Chapitre quatre

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Au fond de lui, sans même qu'il en ait conscience, Isaac sentit un sentiment étrange le traverser et le tirer du sommeil. Il ouvrit les yeux et tourna vivement la tête vers la fenêtre de sa chambre. Elle était entrouverte, les épais rideaux laissaient passer un léger courant d'air froid. Il fronça les sourcils, certain d'avoir vérifié, comme chaque soir, qu'elle était verrouillée. Il se redressa dans le but d'aller la fermer, mais son regard se dirigea vers son armoire où il rencontra deux iris d'un bleu scintillant.

Une vague d'inquiétude l'assaillit.

— Calme-toi, souffla l'inconnu.

Le murmure suffit à la chasser.

Isaac ne bougea pas, essayant de distinguer quoique ce soit dans l'ombre de sa chambre. Si sa vue s'était améliorée, il avait encore des lacunes. Il pensait qu'il fallait le temps au loup de l'apprivoiser. Quoique... Il préférait penser que chaque événement et changement prenaient son temps, et qu'il y avait une raison logique à tout cela. Il n'avait bouffé personne jusqu'à maintenant, ce qui se trouvait être une bonne chose.

Une odeur chatouilla ses narines, il l'inspira doucement. Un cocon de chaleur l'enveloppa avec douceur. Ce fut comme inspirer à pleins poumons l'odeur si particulière d'une forêt de conifères. Un mélange de sève et épines, de mousse humide grâce à la rosée du matin avec une note délicate de fraîcheur. Ce parfum lui plut. Il nota un arôme supplémentaire qu'il fut incapable d'identifier.

— Vous devriez partir, murmura-t-il. Vous n'êtes vraiment pas dans la bonne maison.

— Je le sais, mais tu restes un loup qui a besoin d'aide.

Cette voix... Grave et douce avec une pointe d'autorité. Il sentait émaner du loup une puissance presque écrasante et il supposa qu'il valait mieux écouter et ne rien faire qui pourrait mettre le loup en colère. Si Isaac ne savait pas qui il était, il retint son souffle en prenant conscience de ces mots. Il allait l'aider ? Il ne put s'empêcher d'être touché par sa venue et l'aide qu'il pourrait lui apporter.

L'ombre bougea et Isaac se redressa, plus alerte. Le loup s'approcha lentement de lui sans gestes brusques. Il vit un jean délavé et le bas d'un pull, mais l'homme garda le haut de son corps dans l'ombre. Isaac se demanda depuis combien de temps il attendait, dans le noir, qu'il sorte de ses songes.

Calmement, il leva une main et la déposa sur sa nuque. La chaleur qui s'en dégagea le fit frissonner avant de l'apaiser. Il ressentait des vagues de chaleur provenir de cette main, une sensation douce et agréable. Sans s'en rendre compte, il s'appuya de lui-même sur la paume chaude et ferma les yeux.

— Tu perds tes repères, murmura-t-il.

Le jeune homme ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Ce n'était pas une question. Et même si cela en avait été une, qu'aurait-il pu dire ? Tout le monde perdrait ses repères dans un moment comme celui-ci.

— Demain matin, nous t'attendrons à l'orée de la forêt côté sud. Ne sois pas en retard.

Il rouvrit les yeux et ne répondit pas. Il n'avait aucun besoin de le faire, ils savaient tous les deux qu'il serait présent. Il regarda le loup glisser gracieusement derrière son rideau et disparaître dans la nuit froide.

Qui était-il ? Pourquoi l'aider maintenant ? Était-il le loup qui l'avait mordu ? Les questions se bousculèrent, mais il savait que malgré ses efforts, il ne pourrait en obtenir les réponses pour l'instant.

Isaac ne se leva pas pour le regarder partir. À la place, il apprécia les derniers restes de chaleur qu'il pouvait encore sentir sur sa nuque et se demanda s'il pouvait enfin dire qu'il avait quelqu'un sur qui compter.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 12, 2020 ⏰

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