Chapitre 2 - La marche des morts

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Dans ce petit village au sud-ouest du Royaume des Hommes se déroulait un spectacle terrifiant. Une véritable armée de cadavres déambulait librement, errant sans but ci et là, émettant des grognements et gémissements aussi angoissant les uns que les autres. Il y avait des hommes en armure avec différents blasons, certains d'entre eux avaient même des membres manquants ou des parties de leur visage arrachées voire dévorées. Dans ce lugubre rassemblement, on pouvait aussi distinguer ce qui avait été autrefois des paysans avec leurs vêtements légers, qu'ils soient hommes ou femmes, mais ce qui était le plus effrayant c'était ces enfants qui poussaient des grognements aigus, errants entre les corps animés qui étaient autrefois leur protecteurs, leur voisins, leur famille.

Au milieu de cette scène macabre se trouvaient quelques cadavres ambulants avec un comportement bien plus rationnel, ils émettaient des sons rauques et gutturales, probablement parce qu'ils essayaient de communiquer entre eux, car ces derniers se mettaient à bouger et à ramasser des corps avant de les entreposer dans les champs.

Toujours dans la cave, Maozi et sa famille étaient inertes, leurs corps sans vie refroidissant à mesure que le temps passait. Peu de temps après que des ordres aient été donnés dans une langue incompréhensible pour l'homme, deux cadavres plutôt agiles descendirent dans la cave et saisirent les cadavres de Maozi, sa femme et ses enfants avant de les hisser tant bien que mal dans la maison. Ils furent trainés par les bras, les jambes ou les cheveux dans les champs auprès des corps charcutés de leurs voisins sous la nuit étoilée qui éclairait avec une intensité dramatique cette vision surnaturelle.

Dans cette langue à donner des frissons, une créature à l'allure particulièrement malveillante commença à incanter un sort, ses mains squelettiques se levant doucement à mesure que la magie noire qui s'échappait de son corps telle une brume sombre se répandait sur le sol et imprégna les cadavres des villageois. Ses bras se levèrent petit à petit alors que les corps, jusqu'alors inanimés, se mirent à frémir puis à convulser avant de se lever dans un rythme erratique et sinistre.

Dans cette foule de désormais non-morts, le père qui avait vu sa famille se faire massacrer sous ses yeux se leva péniblement, quelques sons échappant de sa bouche exempte de respiration. Ses yeux vitreux fixèrent le vide alors qu'autour de lui, au milieu des champs qu'il connaissait si bien dans sa vie passée, ses voisins, sa famille, ses amis étaient là en sa compagnie, sans même qu'il ne se souvienne d'eux. Son esprit n'était pas confus, enragé ou triste, non, il était vide comme celui d'un nouveau né qui n'a pas encore poussé ses premiers pleurs. Mais lui était mort, il ne renaissait pas, il se relevait après sa mort, il était un non-mort et il était désormais aux services de la Liche qui l'avait relevé par magie noire.

- Relevez-vous misérables, vous êtes désormais aux services de notre Maître à tous, le Roi Liche Mandussal'ak.
Mes ordres sont les siens, ainsi vous exécuterez ses désirs à travers mes paroles.

Alors qu'il entendit pour la première fois de sa non-mort les paroles de son nouveau maître, Maozi, qui n'avait désormais plus aucun nom, plus aucune famille, plus aucun chez soi, écouta attentivement. Il n'avait pas de mal à comprendre ce qui lui était dit malgré la langue étrange qui était utilisée et qu'il n'avait jamais entendu de son vivant. Mais désormais, cette langue était claire et compréhensible, probablement grâce au lien qui l'unissait par magie à son maître.

- Mettez-vous en marche, nous avons une armée à agrandir et des territoires inconnus à conquérir !

Tel était le premier ordre qui leur avait été donné, et dans un mouvement de foule aux allures macabres, tous se mirent en route vers le nord. Maozi réussissait à marcher sans trop de difficulté alors que certains de ses compagnons de route arrivaient péniblement à faire un pas devant l'autre, certains ayant une jambe ou un pied cassé voire arraché, d'autres avaient des lambeaux de peaux qui trainait derrière eux et certains, qui devaient faire partis de l'armée avant d'atteindre son village, avaient même la peau de leur corps en pleine décomposition, mais cela ne le dégoutait pas. Désormais, son esprit était vide d'émotions et de désirs, il suivait les ordres et se dirigeait vers le nord sans se soucier de l'odeur ou de l'état des corps animés qui l'accompagnait.

La volonté du Roi LicheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant