Chapitre 4

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Le son régulier de l'horloge résonne dans la pièce et je me morfonds sur tout le retard que j'ai pris à cause de la journée d'hier. Il va falloir que j'accélère la cadence, sinon je ne serais jamais prête à tant pour mon rendez-vous d'affaire de ce week-end. D'ailleurs je sens déjà l'ennuie de ces deux jours me guetter, vous comprenez, ce rendez-vous s'avère être une simple formalité, il faut seulement que je règle les derniers détailles du contrat puis que je fasse signer le client, un jeu d'enfant, aucun défi à relever. Alors, même si ce n'est que pour quelques jours, je démoralise à l'idée de m'envoler seule pour Shanghai.

Je réfléchis vaguement pour trouver une solution à mon problème, mais de toute évidence, l'entreprise ne compte pas financer le voyage pour une seconde personne. Forcé est de constater que je vais devoir sortir l'argent de mes propres finances, mais ça, ce n'est pas vraiment un problème. Le plus compliqué, c'est de réussir à convaincre Margot de venir avec moi, et je me vois mal lui dire « Viens avec moi à Shanghai pour combler mon ennui » ou encore moins « Même si tu me détestes, j'aimerais te connaître davantage, alors viens avec moi ». Enfin bref, vous admettrez que trouver une excuse valable n'est pas simple.

Finalement, après quelques instants de réflexions, je trouve une raison plus ou moins valable de l'emmener avec moi. Par contre, j'espère que mon assistante et Margot n'ont pas trop l'occasion de discuter, sinon mon plan risque de capoter.

Je décroche le téléphone de son socle et appuie sur la touche me permettant d'appeler mon assistante, puis j'active le haut parleur lorsque la sonnerie retentit.

- Oui, Mme CORRE ?

- Dîtes à Mme AUBERT de venir dans mon bureau, s'il vous plaît.

- Très bien, dois-je lui dire quelque chose en particulier ?

- Non, ce ne sera pas nécessaire, faites lui juste signe que je l'attends à mon bureau.

- Bien, madame, alors je vous l'envoie immédiatement.

- Merci, répondis-je avant de raccrocher.

Je patiente pendant au moins cinq bonnes minutes avant que Margot daigne finalement toquer à la porte, il lui en aura fallut du temps juste pour arriver à mon bureau. N'attendant pas plus longtemps, je l'invite à entrer d'une voix ferme, et elle ne tarde pas à pousser la porte.

Je me retiens de sourire lorsque je la vois rentrer avec timidité dans le bureau et explorer la pièce des yeux. « La décoration te plaît apparemment et j'aime aussi ce que je vois » ne puis-je me retentir de penser en la regardant.

Un peu de sérieux voyons ! me repris-je rapidement. Je ne dois pas perdre ma mission de vue, je dois absolument la convaincre de venir à Shanghai. Mais d'abord une petite mise au point s'impose sur le pourquoi du comment je l'ai embauché.

Pour rentrer dans le vif du sujet, je me remets dans la peau de la patronne insupportable et souffle de désespoir avant de lui demander si elle sait pourquoi je l'ai accepté dans mon entreprise. Elle me répond que non et qu'elle en est d'ailleurs la première surprise. Pour essayer de la déstabiliser et de l'énerver, je souffle de nouveau. Mais comme je m'y attendais, elle ne proteste pas et me laisse continuer.

- Je vous ai choisi car vous m'intriguez Margot. Sous votre apparence un peu gauche, vous savez quand dire les choses et quand faire bonne figure. En ce moment même, je sais que mes petits soufflement à votre encontre vous ont énervé et pourtant vous préférez faire mine de rien.

Elle laisse entrevoir son incompréhension en sourcillant, ce qui me pousse à continuer mes explications. Je lui dis ainsi que son attitude irréprochable lors de l'entretien lui à valu d'office une place dans mon service. En effet, j'attendais de mes candidats qu'ils restent inflexibles face à mes remarques et c'est ce qu'elle a fait avec brio.

- Alors, c'est parce que je vous ai pas insulté que vous m'avez embauché ? me demande-t-elle.

- En effet, tous les candidats qui se sont présentés avaient le même niveau de diplôme et de l'expérience, il fallait bien que je trouve quelque chose pour vous départager.

- Je vois... je suppose que je devrais remercier ma mère de m'avoir bien élevée.

Bien que Margot ait dis ça sur le ton de l'humour, je ne peux m'empêcher de penser à ma mère et au peu de temps que nous avons partagé ensemble. Je marque une absence, troublée par cet événement marquant de ma vie.

- Euh... je ne pense pas que la raison de mon embauche suffise à justifier ma présence dans votre bureau, m'interpelle Margot avant de me demander la véritable raison de sa présence ici.

Reprenant au plus vite mes esprits, je lui explique que je dois partir en voyage d'affaire et que j'ai besoin d'elle pour remplacer mon assistante. Cela est totalement faux bien entendu, j'aurais très bien pu me débrouiller toute seule mais j'ai désespérément envie de l'emmener avec moi. Alors j'ai du légèrement mentir.

- Ne vous inquiétez pas, vous aurez le droit à une belle prime, essayé-je de la convaincre.

- Ce n'est pas...

- Très bien ! Nous nous envolerons pour Shanghai vendredi matin à quatre heures. Avec les douze heures d'avions et le décalage horaire de huit heures nous serons sur place vers minuit.

A court d'arguments et n'arrivant pas à la convaincre, je n'ai pas eu d'autres choix que de la forcer. Désolée ma petite Margot mais tu m'intrigues beaucoup trop pour que je puisse te laisser de côté.

Finalement, d'un mouvement de tête la brunette accepte et ravie je l'invite à retourner à son bureau.

Viens sous mon parapluie (ELENA vers.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant