Chapitre deux

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Lorsqu'il se réveilla, la forêt était plongée dans la pénombre. Le froid lui mordait la peau et le vent sifflait au travers des arbres. Un violent mal de tête cognait contre ses tempes. Il cligna plusieurs fois des paupières, les membres engourdis par l'air glacial. Comment avait-il pu s'endormir par ce froid ?

L'humidité de l'herbe lui tira une grimace. Elle avait traversé son jean et la sensation désagréable le fit marmonner dans sa barbe inexistante. Il se releva péniblement et épousseta ses vêtements avant de lâcher un juron qui aurait fait rougir une nonne. Sa hanche lui faisait un mal de chien. Il chercha son téléphone dans ses poches et utilisa la lampe torche de ce dernier pour s'éclairer. Soulevant prudemment son sweat, il hoqueta d'effroi.

Isaac ferma les yeux une seconde, contrôlant sa respiration et essayant de ne pas laisser la panique prendre le dessus. Ou peut-être espérait-il une simple hallucination. En rouvrant les yeux, il se réveillerait et sortirait de ce cauchemar. Mais ce ne fut pas le cas.

— OK, murmura-t-il. OK.

Comment avait-il pu se faire mordre sans s'en rendre compte ? Ou plus simplement... Pouvait-il paniquer ? Et si ce n'était qu'un chien ? Ou un coyote ? Ce n'était pas forcément un loup. Il allait rentrer, désinfecter la plaie, voire même la noyer de produit désinfectant, et dans une semaine il n'aurait plus rien. Elle aurait disparu et toute cette nuit ne serait qu'un souvenir bourré d'amertume et de délires glacés.

Depuis quand y avait-il des loups ou des coyotes par ici ? Aux dernières nouvelles, sa famille s'était assurée de faire le ménage. L'idée de sa famille en pleine traque l'écœura, mais il ne s'y attarda pas et observa plus attentivement la morsure qui semblait le consumer telle une allumette.

La propreté de celle-ci le surpris plus qu'il ne l'aurait voulu. Il percevait les crocs ayant transpercé la peau de sa hanche dans une prise précise. Il était presque certain de pouvoir compter chacune des dents. Elle brûlait et semblait rouge vif. Un liquide incolore suintait de sa blessure. Il n'y toucha pas, mais grimaça à sa vue.

Ses yeux lui brûlèrent, mais les larmes ne coulèrent pas. Comment son karma pouvait-il être si foireux ? Avait-il, dans une autre vie, fait quelque chose de vraiment mauvais pour en arriver là ? Avait-il été ce genre d'oiseau attendant que le propriétaire ait terminé de nettoyer son précieux bijou de voiture avant de lâcher une bombe sur le pare-brise ?

Il savait ! Il savait ce qui lui était arrivé, bien qu'il n'en ait aucun souvenir. Devenir un loup au milieu de chasseurs aguerris, c'était juste une mauvaise blague.

Son cœur battait fort, son mal de tête devint plus sévère. Et la fatigue qui lui tomba dessus telle une massue fut le coup de grâce.

Cette journée était définitivement la pire qu'il ait connu. Même la fois où Astrid Peakles lui avait demandé de sortir avec lui et qu'il s'était senti acculé. Il avait pensé que c'était sa pire journée. Elle ne rivalisait pas un instant avec celle d'aujourd'hui.

Avec le peu de forces qu'il lui restait, il remonta le talus, glissant sur la terre humide plusieurs fois. Ses membres engourdis rendaient l'ascension difficile, mais il arriva en haut sans trop d'encombres. Il mordit ses lèvres lorsque la brûlure devint plus intense. Il expira et tenta de garder son calme.

Levant le regard vers l'obscurité de la forêt, il lâcha un rire amer. Il devait rejoindre sa voiture avec pour seule lumière, celle de son téléphone. Il emprunta une direction en espérant qu'il s'agissait de la bonne. Marcher se révéla une épreuve à elle seule. Chaque frottement du tissu contre sa hanche s'apparentait à une décharge électrique parcourant son corps. Plus d'une fois, il s'arrêta pour reprendre sa respiration et essuyer son front transpirant alors qu'il se sentait frigorifié. Son cœur martelait dans sa poitrine lorsque la douleur devenait trop violente. Il avait la sensation que sa hanche était en feu.

Loup BleuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant