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« C'est pas possible tu te fous de ma gueule ! »

Ses mots m'ont poignardé le milieu du crâne, forçant mes yeux à s'ouvrir. J'avais l'impression d'être dehors depuis des heures. J'étais à l'arrière d'une voiture, mais c'était la seule chose dont je pouvais vaguement me rappeler. Je touchai mon front qui vibrait, et comme si je l'avais peint en rouge, du rouge en dégoulinait. Un coup d'œil par la fenêtre me ramena à la gravité de la situation. Des hordes de gens zigzaguaient à travers les voies embouteillées par des voitures klaxonantes, ils tenaient tous des sacs, certains portaient des masques chirurgicaux. La plupart d'entre eux étaient jeunes. Austin était en train de conduire, quand Riley s'assit nerveusement dans le siège passager. Elle semblait s'être trouvée dans la même peinture que la mienne.

« Sortons de la voiture et marchons. Ça ne mène à rien ! » plaidait-elle

« Ta gueule. Tu penses que je suis retardé ? Je t'ai dit 300 fois ; au point où on en est ça prendrait autant de temps à marcher avec ces gens là-bas ! Je n'abandonne pas la voiture. »

Mon crâne se fendait à chaque mot qu'ils criaient.

« Austin, on a moins d'un réservoir ! Cette voiture ne va pas nous aider ! Nous devons aller à cet entrepôt et trouver les autres ! »

Ça y est, maintenant je me rappelais. Ce qui a commencé il y a près de 2 ans présenté comme une puissante grippe balayant les états, était maintenant devenu une réelle épidémie. La propagation s'était apparemment arrêtée l'année dernière, mais les dernières nouvelles venant d'un journaliste télé paniqué annonçaient « une épidémie meurtrière qui va marquer l'histoire. » Nos villes étaient maintenant infectées par une obscure peste qui avait déjà tué des milliers de personnes, majoritairement des adultes. La rumeur disait que les cellules les plus âgées et les plus faibles étaient les plus visées par le virus. La rumeur s'est ensuite confirmée comme un fait réel. Mes parents étaient maintenant tous les deux morts, et les amis restants que je réussissais à contacter étaient la seule chose qu'il nous restait. Ils nous attendaient.

Tout me semblait embrumé. Me donner pour objectif de trouver les visages familiers était la seule chose qui me faisait avancer. Combien de fois ai-je vu un film comme ça ? Combien de fois les livres et le cinéma avaient représenté cette effrayante vision de la fin du monde ? C'est ce que nous vivions.

« Sortons de la voiture, » je réussis à dire.

Ils m'ont tous les deux regardé, Riley préoccupée, Austin irrité.

« Bien, vous voulez tous les deux marcher ? Sortez de cette putain de voiture ! »

« Austin, on n'essaye pas de te laisser, mais on n'a pas d'autre solution ! » Lui cria Riley.

Il n'a rien dit. J'ai su qu'il venait de réaliser que si nous le laissions, il serait seul. J'ouvris la portière brusquement, sortant de ce qui était devenu notre cocon. Il y avait tellement de bruit, mon crâne se fendait encore plus fort. Je commençais à marcher. Je n'avais aucune idée d'où j'allais, je suivais simplement les autres gens. C'est ce que la plupart des gens semblaient faire en marchant dans n'importe quelle direction. Ce ne fut pas long avant que Riley m'appelle.

« Tye ! S'il te plait attend ! »

Je regardai en arrière. Elle courait depuis la voiture avec son smartphone cassé dans la main.

« Ne me laisse pas avec lui... »

« Donne lui 5 minutes. Nous allons marcher lentement et il nous suivra. »

« Honnêtement je n'en ai rien à foutre de ce qu'il peut lui arriver au point où on en est. »

« Ne dis pas ça. C'est un connard, mais tu ne voudrais pas être avec quelqu'un que tu connais vu la situation ? »

BEDLAM (fr.)Where stories live. Discover now