi, répercutera vos paroles dans des milliers de foyers. Je suis sûr que vous serez sensibles à cet honneur, et que vous serez habités par un sentiment de responsabilité. Autrement, je vous préviens, je punirai les fantaisistes! Monsieur, ici, vous expliquera ce qu'il attend de vous.

Alors, un des messieurs nous a dit qu'il allait nous poser des questions sur les choses que nous aimions faire, sur ce que nous lisions et sur ce que nous apprenions à l'école. Et puis, il a pris un appareil dans sa main et il a dit:

«Ceci est un micro. Vous parlerez là-dedans, bien distinctement, sans avoir peur; et ce soir, à huit heures précises, vous pourrez vous écouter, car tout ceci est enregistré. »

Et puis le monsieur s'est tourné vers l'autre monsieur qui avait ouvert sa valise sur le bureau de la maîtresse, et dans la valise il y avait des appareils, et qui avait mis sur ses oreilles des machins pour écouter. Comme les pilotes dans un film que j'ai vu; mais la radio ne marchait pas, et comme c'était plein de brouillard, ils n'arrivaient plus à retrouver la ville où ils devaient aller, et ils tombaient dans l'eau, et c'était un film vraiment très chouette. Et le premier monsieur a dit à celui qui avait les choses sur les oreilles :

- On peut y aller, Pierrot?

- Ouais, a dit M. Pierrot, fais-moi un essai de voix.

- Un, deux, trois, quatre, cinq; ça va? a demandé l'autre monsieur.

- C'est parti, mon Kiki, a répondu M. Pierrot.

- Bon, a dit M. Kiki, alors, qui veut parler en premier?

- Moi ! Moi ! Moi! nous avons tous crié.

M. Kiki s'est mis à rire et il a dit:

« Je vois que nous avons beaucoup de candidats; alors je vais demander à mademoiselle de me désigner l'un d'entre vous. »

Et la maîtresse, bien sûr, elle a dit qu'il fallait interroger Agnan, parce que c'était le premier de la classe. C'est toujours la même chose avec ce chouchou, c'est vrai, quoi, à la fin.

Agnan est allé vers M. Kiki, et M. Kiki lui a mis le micro devant sa figure, et elle était toute blanche, la figure d'Agnan.

- Bien, veux-tu me dire ton nom, mon petit? a demandé M. Kiki.

Le petit Nicolas et les copains (Nhóc Nicolas và các bạn)Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ