La Légende de Rome - Tome II [en pause]

Chapitre 7 : La dague sœur est dans l'obscurité de la nuit

Dans les rues de Rome.

Rema contempla un bref moment la silhouette quitter le palais impérial et partit alors à sa poursuite, rongée par la curiosité. Celle-ci sillonna d'un bon pas à travers les rues romaines où s'amoncelaient à maintes fois des tas d'ordures puantes détrempées. Les murs des immeubles étaient sales et la jeune fille aperçut du coin de l'œil un rongeur grisâtre se glisser entre deux maisons, un morceau de nourriture indéfinissable à la patte. La silhouette tourna au coin de la rue et Rema identifia l'inconnu : Commode.

Quelques pas plus loin, ce dernier s'arrêta et leva la tête vers un bâtiment à la façade de marbre joliment enjolivée, créant une contraste saisissant avec les autres maisons de la ruelle. L'empereur lança un bref regard autour de lui pour s'assurer qu'il n'était pas suivi, et franchit le seuil.

Rema s'avança silencieusement et leva la tête vers les fenêtres illuminées d'où sortaient de nombreux murmures de conversations ; les rires s'échappaient, sans considération pour les pauvres habitants du quartier qui devaient vivre une vie de misère...

Un homme passa dans l'étroite rue et tenta d'entrer, mais sans succès. Visiblement, on le repoussait de l'intérieur... Sa voix s'élèva, furieuse :

— Vous vous prétendez un bordel et vous laissez pas les pauvres clients entrer ! Moi, je veux juste passer du bon temps...

Un bordel ? Savoir que le César de Rome fréquentait les lupanars de la cité ne fit que le faire descendre encore plus bas dans l'estime, déjà aux tréfonds de la haine ressentie par la jeune fille. Elle avait eu sa fameuse réponse...

Cette dernière s'apprêtait à partir lorsque la même silhouette désormais reconnaissable sortit de l'établissement silencieusement. Rema avait, comble de la malchance, déjà quitté sa cachette.... Elle vit clairement le regard de Commode se poser un instant sur elle, puis l'éclat de colère rouge dans l'œil d'ébène... Un seul mot lui vint alors à l'esprit : merde.

Se dérober au courroux impérial était très tentant, mais ça ne ferait qu'aggraver la situation... En plus, elle ne voulait guère passe pour peureuse. En une fraction de seconde, Rema sentit la caresse du métal froid sur la peau, à dos sur le mur. La dague. La sœur de la sienne, malheureusement laissée au palais...

— Pourquoi m'as-tu suivi ?

Rema tenta de s'échapper, mais la poigne de l'empereur était trop forte ; elle resta là, appuyée sur la surface dure, une arme meurtrière à proximité de sa gorge...

— Je voulais seulement savoir où vous alliez. J'ai eu ma réponse, maintenant lâchez-moi...

— Pour que tu répètes à toute Rome ce que tu as vu ? Hors de question, rétorqua-t-il.

— Ce n'est pas à moi de répondre à vos habitudes de débauche, si vous voulez savoir, lui cracha-t-elle au visage. Me tuer ne serait pas une option : vous voulez vraiment que ma famille survivante se retourne contre vous ? Mon frère n'a besoin que d'un geste de votre part pour justifier son acte, et vous, vous baignerez dans votre sang poisseux...

Le doute et la rage se perçaient dans l'expression de l'interlocuteur ; cependant, Commode la lâcha soudainement, un air de haine au visage.

Ce n'en prit pas plus pour que Rema détala comme le plus épouvanté des lapins, le cœur cognant dans sa poitrine.

C'était une découverte qu'elle ne raconterait à personne, elle le savait...

*

Prévisions ? Alors, Rema tiendrait-elle vraiment sa langue ? Que fera Commode en rentrant au palais impérial par rapport à ce qui vient d'arriver ? À vos pronostics !

*