Gimme Shelter

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Je n'ai jamais comprit l'existence même de l'homophobie, le racisme, les jugements en général. Quand on était gamins, on trouvait ça dégueulasse d'embrasser une fille, même la toucher pour certains. On restait entre garçons, jouait entre nous sans réfléchir. A quel moment, l'homme se dit-il que son semblable est dégoûtant? Je ne sais pas, je ne suis jamais passé par ce stade. J'ai suivi un autre chemin bien plus sombre. Petit, je me demandais pourquoi seule les femmes avaient des enfants. Pourquoi deux hommes ne pouvaient-ils pas vivre le même bonheur? Je trouvai ça injuste, les autres appelaient ça une abomination. Ils voyaient le différent, tout ce qu'ils ne connaissaient pas, et moi, je voyais le miracle, un cadeau. J'avais tord.

Toutes ces questions que je me posais étant petit, j'en ai maintenant les réponses. Moi, l'erreur de la nature. L'homme, capable de porter un enfant. Et je n'y vois aucun miracle, aucun cadeau. Je n'y vois que désillusion. Ma mère m'a jeté dehors, mon petit-ami m'a largué après m'avoir humilié devant tout les élèves de notre lycée. Je suis seul. Seul avec un fardeau que je ne peux ignorer. Un fardeau que j'ai détesté avant de l'aimer comme un fou. Je suis seul, avec mon enfant. Mon enfant encore à l'abri du monde, et qui en reçoit déjà tout son méprit, toute sa haine.

-Monsieur? Vous devez partir. On va fermer.

Las, mon regard se pose sur la vitre du bar où j'ai passé la journée à l'abri de l'averse qui s'abat toujours sur la ville. Et sans protester, je me lève, rabats ma capuche avant de prendre le chemin de la sortie. Le patron me suit de près, m'adresse un fin sourire que je lui rends quand il ferme le bar.

-Passez une bonne soirée.

-Vous aussi.

Il s'en va, ouvre son parapluie avant de courir vers sa voiture. Avant de courir vers son foyer qui l'attend avec impatience. Et moi, je reste sous le porche des commerces. Sans attendre, je me laisse glisser contre le mur et pose mon sac à dos par terre avant d'y déposer ma tête. J'attends le sommeil qui ne vient pas malgré ma fatigue. Mais je meurs de froid, de faim, et ce depuis des jours. C'est difficile de s'endormir dans ces moments là.

Mais j'attends, des heures durant. Je pleure, me reprends. Je me maudis et pris en silence qu'on vienne m'aider. Mais à quoi bon? Personne n'entend jamais les prières.

__________

Je ne crois pas aux miracles, je n'y crois plus. Pourtant, en ouvrant les yeux ce matin, ce n'est pas la rue ou le ciel nuageux que je vois, mais un ange. Un ange aux cheveux blonds et bouclés, aux yeux aussi bleus et clairs que l'écume des mers. Je suis mort?

-Hey toi..Tu te réveilles..

Sa voix douce me parvient comme une mélodie, et sa main fraîche sur mon front, m'arrache un soupir de complaisance.

-Comment tu te sens?

-Je vais bien.. Mentis-je.

-T'en as pas l'air. Souffle-t-elle. Mais t'es déjà mieux ici que dans la rue.

Gêné, je baisse les yeux, et malgré moi, quelques larmes m'échappent. La rue..Qui sait quand je vais devoir y retourner..Je n'en ai pas envie. Je ne veux pas retourner dans la rue.

-Je suis désolé. Ne pleure pas s'il te plaît. S'empresse la jeune fille face à moi, mais je n'y peux rien, et pleure de plus belle.

-Je ne veux pas y retourner. Dis-je dans un soupir étouffé, et elle, me tire dans ses bras.

-Ça n'arrivera pas. Si mon père t'a ramené cette nuit, c'pas pour te renvoyer ce soir.

Ses paroles me déchirent autant qu'elles me réchauffent le cœur. Et docile, je me laisse faire lorsqu'elle me repousse, me fait face et essuie mes larmes, un fin sourire aux lèvres.

OS LARRY & LASHTON MPREG - 66h39Où les histoires vivent. Découvrez maintenant