PETER

Peter attend encore jusqu'à minuit, pour être sûr que tout le monde dorme. "FRIDAY ?" demande-t-il timidement. "Oui Peter ?" réagit l'intelligence artificielle. "Peux-tu ne pas informer Mr Stark que je sors ? J'ai besoin de prendre l'air." ment-il en regardant le plafond.

"Cela m'est possible, en effet. Mais êtes-vous sûr que c'est une bonne idée ?"

C'est une question qu'il ne s'était pas posé. Il n'en est pas sûr. Mais il doit partir du complexe, avant que ce soit les autres qui le chassent. Ce dont il est sûr, c'est que jamais il ne pourra revenir dans l'équipe, et même si c'était le cas, il sait qu'ils le jugeraient.

Tu es un tueur, tu te rappelles ? Déjà 4 morts au compteur. Qui sera le prochain ? lui chuchote une voix, blessante car elle dit la vérité.

Ce dont il est sûr, c'est qu'il veut en finir. Partir de cette existence qui n'apporte que du malheur à lui et à ceux qui l'entoure. Rien ni personne ne le retient.

May ? Il a tué sa famille, et elle le sait.

Ned ? Il traine avec lui par pitié.

MJ ? Elle ne l'aime pas. Comment pourrait-t'elle ?

Mr Stark ? Pour lui, il n'est qu'un élément gênant.

"Juste, fais-le." "Bien Peter."

Il se glisse hors de la chambre par la fenêtre et marche jusqu'au lac sous une pluie battante. Comme souvent, ses pensées noires le contrôlent plus que l'inverse, il n'a qu'à moitié conscience de ce qu'il fait. Il se contente de laisser ses jambes l'amener vers le ponton au-dessus de l'eau. Puis il s'assoit et observe à la surface ce visage qu'il déteste. Comme il déteste tout en lui.

Ce soir il quitte la seule chose qui donnait du sens à sa vie. Il jette un coup d'œil au QG, cet endroit, qui avant était comme une maison. Avant que ses démons ne ressurgissent et lui montrent qu'il ne mérite pas d'y être. Les autres ne voulaient pas de lui avec eux, leur prétexte étant son âge. Demain, ça aurait été le meurtre qu'il a commis.

Ils ne t'aiment pas, ne t'ont jamais aimé. Tu sèmes la mort partout où tu vas. La seule chose que tu peux faire de bien maintenant est de ne plus te mettre dans le chemin de personne.

C'est la voix sombre qui a raison, même si elle fait mal. Tant de gens sont morts par sa faute qu'aller les rejoindre est le seul moyen pour qu'il arrête de faire d'autres victimes.

Il regarde ses avants-bras striés de coupures. Certaines ont déjà cicatrisé, d'autres restent rouge vif. Un moyen comme un autre d'avoir mal ailleurs qu'au cœur. Des larmes lui viennent aux yeux mais il les essuie. Il espère revoir ses parents et son oncle Ben, même s'il sait qu'il n'en est pas digne. Au moins il ne mettra plus en danger ceux qui comptaient pour lui, ce sera déjà ça de problème en moins pour tout le monde.

La pluie le trempe jusqu'aux os et rentre dans son esprit. Lentement il se relève et jette un dernier regard vers la base. Ç'a l'air si paisible... il ne veut plus gâcher ce tableau. Ce soir il arrête d'être le fardeau qu'il a été pendant 16 ans.

Peter va chercher dans un buisson ce qu'il a préparé. Il sort la corde du sac, l'enroule autour du rocher et traine tout cela sur le ponton glissant. Ses os protestent, lui disent d'arrêter mais il continue, pour une fois que sa force est utile. Il arrive jusqu'à l'eau et fait un nœud autour de sa cheville avec la corde. Il est prêt.

Une seule larme coule sur sa joue. "Adieu." dit-il avant de pousser la pierre dans le lac et de tomber.

L'eau glacée le transperce plus efficacement qu'un poignard. Le froid agit comme des milliers de lames de rasoir, attaquant sa peau, ses chairs, partout. La pression appuyant sur sa poitrine fait sortir l'air de ses poumons. Peter voit la lumière de la lune s'éloigner alors que le rocher l'entraine vers le fond du lac. Son spider-sens hurle et lui cause un violent mal de tête. Il essaye instinctivement de respirer mais c'est de l'eau qui rentre au lieu de l'oxygène. Ses membres sont plus lourds que jamais, il ne penserait pas que cela fasse si mal...

La pierre coule dans les profondeurs et s'arrête quand elle rencontre le fond. Les poumons de Peter le brûlent, tout son corps lui crie d'essayer de remonter mais cela ne servirait à rien, il est en apnée depuis trop longtemps pour avoir ne serait-ce qu'une chance de réanimer son cœur et de respirer... Son corps est inondé de toutes parts, le manque d'air le fait suffoquer. Il ne peut pas crier, il ne peut que se demander s'il va bientôt mourir.

Il voit sa dernière bulle d'oxygène sortir de sa bouche et rejoindre les précédentes. L'eau est maintenant partout dans son organisme, ayant envahi chaque parcelle de son corps. Il la sent lui broyer la trachée, alors il se tient la gorge pour essayer de faire partir la pression, mais il est étranglé de l'intérieur et la surface est bien trop loin pour qu'il puisse l'atteindre et inspirer l'air du dehors. Et la corde qui l'attache au rocher empêche toute tentative de fuite.

Sa vision se trouble de plus en plus. Même la lumière blanche qu'il commence à voir est assombrie par son système visuel défaillant. Soudain son spider-sens arrête de s'alarmer, il n'y a plus que du silence.

'Alors c'est comme ça quand on meurt.' a-t-il comme dernière pensée avant de sombrer dans l'inconscience.

Je te tiendraiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant