J'ai le réflexe de rattraper cette femme juste avant qu'elle n'atteigne le sol. Je serre son corps si frêle contre le mien. Son souffle est erratique, ses joues roses. Je passe le dos de ma main contre son front et constate la chaleur qui s'en dégage.
Je la soulève et monte sur le ponton. Je ne fais pas attention aux marins qui ont un regard furieux, nul doute que Stéphane a fait de son nez. Je réglerais cela plus tard. Ma priorité, c'est cette femme. Peu importe qu'elle soit une servante ou non, en ma présence, aucun homme ne lui manquera de respect !
Je me dirige d'un pas pressé vers ma cabine. Premièrement, je dois isoler cette inconnue, ensuite, m'enquérir de son état de santé.
—Mon frère, vous voilà !
Antoinette vient vers moi, un doux sourire sur le visage, mais celui-ci s'efface lorsqu'elle remarque mon paquet.
—Oh, Seigneur !
—Ouvrez la porte de ma cabine, je vous prie, Antoinette.
Sans un mot, elle fait ce que je lui demande. Je pénètre la petite pièce et allonge la jeune femme sur les draps.
—Qui est-ce ?
—Je l'ignore. Restez près d'elle, je vais demander au médecin de l'occulter.
Elle opine et je me dépêche d'aller à la recherche du médecin à bord. Il y en a toujours un qui fait partie de l'équipage lorsque je pars en voyage. Une sécurité.
En chemin, je croise le capitaine qui vient vers moi. Il incline la tête et me regarde ensuite droit dans les yeux.
—Sir, j'ai appris par mes marins qu'une clandestine était parmi nous.
—Effectivement. Le tenez-vous de Stéphane ?
—Oui.
—Vous a-t-il précisé ce qu'il voulait faire de cette demoiselle ?
—Sir..., tente le capitaine. Ce sont des hommes en mer, il ne faut pas...
—Il suffit ! Sous ma supervision, je ne tolérerais jamais qu'on ait de tels agissements.
—Bien sûr, Sir. Mais si vous me permettez, il faudrait la jeter à fond de cale...
—Non. Elle aura tout le respect qui lui est dû.
—Mais... c'est une servante !
—Sous ma protection, désormais.
—Il en sera fait selon vos ordres, mais permettez-moi d'insister sur un fait : vous devez vous occuper d'elle, ce sera votre rôle. Vous en êtes responsable. Et je ne peux lui fournir de cabine, je n'en ai pas de libre.
—Elle dormira dans celle d'Antoinette.
—Comme il vous conviendra. Je ne pourrai pas assurer sa sécurité sur le bateau face aux marins, j'insiste sur le fait que ce sera à vous de veiller sur cette femme.
—Qu'il en soit ainsi.
Il incline à nouveau la tête et je m'en vais dépêtrer le médecin.
Quelques minutes plus tard, je retourne à la cabine avec l'homme en question. Il ausculte la jeune femme qui lentement revient à elle. Son regard s'écarquille, je peux aisément voir une très grande frayeur habiter ses pupilles. Je ne dis rien, reste à l'écart, tandis que ma sœur tente de l'apaiser le plus possible par des mots rassurants et sa douceur.
Le médecin se relève et me rejoint.
—Je pense à une anémie. Elle semble très épuisée, elle est d'une pâleur extrême, elle paraît très faible et un peu trop maigre. Un vertige suivi d'une perte de connaissance est très alarmant. Je ne serais pas étonné qu'elle ait des maux de tête.
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Destinés
Fiksi Sejarah1829, Constance s'enfuit du domaine du Marquis de Pontillac, son bourreau. Sa seule échappatoire, un navire où elle monte clandestinement, avec l'espoir de sauvée sa vie. Son destin avait été tout tracé avant la mort tragique de ses parents, il avai...