Chapitre 4: Faire un deuil n'est jamais simple

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02h13

Impossible de dormir

Ses souvenirs sont trop présents. Partout. Chaque objet de ma chambre le rappelle. 
Alex ne se doute sûrement pas une seule seconde de tous les démons qu'il a réveillé. 
Les images tournent en boucle dans ma tête. Tout c'était passé si vite.
Je pense à la journée qui m'attend demain. Il faut que je dorme. Et espérons qu'Alex ne dise rien à personne.

04h42

Réveil en sursaut.
Mon cauchemar semblait si réel.
Je suis à la fois soulagée et déçue.
J'étais terrifiée, mais au moins il était là.
Cela faisait un moment que je n'avais pas rêvé de lui, il avait fallu des mois avant qu'il arrête de hanter mes nuits. 
Je suis trempée de sueur. Je me relève et allume la lumière. Je sais très bien que j'arriverai pas à me rendormir. Les images sont trop présentes et impossible de les oublier.
Je vais continuer mon livre.

06h30

Comme tous les matins, Céleste vient toquer à ma porte.

« Hanaé t'es réveillée ? »

« Oui, tu peux entrer »

« T'es réveillée depuis longtemps ? »

« Un moment déjà, t'as bien dormi ? »

« Bof, Ilona arrête pas de bouger ça fait trembler tout le lit. Dis Hanaé j'ai une question...  »

Ahlala. Les questions de Céleste. Elle a 13 ans et elle a toujours des milliers de questions sur tout et n'importe quoi. Et vu que c'est moi la grande sœur c'est la plupart du temps moi qu'elle choisit pour obtenir des réponses.

« Je t'écoute ? »

Elle commence à sourire. Mauvais signe. Ça annonce toujours une question qui me gêne et elle le sait pertinemment. C'est justement ça qui l'amuse.

« C'était qui le beau brun qui vous a raccompagné hier ? »

J'avais dit quoi. Hier je suis montée assez vite dans ma chambre, mais Zéphyr a dû se faire un plaisir de tout raconter. Et puis certes Alex avait un certain charme, mais pas de quoi en faire toute une histoire
Je me sens rougir. 
Et je vois au regard satisfait de Céleste que ce n'est pas qu'une sensation.

« Parce qu'en plus il te plaît ? Trop bien ! Hâte que tu sois en couple pour que je puisse te poser tout pleins de questions ! »

C'est pas parce que je parle à un garçon pour la première fois depuis des mois que je dois forcément être intéressée par lui. Et puis j'ai pas eu vraiment le choix, c'est lui qu'est venu me parler. 
Je sais plus quoi dire. 
Il faut que je trouve un truc pour lui clouer le bec et lui enlever cette idée de la tête.

« N'importe quoi ! Il m'intéresse pas, il est stupide, et puis je t'ai déjà dit que les garçons ne m'intéressaient pas !

Je sens que je bégaye et que je deviens encore plus rouge.
Céleste me regarde hilare et enchaîne :

«Naomi, elle a dit la même chose que toi quand elle a largué son mec, « nan mais les garçons ça m'intéresse plus » alors que cinq jours plus tard, elle sortait encore avec lui, j'en conclus que d'ici cinq jours tu seras avec lui »

Qu'est ce qu'elle m'énerve quand elle prend en exemple Naomi. C'est sa grande copine du moment.

« Je me fiche de Naomi et non je ne finirai pas avec Alex parce que dès aujourd'hui il ne m'adressera plus la parole et c'est beaucoup mieux ainsi. »

Je commence enfin à reprendre le contrôle sur la conversation. Je comprend vraiment pas pourquoi elle dit ça alors qu'elle sait pertinemment que je n'ai jamais eu de copain ou quoi que ce soit qui se rapproche d'une relation amoureuse. Déjà que les relations amicales c'est pas mon fort mais alors les relations amoureuses n'en parlons pas.

« Ah donc le beau brun s'appelle Alex, bon si tu veux je veux bien faire semblant de te croire, allez viens on descend sinon on va être en retard et tu passeras moins de temps avec lui. »

« Arrête de l'appeler comme ça et je passerai pas moins de temps avec lui étant donné que je passe pas de temps du tout avec lui ! »

Elle explose de rire. 
J'ai du revirer au rouge. 

J'adore mes frères et sœur, mais des fois j'aimerai bien être fille unique, ça l'air beau une famille nombreuse, mais deux frères et deux sœurs c'est pas facile tous les jours. 
C'est papa qui voulait beaucoup d'enfants, et aveuglée par l'amour maman s'est laissée tenter. Sauf que la vie a décidé qu'elle serait la seule à en assumer les conséquences. 
Mais c'est pas la faute de notre père non plus. Il est mort dans un accident de voiture il y a sept ans, peu à près la naissance d'Ilona. 
Le genre de trucs qui n'est censé arriver qu'aux autres. 
Sauf que c'est faux.
Tout peut arriver. 
Maman avait été dévasté. Mais elle devait s'occuper de nous alors elle a su faire face. Elle a su gérer son chagrin, le notre et la nouvelle naissance. En plus de cela elle devait aussi travailler d'avantage pour faire face au vide financier causé par la mort de son mari. 
A l'époque, Ilona venait de naître, Céleste avait six ans, j'en avais neuf, Zéphyr douze et Caleb seize. C'est lui qui s'est beaucoup occupé de nous pendant que maman essayait de joindre les deux bouts. Elle avait refusé qu'il arrête ses études pour l'aider au niveau de l'argent. Elle répétait sans cesse que c'était son rôle de veiller sur nous et de faire en sorte qu'on ai un bon avenir. Et elle a géré.
Aujourd'hui, Caleb tient un bar à Paris, Zéphyr bosse dans un resto à Creil , moi je suis en première, Céleste en 4e et Ilona est en CE1. Maman a arrêté de combiner les boulots et elle est professeur de Cm2.
Faire le deuil de papa n'a pas été simple, pour personne, sauf peut être Ilona qui l'a à peine connu. C'est pour ça qu'aujourd'hui on parle de lui sans retenue. Pour que même si elle n'a aucun souvenir  de lui, elle sache qui est-ce qu'il était.


Un espoir de toujours (non fini) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant