- Chapitre XIII - De chaleureuses retrouvailles

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La sanction tombe inévitablement

Les pêcheurs regagnent le rang

L'incurie nous guette toujours

Brisant le mythe de l'amour !

Pourquoi mener la guerre

Contre de vils adversaires

Si leurs vices nous touchent

Comme des bêtes farouches ?

Lana était déroutée. Les vers de cette ancienne comptine trottaient dans sa tête. Timakä était une cité lointaine, désormais, mais qui s'associait à de pénibles souvenirs. Assis sur l'échine de Draiztorck, les équipiers restaient silencieux. Ils se contentaient d'observer le paysage aux mille collines. Le dragon, fendant les airs lors de son vol, déclara posément :

« Heureusement que j'ai retrouvé l'ensemble de mes facultés. Mes ailes étaient ankylosées et je persiste à croire que ce prêtre m'avait jeté un sortilège inefficace.

— Il est certain que nous n'en serions pas sortis vivants sans toi, le complimenta Risstor. Nous te devons une fière chandelle ».

Lana, toujours devant Lanon, osa restituer le fond de sa pensée :

« Pensez-vous que nous avions besoin de calciner Anzöyêckhé ? Nous aurions simplement pu décoller loin de cette ville... sans assassiner ce Tkoveld ».

Lanon déglutit maladroitement. Assez embarrassés, les autres équipiers ne surent pas immédiatement trouver les mots pour répondre à Lana. Draiztorck se confina dans le mutisme après avoir entendu l'interrogation de la princesse. Risstor justifia non sans hâte le choix de son inséparable compagnon :

« J'ai perçu ton désappointement, Lana, tu peux me faire confiance. Tu sais que, Draiztorck et moi-même, nous n'avons pas coutume d'agir inconsidérément. Nous pesons les conséquences de nos choix.

— Vous estimez donc que nous devions abattre ce Anzöyêckhé ? Qui n'était en vérité qu'un désaxé hautain dans l'incapacité de rivaliser avec nous ?

— Je confesse m'être un peu emporté, confessa Draiztorck à mi-voix. Il n'empêche que ce Tkoveld était prêt à nous condamner pour notre impiété. Je suis assez circonspect en entendant vos sous-entendus à mon égard. Sans mon aide, les Tkoveld vous feraient actuellement cuire dans une marmite de soupe bouillante.

— Rien ne te permet d'en être sûr, contesta Kalandrius avec rigueur. Draiztorck, je pense aussi que Anzöyêckhé ne constituait plus une menace crédible après la fuite de ses subalternes. Nous avons commis un acte meurtrier de sang-froid. Oui, nous, car nous avons chacun contribué à l'exécution de ce chef moribond : nous sommes coresponsables de cette exécution.

— J'ai un avis plus mitigé sur la question, s'exprima Jackis en prenant un air perplexe. Je ne sais pas si Draiztorck s'est montré injuste ou non envers ce tigre humanoïde... Mais rappelez-vous que ce Tkoveld nourrissait le projet de nous soumettre à une mort lente et douloureuse. Et cet imbécile a cru bon de ne pas battre en retraite face à Draiztorck ! Alors que ses propres soldats rompaient au grand jour leur serment de fidélité. Cette créature n'était peut-être plus un danger écrasant après le moment des ruades. Admettons-le. Mais elle fourbissait encore ses armes devant nous ».

Les équipiers, attentifs, s'abreuvèrent des sages paroles du Nain. La méditation de Jackis était réfléchie et mesurée. Ses paroles contrastaient avec son emportement face au prêtre dévot à l'entrée de la caverne.

« Voyons, les amis ! reprit-il éloquemment. Ne nous querellons pas sur de telles futilités et retroussons nos manches face aux prochains défis qui nous attendent ! Nos arguments contradictoires sont aussi valables les uns que les autres. Où nous mèneront ces conversations sans fin ? Nous n'avons pas le temps de nous disperser. Anzöyêckhé était une racaille qui a payé de sa vie son arrogance. Nous nous entendons bien sur ce constat. S'il fallait le griller ou non comme un pourceau, peu nous importe à l'heure actuelle.

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