Une Histoire De Ratés // 1

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D'une seconde à une autre, Richard Tozier se retrouve cloué au sol. Il reste assommé par la force de sa chute, qui le laisse vide et sans ressource. Il ne fait plus aucun mouvement. Seuls les cris de ses amis continuent de résonner tout autour de lui. « Ça » semble par conséquent s'éteindre, et mourir. Il n'y a pas d'autre mot. Mais pour l'heure, quelqu'un d'autre lui semble également disparaître. Le souvenir amer des événements passés ne peut s'arrêter, et s'échapper de son esprit. Comme un mauvais flash. 

En réaction, il reste prostré sur place et sans un mot. Immobile contre le sol humide. Cette vision d'horreur, oppressante, défile toujours devant ses yeux absents. Tout du moins, avant que Edward Kaspbrak ne se penche face à lui. Présentant des iris embrumées, et un visage dégoulinant d'une satisfaction significative.

- Hey, mon pote... ça, ça y'est. J'crois que j'l'ai eu mec... Commence à articuler le nouveau venu, se tenant aux deux flancs opposés de son interlocuteur.

Richie met un certain temps à répondre, comme ébahit par la simple présence de son ami. Silencieux, il se contente d'une seconde. Une seconde pour imprimer à jamais dans sa mémoire, ce visage juvénile et épanoui qu'il discerne dans la pénombre.

- Eddie...

- Je l'ai fait mon pote, regarde ! Il est en train de crever.

L'ancien asthmatique prostré à son dessus se tourne un bref instant. La créature elle, exulte de douleur à plusieurs mètres. Elle retire un sourire sadique à son adversaire, celui qui l'a plaqué au sol quelques instants plus-tôt. Edward fait volte-face vers l'acteur, toujours immobile et allongé. Richard assiste à l'image de son ami dans cette position, face à face et surélevé. Et cette impression de Déjà-Vu réveille immédiatement quelque chose en lui.  Son regard se déforme sous la terreur, avant même que le plus jeune ne puisse lever un sourcil. Il n'a pas le temps de réfléchir.

Eddie se fait entraîner par son ami sur son côté gauche. Si violemment d'ailleurs qu'ils font ensemble plusieurs tours, pour finir par s'écraser contre un tas de pierres au loin. Le coup est sec et brutal : retirant par conséquent une complainte étouffée au plus âgé. Il feint un léger gémissement. Et avant qu'il ne puisse se questionner le moment passé, la seule chose qu'il voit c'est la longue patte noire de tarentule qui s'écrase contre la roche abrupte. Elle l'a pulvérise comme un vulgaire morceau de carton. Ils ont tout deux un bref sursaut d'effroi. 

Puis, arrive une seconde bouffée d'angoisse. Eddie ne peut qu'émettre un faible son étranglé. Il les entend au loin: Bill et le reste du groupe. Ils hurlent leurs prénoms, mais il n'a pas la force de leur répondre. Il prie intérieurement pour que les choses se stoppent d'elles-mêmes, comme par un simple enchantement. Au final, il se fait entraîner malgré lui dans un recoin sombre du vaste champ de bataille.

Les yeux fermés et en état de choc, il reste une poignée de secondes sans pouvoir bouger. Collé avec fermeté à la paroi rocheuse, penant à trouver un second souffle. Il ne saisit pas l'ampleur de la situation à laquelle il vient d'échapper.

- Eddie, Richie ! Hurla Bill.

Le groupe les rejoignent et Ben vient se placer devant eux, le visage déformé par l'inquiétude.

- Vous n'avez rien ?

Kaspbrak ne bouge pas. Seul le fait de broyer la main cramponnée à la sienne est ce qu'il peut encore faire. A ses côtés, Richie continu de le fixer et scrutant sans un mot le T-Shirt infecte qu'il porte. Plus précisément, l'espace où se situe son abdomen. N'ayant que pour seule crainte, un trou béant s'y formant. Et que ce dernier ne s'immacule sans prévenir d'un sang rouge vif.

Fours y-tout (j'suis pas ta mère..!)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant