40. ...et c'est la chute assurée

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Allongée dans mon lit, occupée à contempler le plafond, je ressasse sans arrêt ce moment où mes espoirs et mes rêves se sont envolés.

"Prends le bon choix et reviens moi..."

Quelle blague.

"...quand tu sera revenue à la raison".

Je ricane toute seule. Mon esprit, sournois, ne peut s'empêcher de tourner en boucle cette phrase. Ai-je vraiment perdu la raison ? J'ai écrit cet article en toute connaissance de cause.

Même si je l'ai écris dans un moment de détresse.

Même si je ne comptais pas le montrer à qui que ce soit.

Je savais qu'il y avait toujours un risque. Laisser des traces, des preuves, c'est prendre un risque. Et je l'ai pris tête baissée. Pleinement consciente de ce que je faisais.

"On ne pourra pas continuer à être ensemble, si tu leur fais ça."

On ne pourra pas être ensemble, tout simplement, après cette épreuve. Comment pourrais-je oublier cet ultimatum ? Ce regard ?

Je sens les larmes monter, mais je les refoule d'un geste rageur. J'ai déjà trop pleuré.

Un message d'Aria fait vibrer mon téléphone. Je soupire en constatant qu'elle est déjà arrivée devant chez moi. J'ai une mine à faire peur. Et je dois me rendre à la finale du tournoi de ligue junior. L'ultim match.

La fin du combat. Le début de nombreux rêves.

Mais les miens n'existent plus, ils ont été détruits, piétinés par mon arrogance et ma confiance aveugle en l'avenir. En l'amour.

Qui a dit que l'amour rendait aveugle ?

Il avait tort. L'amour rend naïf et stupide.

Mon téléphone vibre à nouveau. A peine cesse-t-il de vibrer, qu'un nouvel appel retentit.

J'ai envie d'annuler ma participation à cette mascarade. Peut-être Marco serait-il content de prendre ma place ?

J'hésite un instant, avant de saisir ma brosse à cheveux. C'est hors de question que je cède ma place. Je l'ai gagnée. Et ce n'est pas une amourette qui tourne au vinaigre qui va me faire reculer. Si je m'arrête au moindre sentiment, alors je n'avancerais jamais. Je dois être plus forte que ça. Surpasser ma peur de le voir, d'être à nouveau confronté à son regard déçu, d'en perdre mes mots...

Je descends en trombe lorsque le klaxon d'Aria retentit.

Elle m'observe m'installer du coin de l'œil, mais déjà elle démarre en trombe.

- On est limite en retard, gémit-elle en grillant un stop.

J'adopte l'attitude la plus sereine possible et inspire profondément. Ce ne serait peut-être pas si mal...

- Ça va aller, je la rassure.

- Tu peux prévenir William de ne pas partir sans nous ?

Une boule se coince dans ma gorge, m'empêchant de répondre. Je déglutis difficilement.

- Pas besoin, regarde, on n'est plus qu'à une rue.

Elle pince les lèvres, mais reste concentrée sur la route. Elle se gare de travers, saisit son sac sur la plage arrière et saute de la voiture pour rejoindre le bus qui nous attend sagement. Le coach nous lance un regard mécontent.

- Vous êtes en retard, les filles.

- Désolée, je marmonne en suivant Aria qui s'assoit quelques sièges derrière lui.

Derrière l'objectifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant