- Chapitre VIII - La poursuite du jeu funeste

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La décision était donc irrévocable. Les équipiers démarrèrent au plus vite leur envol vers la cité de Nerock. Sur l'échine de Draiztorck, Lana, Risstor et Lanon reprirent leurs route mouvementée. Le groupe souffrait encore de ses deux "amputations". La jeune princesse essayait de ne pas se focaliser sur cet amer constat. Voyant le défilé de reliefs montagneux à ses pieds, elle chercha à s'occuper en questionnant Risstor - qui s'accrochait encore et toujours au cou du dragon lors du voyage :

« La cité de Nerock est-elle indépendante ? Ou appartient-elle à un ensemble plus large ?

— Ah, j'avais oublié de préciser que nous traversons des contrées méconnues par les Dynesiens. Nous sommes actuellement à cheval sur les Plaines de Cattaban et la contrée d'Ygernos que peuplent les Trolls.

— Je vois. Mais comment se nomme la région où nous nous rendons ?

— Disons que nous sommes en train de rentrer en Dortarie. Les Gobelins règnent en maîtres dans la plus grande part de ce secteur.

— Hum, je crois me souvenir vaguement du nom de cet État, finalement...

— C'est plutôt une confédération tribale. Il n'existe pas de pouvoir centralisé et les alliances inter-claniques sont monnaie courante. Ces dernières aboutissent même à l'émergence de pôles urbains de plus en plus massifs. Nerock n'était jadis qu'une modeste bourgade de pêcheurs. La ville accueille désormais des marchands originaires des terres les plus lointaines. L'évolution des sociétés organisées est fascinante quand on y prête de l'attention !

— À Dynesia, nous connaissons un peu mieux les Gobelins que les Trolls... Mais, en-dehors du fait qu'ils ressemblent à des lutins avec des faces de crapauds aux yeux globuleux, je ne saurai plus m'avancer à leur sujet. J'ignore leurs origines, leurs coutumes, ou leurs croyances.

Le Nogatien fut quelque peu embarrassé et répliqua :

— Sans m'attarder sur leur cas, je dois t'avouer que je ne voue pas une immense affection aux Gobelins. Et la description que tu en fait est plutôt juste, bien qu'ils soient aussi grands qu'un être humain de taille moyenne.

— Ne seraient-ils pas très sournois ? demanda Lanon.

— Généralement, les Gobelins masquent leurs pensées et agissent à visage couvert. Ils sont férus d'intrigues et ils se passionnent pour les sciences occultes. Ils nourrissent une culture du secret qui est un énorme point d'interrogation pour tous les étrangers. Depuis plus de cinquante ans, j'ai rencontré bien des Gobelins et mes échanges avec eux ont toujours été superficiels. Les Trolls sont des gaillards candides dont l'état d'esprit est très éloigné du schéma de pensée des Gobelins, par exemple. Tandis que les Gobelins sont mus par l'appât du gain. Ils se livrent à l'extorsion, à la spéculation, à l'agiotage et d'autres machinations financières qui scandalisent les voyageurs de tous les horizons.

— Ce n'est pas une population très respectable, commenta Lanon.

— Ce comportement de détrousseurs de cadavres est détestable, c'est sûr... Je reconnais ne pas réussir à tolérer les Gobelins au fond de mon cœur. D'autre part, vous pourrez notez que ce sont de lamentables guerriers ! Ils ne connaissent rien à l'art martial, et préfèrent fuir les champs de bataille. Mais ne leur tournez pas le dos, car ils vous planteront une dague dans la colonne vertébrale.

— Risstor peut sembler dur dans ses propos, intervint Draiztorck, mais nous avons eu une expérience désopilante avec des Gobelins. Il y a une bonne dizaine d'années.

— Oh, oui, cette histoire est hilarante ! Lana, Lanon, figurez-vous que j'ai une vilaine tendance à jouer aux dés lors de mes escales.

— Entre autres, signala Draiztorck sur un ton réprobateur.

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