Adieu mon dragon...

Chapitre 0

D'un pas lourd, sûr, un homme, caché par un chapeau fait de paille, marche à travers les chemins de terre du Japon. Il voyage depuis si longtemps et pourtant, jamais la fatigue ne frappe à sa porte. Sa prestance l'empêche d'être abordé sans qu'il n'y ait une bonne raison. Pourtant, la bourse n'est pas lourde, bien assez pour vivre en ermite comme il fait, mais jamais assez pour vivre une vie tranquille, à pêcher près des rivières...
Et puis, il ne pourrait même pas avoir ce genre de vie, sa tête est mise à prix.

Dans ses vêtements rouge et noir au dragon brodé dans le dos, le samouraï est à la fois facilement reconnu et pourtant, si facilement oublié. Outre son vêtement et sa fidèle lame, son visage n'est quasi jamais vu. Ils se content du minimum pour parler. Parler... Cela fait bien longtemps qu'il n'a pas adressé une réelle conversation avec une personne humaine... Autre que "Décliner votre identité ou gare au dragon."

Doucement, le soleil descend, partant au pays des songes, laissant la place à sa meilleure amie blanche... Au loin, il voit un petit village, probablement un lieu d'escale. Bien. Ici sera sa résidence pour la nuit.

L'ambiance est changeante dans le village, passant du calme de la nature à l'animation des petits villages. Il est assez fréquenté, c'est bien une escale pour tous les voyageurs...

- Monsieur, monsieur ! Ah, je vous vois, je sens que vous êtes joueur ! Une petite partie ?

Le dragon regarde à peine, du coin de l'œil, le joueur à la sauvette qui appelle les gens passant dans la rue. Il se contente d'aller près d'une petite vendeuse de brochette.

- Bonsoir monsieur ! Une petite brochette ?

Il ne fait qu'un oui de la tête et dépose le compte dans la main de la vendeuse une fois la nourriture cuite.
Marchant toujours en mangeant, il regarde un peu la population et sur le pont, au loin, il voit une demoiselle pleurant, un parapluie à sa main... Tiens, il pleut...
La miss retire ses chaussures, ferme son parapluie, le regard plongé dans le courant rapide de la rivière. Elle grimpe sur le rempart, assise sur le bois, ses larmes disparaissent un court moment avec un simple passage de son avant-bras.

Alors qu'elle s'avance, le samouraï lui attrape le poignet, ce qui fait immédiatement tourner la tête de la demoiselle.

- Que faite vous ?

- J'empêche un drame.

- Laissez moi... Je n'ai plus rien... Je veux en finir...

- De bien tristes paroles pour une demoiselle si jeune

La demoiselle baisse la tête, laissant ses couettes glisser de ses épaules. Lui, ne la lâche pas son poignet et doucement, il la laisse se tourner sur elle-même, attrapant son deuxième poignet et finalement, elle atterrie devant lui, trempé.

Le dragon s'abaisse pour ramasser le parapluie qu'il ouvre et protège la belle. Elle renifle un peu en essayant de croiser le regard de son sauveur, caché derrière son chapeau et quelques mèches de cheveux.

- Vous allez attraper froid.

- Pourquoi avoir fait ça... Que me voulez-vous ?

- Rien. Seulement votre prénom.

- Moi... ? Marinette...

- Eh bien, Marinette, rentrez bien.

Il laisse le parapluie dans les mains de la demoiselle et commence à partir. Mais avant le premier pas, Marinette le prend dans ses bras, cachant sa tête dans son vêtement.

- Et... Et vous ?

- ... Appelez moi Ryuko...