Moment de douceur / He Tian x Mo Guan Shan / 19 days

Partie unique

Le soleil commençait à quitter mon champ de vision, offrant à mon regard un nouveau paysage tout autant sublime : le crépuscule. J'adorais l'observer, cigarette au bec, menton tenu par ma main abîmée par la cuisine. C'était un des seuls moments où l'on pouvait me voir me concentrer, où l'on pouvait me voir apaisé, les sourcils défroncés. He Tian adorait ces instants de calme, il me fixait durant tout ce temps assis sur le lit de sa chambre, un rictus pendu aux coins des lèvres. Je ne lui avais jamais dit que je savais qu'il me regardait, c'était un peu comme notre petit secret. Il ignorait totalement le fait que j'étais au courant qu'il m'espionnait. Cela me faisait légèrement rire que cet idiot puisse me fixer éternellement, sans bouger, tout en pensant être discret. 

Cette nuit-là, je pus voir les étoiles apparaître plus rapidement que d'habitude, illuminant le ciel qui venait de s'assombrir. Rien n'avait été plus rapide, je n'avais juste pas vu le temps passé, trop envoûté par ma contemplation tardive. Alors que mes yeux clairs fixaient perpétuellement ce grand vide, je pus sentir une forte prise m'attraper la taille. Je ne me retournais pas, écrasant simplement mon mégot sur le rebord de la fenêtre d'où j'étais accoudé, alors qu'un soupire quittait mes lèvres.

- Tu savais que je te regardais ? demandait alors mon petit-ami, He Tian, en venant baiser mon cou tendrement, ses lèvres se remuant doucement sur ma peau nue.

Je ne répondis rien pendant un cours instant, faisant comme si je réfléchissais et que je cherchais mes mots. Bien sûr, il me connaissait assez pour savoir que je voulais juste le faire attendre.

Après quelques longues secondes de silence, j'attrapais mon paquet de Marlboro pour en faire sortir une nouvelle cigarette que je fis pendre par dessus ma lèvre inférieure. J'allumais la mèche de cette dernière, sous le regard agacé du noiraud qui détestait me voir fumer. 

- Répond moi au lieu de te ruiner la santé, petit Mo, rétorquait-il tout en volant la source de son agacement de mes lippes.

Je penchais alors inconsciemment mon visage en arrière, croisant son regard sombre qui me glaçait tant le sang. Ses yeux me lançaient un ultra choc m'obligeant à répondre à ses ordres. Il utilise le même regard quand son ventre grogne et que je dois impérativement faire son repas de la façon la plus rapide possible.

- Enfoiré, tu sais très bien que je n'aime pas quand tu me fais ses yeux là, répliquais-je en noyant mon iris claire dans celle foncée de mon interlocuteur. Tu veux que je te dise quoi au juste ? Que je t'avoue que tous les soirs je suis au courant que tu me fixes tel un pervers ?

He Tian déglutit avant de resserrait sa prise sur ma taille, m'étouffant de peu.

- Que tu me dises pourquoi tu ne m'as donc jamais proposé de regarder le ciel avec toi, alors que tu étais au courant que je t'observais.

Je sentis alors mes joues chauffer. J'étais habitué à ce genre de phrase humiliante de la part de HeTian, mais je n'arrivais toujours pas à calmer mes pulsions d'adolescent amoureux, qui me forçaient toujours à rougir comme une fillette qui vient de découvrir ce qu'est l'amour. Cela m'agaçait au plus au point, cette faiblesse que j'avais et que je haïssais et que mon petit-ami, quant à lui, adorait tant.

- Petit Mo, passe moi le briquet, demandait-il sans une once de politesse.

- Va te faire éduquer puis va crever le gosse de riche, lui répondais-je en remettant mon visage normalement, face au paysage que je fixais avant qu'il ne vienne gâcher mon moment de calme.

Je pus entendre un ricanement de la part du plus grand, qui venait poser ses mains aux creux de ma taille. Il me fit me retourner d'un coup, sans que je n'aie le temps de réagir avant de venir murmurer doucement à mon visage.

- Petit Mo ?

- Qu'est-ce que tu me veux encore ?

Il colla son front contre le mien, pour ainsi pouvoir sentir son souffle se mélangeait au mien avant de rapprocher nos deux corps et de finir par me dire :

- Tu es quand même tellement plus beau quand tu as les sourcils défroncés.