INDÉSIRABLE

Où est-elle ?

La chaleur du désert est fracassante. Pourtant, il est tôt, six heures du matin, estima Savannah, avant de rembarrer son bordel dans ses sacoches pour prendre le départ. En route pour la ville, sur le dos d'Émir, la jeune femme lit le dernier ouvrage qu'elle s'est offert à Coppolo, petite ville où elle a livré un paquet, il y a trois jours environ.

Effectivement, son métier de voyageuse lui permettait de sillonner le pays tout au long de l'année. Depuis, son plus jeune âge, Savannah était habituée à passé le plus claire de son temps sur le dos d'un cheval sur les routes. Pas qu'elle y serait née, mais presque.

Ses cheveux tombant sur son front empiétaient sur son champ de vision. Elle se promit de tresser sa chevelure bouclée et rebelle, cette fois, avant de reprendre la route pour un nouveau colis.

Elle n'aurait aucune excuse puisque Winnie l'avait invité à la maison, ce soir, pour savourer une délicieuse entrecôte dont le goût n'égalait les autres mets que Savannah avait pu manger. Surtout en ce qui concernait la cuisine de son père qui était loin d'être fameuse.

La sueur s'accumulant sur sa peau, la jeune femme s'impatientait, tout de même, de retrouver l'agglomération. Elle se rendait dans la ville D'Eiri où elle pourrait se reposer, d'autant plus que c'était là que s'établissait sa demeure.

Après trois semaines éloignée de sa familiarité, elle devait avouer que certaines choses l'avaient manqué. Et l'hospitalité de cette petite ville l'encourageait à ne jamais s'en séparer trop longtemps.

Mais en définitive ce qui lui manquait le plus c'était son père, Nick.

Parti, il y a quatre ans pour des raisons inconnues à Savannah, il la tenait au courant de ces derniers mouvements, par le biais de lettres. La jeune fille les gardait précieusement et se réjouissait sans exception de lire les nouvelles aventures de son père.

Elle avait une petite idée de ce qui l'avait poussé au départ. Nick avait un don pour s'attirait des ennuies avec un type d'importance parfois s'avérant assez dangereuse. Connaissant pratiquement la partition de toutes ses aventures, Savannah avait présumé la menace d'ennemis plutôt pesants sûr lui.

Toutefois, après ces longues années, elle se demandait pourquoi, il n'était pas passé une fois pour ne serait-ce la revoir une unique  journée.

Il répétait dans ses lettres combien elle était plus en sécurité loin de lui, ce qu'elle ne comprenait pas toujours. Qu'est-ce qui rendait la présence de son père si périlleuse ? Elle qui se sentait davantage protégée avec lui que sans lui. Cette seule pensée lui déchira le coeur. En revanche, elle ne remit en doute les paroles de son père une seule fois et appliquait ses recommandations avec rigueur.

Remuant sa bride, Emir attira l'attention de sa cavalière droit devant. Celui-ci l'avertissait de leur arriver à destination. Un petit sourire se grava sur le visage caramel de la jeune femme ne pouvant cacher sa joie en apercevant ce paysage.

- En avant, ordonna-t-elle à son cheval qui immédiatement altéra son allure pour aller au galop.

Le vend fouetta son visage. Une imminente immersion de liberté se répandit en elle. Qui serait enclin à la stopper, à présent ? Accompagnant le mouvement d'élégance de son cheval, leur être s'unissait pour ne devenir qu'un.

Ils traversèrent l'entrée D'Eiri indiqué par un minuscule panneau de bois tangent, sans prendre la peine de ralentir. Savannah voulait retrouver au plus vite sa maison et la douce atmosphère qui s'y dégageait.

Passant par le centre-ville, en arrachant des cris de protestation contre la fougueuse et dangereuse jeunesse, la brune n'y prêta guère attention. C'était leur façon aux habitants de lui souhaiter la bienvenue.