Cedric

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Dans l'ordre naturel des choses, ce ne devrait pas être l'inverse ? Les parents voient leurs enfants grandir et les enfants finissent par voir leurs parents s'éteindre ? Non ? Ce n'est pas l'ordre habituel et naturel ? Si ? Alors pourquoi ? Pourquoi c'était lui qui avait tenu le corps tout raide de son enfant ? Alors qu'il était le parent ? C'était inexplicable, il n'y avait aucune excuses valables. Parce qu'on ne pouvait pas assister naturellement à la mort de son enfant ! N'est-ce pas ?

Il s'était déjà imaginé, en lisant les journaux ou en entendant des ragots, la douleur d'un parent à la perte de son enfant, mais jamais, non jamais, il n'avait imaginé une telle douleur. C'était de ces douleurs qui vous déchirent le cœur en mille morceaux, ces douleurs qui semblent être un poids de cent kilos appuyés à un endroit de votre poitrine, ces douleurs qui ne s'effaceront et ne s'oublieront jamais. Parce qu'on ne peut naturellement pas oublier son enfant.

Il n'y avait que lui dans sa vie, il vivait littéralement pour son fils. Et maintenant, il n'était plus là. Pourtant c'était lui qui aurait du partir en premier. Pas lui. Il ne savait pas si un jour il surmonterait ça, il se ferait à l'idée. Mais peut-on juste se faire à l'idée que notre enfant n'est plus ?

Petit, son fils était un ange, toujours gentil, discret à souhait, mais débordant de vie et de joie. Plus grand, il était devenu un adolescent fort, grand, beau. Adulte, il aurait pu devenir auror, directeur d'un quelconque département du ministère, qu'importe... De toute façon, il ne verrait jamais ça. Il ne verrait jamais son fils trouver un emploi, le lui annoncer le sourire aux lèvres autour d'un bon dîner comme ils en partageaient tous les deux. Il ne lui restait plus qu'à imaginer ce que serait devenu son garçon. Et ça lui fendait le cœur.

Il avait déjà essayé d'imaginer ce que l'on peut ressentir en lisant un article dans la gazette. Mais jamais il n'avait réussi à se le représenter en vrai. Et maintenant que ça lui arrivait, il voulait juste que ça s'arrête, il ne souhaitait que ça. Que cette douleur qui lui compressait le cœur, lui bloquait la gorge et faisait monter les larmes à ses yeux cesse une bonne fois pour toute. Son seul souhait. Mais il ne serait pas exaucé, n'est-ce pas ? Parce que sinon, il ne lui aurait jamais été arraché si brutalement, à dix-sept ans. Personne ne méritait ça. Et aucun d'eux deux ne le méritait non plus. Il ne lui restait qu'à pleurer en attendant.

Parce qu'alors il le reverrait son Cedric.

On se reverra...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant