- Chapitre VII - La demeure du Baron -

4 0 0
                                    


Il fut convenu de transporter les équipiers sur le dos de Draiztorck durant la moitié du chemin : il ne fallait pas exténuer l'ami de Risstor dès le début de l'escapade. Tandis que le soleil commençait à se lever, Lana et ses compagnons purent ainsi se déposer sur le flanc d'une montagne gigantesque. La pointe de cette dernière se perdait dans les nuages. Conscients de représenter à eux deux une certaine masse, Fyux et Wasdarck se confondirent en excuses. Ils reconnurent avoir surestimé la force du dragon. Et ils ne voulaient pas le traiter comme une bête de somme. Draiztorck les pria de ne pas s'angoisser à ce propos ; certes, les deux Trolls pesaient au minimum cent-cinquante kilogrammes. Et ils occupaient une place non négligeable sur l'échine du lézard ailé. Draiztorck racontait qu'il pouvait transporter davantage de passagers -avec un important gabarit- durant sa prime jeunesse. Mais les dragons n'étaient pas immortels, et encore moins invulnérables. 

Une retraite de la part du sage dragon n'était cependant pas à l'ordre du jour : « Je pourrais même vous accompagner vers des terres inconnues après notre mission, par-delà les déserts méridionaux de Fourgloune ! » se vantait-il. Ce qui lui permettait aussi de dissiper tout doute quant à ses facultés physiques. Aussi, l'équipe se déploya dans les fourrés récalcitrants du Mont Séron. Il était temps pour elle de continuer la marche vers sa destination. Tout le monde s'investissait sans peine sur cette montée herbeuse. Celle-ci était généreusement étendue et peu escarpée. En revanche, Lana signala une bizarrerie : la diminution très rapide de la température. La végétation s'amenuisait de plus en plus à mesure de leur progression. Les arbres ordinaires ne surgissaient que de manière sporadique. Ils cédaient le terrain à une broussaille tenace, ainsi qu'à une profusion de fleurs prenant la forme de cloches inclinées.

« La végétation se développe de manière surprenante dans les régions montagneuses », s'enthousiasma Risstor en coupant une de ces plantes pour en imprégner ses narines. 

Quelques aigles virevoltaient nerveusement au-dessus des aventuriers. Ces rapaces observateurs étaient sûrement agacés par la venue de ces « créatures ». Ces voyageurs importuns pouvaient éloigner de délicieux lapereaux ou des marmottes criardes fréquentant le secteur. Quelques sapins robustes ne tardèrent pas à compléter le paysage local. Risstor débattait avec Wasdarck sur les secrets qui entouraient le Mont Séron et son palais abandonné :

« Wasdarck, tu m'avais raconté que les visiteurs les plus intrépides finissent toujours par rebrousser chemin. Surtout dès qu'ils se rapprochent de la brume enveloppant le sommet de la montagne. Mais ton grand-père avait également arpenté le Mont Séron, si je me souviens bien ?

— Tes souvenirs sont justes, mon grand-père n'était pas un couard. Il se moquait des avertissements des villageois. Avec ses propres moyens, il avait pu se hisser au sommet du Mont Séron après une journée de marche.

— Comment décrivait-il le bâtiment qui surplombait les hauteurs ? l'interrogea Lana. Etait-ce un genre d'observatoire, une simple tour de garde, une fortification basique ? Ou une vraie habitation seigneuriale ?

— Hum, d'après ses dires, il s'était retrouvé devant un palais assez impressionnant qui ne paraissait pas occupé. Mais je ne connais pas la stricte vérité. Il prétendait avoir entendu des murmures de femmes inintelligibles lorsqu'il contemplait l'édifice... Ne trouvant pas les origines de ces voix après une demi-heure de recherche, il me racontait qu'il avait préféré redescendre la montagne.

— Et il n'avait pas osé franchir le seuil de la demeure, alors ?

— Ah, non. Il en était hors de question. Il se plaignait d'avoir été suivi par des esprits malins et il était convaincu qu'un traquenard l'attendait de pied ferme dans cette demeure énigmatique.

— Formidable, ironisa Lanon. Nous allons prochainement vérifier si votre grand-père avait eu raison de se tenir à l'écart de ce palais.

— Allons, mon jeune ami ! lui lança Risstor en lui donnant une tape amicale sur l'épaule. Ce ne sont pas des fées décaties ou des spectres tourmentés qui nous arrêteront. Il ne faut pas voir les choses comme les Trolls. Ils ont tendance à trop s'effrayer devant les phénomènes paranormaux et les bizarreries surnaturelles.

DynesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant