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Le soleil n'était pas de notre côté. Cela faisait des heures que nous n'avions pas bu, et l'hydratation qu'il nous restait dégoulinait sur notre peau. On avait l'impression de marcher depuis des jours. Il n'y avait toujours aucun signe de vie, mais au moins nous n'avions vu aucun mort non plus. Je m'habituais presque au silence inquiétant du monde. Tout était vide. Une chose encore plus étrange était le refus de mon cerveau d'accepter cette nouvelle réalité. J'étais convaincu que je vivais le pire cauchemar de ma vie – si horrible que je pouvais sentir la peine et le sang, la faim et les pleurs.

Austin avait ramassé un club de golf errant, qu'il utilisait de manière agaçante. Il brisait les vitres de chaque voiture de luxe que nous rencontrions. J'avais compté trois Cadillac, une Porsche, une Corvette, et environ huit Mercedesdécapotables avant que j'essaie d'expliquer que le bruit allait attirer l'attention, mais bien sûr, il ne m'écoutait pas. Je n'avais pas l'énergie. Il se défoulait mais au moins il le faisait sur les voitures et non sur nous.

Il y avait toujours eu une tension électrique entre Austin et moi depuis la troisième et j'étais persuadé que cela était dû à ses sentiments qu'il n'osait pas admettre envers Riley. Bien que Riley soit séduisante et beaucoup convoitée au lycée, elle semblait avoir jeté son dévolu sur moi. On s'était rencontrés le jour où je me suis assis à côté d'elle pendant notre cours de littérature, en troisième. C'était une fille à mecs. Peu d'amies filles, encore moins des connaissances, mais elle semblait avoir un lien avec chaque garçon dans notre école. Son attitude sévère était survenue après l'accident de voiture que sa sœur avait eu, quatre ans auparavant. Après ça, elle ne s'est jamais rapproché des gens, elle métrisait l'art de la friendzone, mais pas avec moi ; elle me regardait différemment et Austin n'a jamais pu le supporter. Nous avions une belle amitié avant que Riley et moi ne sortions ensemble, et son intention à mon égard continua bien après qu'elle et moi nous séparions l'été suivant. Il avait sa propre histoire imaginaire avec elle.

« Les gars... »

Je suivi le regard de Riley et vis une rupture dans le tas de voitures devant nous. Dans l'amas se trouvait deux Humveesde l'armée. Riley et Austin se précipitèrent dans leur direction. Il y en avait au moins quelques tonnes. La vue d'une de ces voitures renversées, laissait une sensation de vide dans mon estomac. Que s'était-il passé ici ? Austin se débarrassa du putter(club de golf) et creusa dans la banquette arrière du véhicule en position verticale.

« Oh putain les gars, vous n'allez pas le croire »

« Quoi ? » demanda Riley, redoutant un nouveau revers.

« On est tombés sur des protections ! »

« Pas possible ? Des préservatifs ? » je plaisantai.

Riley leva les yeux au ciel mais un faible sourire s'échappa de son visage anxieux. Austin me regarda fixement.

« Des armes, idiot »

Il m'en lança une. Je l'analysai avec mes deux mains. Ça devait être un fusil à pompe. Riley attrapa un pistolet et Austin choisi un automatique plutôt intimidant.

« Jackpot, bébé ! » Puis il balança un énorme sac en toile sur son épaule. Il observa l'arme que je tenais en main et me l'arracha pour me donner le sien.

« Mais, putain ? »

« Fais quelque chose. »

Malgré notre tension sous-jacente, nous étions généralement capables de garder une politesse décente. Mais depuis la première (qui avait commencé six moins auparavant), notre amitié était réduite à néant. Il semblait que ses problèmes non-dits avaient laissé place aux dits. Si madame Reingold ne nous avait pas mis tous les trois ensembles pour le projet de bio, il aurait très certainement décliné l'invitation à venir chez moi, surtout si Riley était présente. C'était la première fois que nous étions tous ensemble, comme au bon vieux temps.

BEDLAM (fr.)Where stories live. Discover now