29 ans et 180 jours depuis l'extinction :
Je suis seul, au milieu de ces vastes plaines arides qui s'éloignent à l'horizon, masqué d'une brume épaisse qui garde en elle le mystère que la vallée renferme. Le sol de la planète est recouvert d'une couche de neige épaisse d'une centaine de mètres, et les geysers des montagnes ne cessent de déverser cette pluie éternelle de flocons qui, selon les détecteurs de la base, n'a jamais cessé depuis 100 millions d'années. Température extérieure : -170°C en surface. Pas de vie humaine possible dans ce milieu aride, pas de vie humaine comme dans tout ce vaste univers qui peut être merveilleux, comme effrayant à la fois.
J'ai peur. La solitude me ronge, l'angoisse de n'avoir plus aucuns souvenirs de mon ancienne vie me terrifie. Je suis si seul dans cette espace vide que j'affronte chaque jour à bord de mon vaisseau, traversant des galaxies, des systèmes, à la recherche d'une planète capable d'abriter la vie, une planète qui pourrait faire perdurer l'espèce humaine depuis la grande extinction. La grande extinction... et dire que je ne me souviens plus de rien. Ais-je eu une vie avant tout cela ? Ou suis-je simplement un robot envoyé par l'humanité pour tous nous sauver ? J'aimerais avoir des réponses à toutes ces questions, connaître ce qui est arrivé il y a 30 ans. Connaître l'identité de cette fille qui hante mes rêves la nuit, quand je m'endors au milieu de nouvelles planètes qui me font si peur. Au loin le soleil disparaît dans les plaines. La dernière lueur de chaleur s'efface, laissant place à l'obscurité.
Ils m'ont dit que j'étais le dernier, le dernier homme en vie, le seul qui pourrait tous nous sauver de la disparition de notre existence, le seul qui pourrait faire perdurer la vie humaine. Voilà tout ce qu'il reste de ma mémoire, mais une seule et unique phrase a marqué à tout jamais mon esprit : ils m'ont dit que j'étais je dernier voyageur.
29 ans et 330 jours depuis l'extinction :
Encore un cauchemar. La nuit, l'obscurité, le paysage sombre qui se déploie depuis le hublot de mon vaisseau chaque fois que mes yeux divaguent vers le lointain inconnu. Le sentiment d'être perdu et seule à la dérive dans un univers plein de mystères, prolifère en moi tel un poison qui m'empêche d'avancer. Qui suis-je ? Que s'est-il réellement passé ce jour-là ? Suis-je réellement le seul être en vie dans cet univers ?
De longs cheveux bruns, une douce odeur de cannelle, du rouge à lèvre couleur bordeau, et de beaux yeux bleus comme la mer dans lesquels on pourrait se perdre, quand une brise se lève, sur la plage un soir d'été. Un visage, qui apparaît dans mes songes. Des sensations, celle du vent dans mes cheveux, et cette odeur de parfum mélangé à celui de l'air océanique bercé par le son de la houle qui vient immerger la rive. Est-ce un souvenir ? Si c'en est un je souhaiterais un jour pouvoir le revivre.
Elle devait être si belle la vie sur la terre. Comment a-t-elle pu devenir ainsi ? Je pourrai parcourir tout l'univers pour sauver ce qu'il reste d'humain, je pourrai vivre des millions d'années encore pour accomplir la tâche qu'il m'a été imposé, mais en fin de compte, je doute de trouver un jour une planète comme celle que devait être la nôtre...
La nuit je peine à dormir. Je revois sans cesse ces visages, dans la voûte céleste de l'infini, des gens que je connaissais sans nul doute, il y a des décennies plus tôt. Je revois des paysages, des images. Une maison effleurée par le sable et le sel marin.
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Le dernier voyageur
Ciencia FicciónIls m'ont dit que j'étais le dernier, le dernier homme en vie, le seul qui pourrait tous nous sauver de la disparition de notre existence, le seul qui pourrait faire perdurer la vie humaine. Voilà tout ce qu'il reste de ma mémoire, mais une seule et...