4. Le Guerrier de Troie

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Cassiopée demeurait impassible, le monde se jouait d'elle, le bruit du verre se brisant emportait avec elle tout espoir. Étouffant un rire nerveux, elle se risqua à relever les yeux vers lui, arrimant son regard au sien, elle n'y lu que du dégoût. Un son gutturale vibra dans la gorge de son maître, il était fou de rage. S'efforçant en vain de contenir sa nervosité, elle serrait entre ses frêles petites mains son vieux chiton. Un lourd silence tomba.

- Hors de ma vue, grogna t-il. Si je te reprend encore une fois dans telle situation, tu auras affaire à ma colère. 

Craignant malgré tout qu'il ne change d'avis à son encontre, Cassiopée se précipita hors de l'habitacle laissant, et cela provisoirement, la cause de son malheur derrière elle. La belle métisse peinait à réprimer ses émotions. Sa vie n'était qu'un assemblage malsain de maléfice et de corruption. Le sort s'acharnait sur ce petit bout de femme, à la peau d'ébène et au regard aussi profond que l'océan. Elle avait pour seul désir de s'enfuir, de se libérer de cette misère. Elle savait que lorsque le crépuscule tomberait elle n'aurait d'autre choix que de retourner affronter la terrible colère d'Agraham. Elle était sienne, sa propriété, son corps était marqué de sa signature. Essuyant d'un revers de la main ses joues mouillées, elle s'enfonça dans les plaines sablées qui bordaient la côte. Elle était subitement incapable du moindre mouvement, cette étendu bleutées lui faisait toujours le même effet qu'au premier jour. Un rire sans aucune saveur franchit ses lèvres pulpeuses. Le chant des oiseaux se mêlait à la danse houleuse de la mer. L'air marin fouettait délicatement son visage tiré par la fatigue. Les yeux clos elle se délectait de cet instant. Un faible gémissement brisa cette bulle dans laquelle la jeune fille s'était enfermée. Son cœur s'emballa, personne ne venait jamais dans ce coin de l'île et la peur que ce petit recoin d'intimité qui lui était si cher lui soit arraché lui tiraillait le cœur. Elle scruta alors la petite crique du regard, lorsque celui-ci buta contre une masse inerte au bords de l'eau. Elle peinait à y croire, un homme était là, devant elle, au seuil de l'inconscient. Elle s'approcha lentement jusqu'à arriver aux côtés de l'inconnu. Celui-ci devait avoir passé sa deuxième décennie depuis quelques années, il était beau, terriblement beau malgré l'état dans lequel il se trouvait. Cassiopée à travers cette barrière de sable pouvait reconnaître la couleur de ses cheveux, d'un noir corbeau, une épaisse barbe recouvrait sa mâchoire carré. La jeune métisse déglutit avec difficulté devant ce spectacle, au cours de sa vie d'esclave elle n'eut guère de tel occasion d'observer un homme, et encore moins d'une beauté si rare. Ses yeux gris diamant poursuivaient leur observation, allant de sa nuque à son torse robuste dénué de tout chiton, celui-ci était recouvert d'une fine toison brune, de puissant muscles tiraillaient sa peau halée. Quelque chose d'indicible l'envahi entièrement. Une longue balafre barrait son torse. Lorsque la métisse voulu y voir de plus près, l'homme cilla brusquement et encercla son fin poignet d'une poigne féroce. Cassiopée n'eut pas le temps d'émettre le moindre cri d'effroi que l'inconnu la projeta durement au sol, la surplombant de son corps de guerrier et faisant d'elle sa prisonnière.

- Qui es-tu ? 

Son visage était impassible et son ton se faisait froid, sévère, implacable.  

- Lâchez- moi ! S'écria Cassiopée. 

Elle serra les lèvres, le cœur battant à tout rompre. 

- Je ne te lâcherais pas tant que je ne saurais pas qui tu es, ton nom, tout de suite.  

Cet ordre ressemblait plus à un grognement. Il émanait une tel puissance de son corps. Cassiopée s'efforça de se défaire de son emprise, en vain, il était plus grand, plus fort. 

- C'est plutôt à moi de vous pouvez cette question, bafouilla-t-elle en se pinçant les lèvres, évitant à tout pris son regard. Pouvez-vous me lâcher s'il vous plaît ? Je vais vous le dire.  

Peinant à contenir son mécontentement face à cette requête, l'inconnu se laissa tomber difficilement aux côtés de la jeune femme, qui peinait à reprendre ses esprits. Cassiopée se releva alors rapidement, reculant de plusieurs pas, souhaitant avant tout s'éloigner de cette homme. Un long silence perdura ou il ne régnait que le bruit incessant des vagues et la respiration sifflante du brun.

- Je m'appelle Cassiopée et vous êtes ici sur l'île Alcyon, lâcha-t-elle contre toute attente. Il faut soigner votre blessure , je vais vous conduire au...

- Anwn, la coupa-t-il.

- Pardon ? 

- Je me prénomme Anwn et je suis un guerrier de Troie.

L'homme au torse balafré, fixait la jeune femme avec une intensité déroutante. Anwn, le sentait il était de plus en plus faible, il ne saurait dire combien de temps il avait erré sur cette plage, ou depuis quand il était blessé. Cassiopée se précipita à ses côtés. 

- Ecoutez moi Anwn, je vais vous conduire au village, on vous prodiguera des soins ; paniquée sa respiration se faisait haletante.

Mais celle-ci fut coupé net lorsque le guerrier posa délicatement sa main sur joue, faisant preuve d'une douceur qu'elle n'aurait pu imaginer venant d'un tel homme. Immédiatement, elle sentit une douce chaleur se propager en elle, incontrôlable et pourtant si agréable. Il la couvrait d'un regard protecteur, lèvres serrées, le regard toujours aussi sombre. Cassiopée avait peine à réaliser ce qu'il se passait mais pour une raison encore méconnu, elle voulait qu'il continu comme si une force mystérieuse la poussait dangereusement vers lui. 

- Ta voix est si douce Cassiopée, dit-il dans un murmure, sombrant peu à peu dans un sommeil profond ou il eut pour dernière image, celle de la belle métisse lui promettant que tout ira bien. 


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Ce texte est une réel antiquité pour moi, il date de plusieurs années. Malgré ces maladresses et ces erreurs de styles, ça me tenait tout particulièrement à cœur de le publier ici, parce qu'il a longtemps peuplé mes écrits et mes pensées. 

Peut être me viendra l'envie de réécrire des textes sur ces deux personnages d'une autre réalité.
Marion :)

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