Chapitre 6

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Le cerveau de Ambre prend définitivement trop de place dans sa boîte crânienne. Elle a de plus en plus mal à la tête. Elle n'ose même pas ouvrir les yeux, de peur que la lumière qu'elle perçoit derrière ses paupière n'empire la situation, mais elle sait que la curiosité va finir par avoir le dessus. Elle ne sait pas où elle est, ni depuis combien de temps elle dort.

Elle sent que son corps est lourd, qu'il lui est difficile de lever le bras ou même de bouger les doigts. Un sentiment d'impuissance grossit dans le ventre de la jolie rousse et elle se décide enfin à ouvrir les yeux.

Elle prend le temps de s'habituer à la luminosité agressive et reconnaît immédiatement la pièce dans laquelle elle est allongée. Elle reconnaît également la femme qui la regarde avec les sourcils froncés et cet air ennuyé qui lui donne envie de la gifler.

"Bonjour Mme Margaux." gromelle Ambre avec une voix rauque.
"Bonjour Ambre, je ne pensais pas vous voir de si tôt." répond-elle en se tournant pour vérifier des infos que la machine qui trône dans les airs à côté d'elle envoie par vagues. Cette fois, la machine est ornée d'une myriade de boutons différents et Ambre se rend compte qu'une multitude de tubes et de fils viennent s'enfoncer dans sa peau. Elle grimace, très peu à l'aise.

La jeune rousse se redresse difficilement, cette fois elle est dans un lit et non pas suspendue dans les airs et ça la rassure un peu. Elle est vêtue des mêmes vêtements qu'elle avait choisis en partant le matin, ou était-ce la veille ?

"Ca fait longtemps que je suis ici ?"
"Seulement quelques heures. Votre Maudit ne devrait pas tarder à arriver, je viens de l'informer que vous êtes réveillée."
"Est ce que vous savez ce qu'il s'est passé ?"
"Malheureusement pas vraiment, nous avons fait une batterie de tests et nous ne pouvons rien vous dire avant d'avoir eu les résultats. Il semblerait que votre corps ait simplement cessé de vous obéir..."

Ah bah super.

Ambre s'assoit au bord du lit, essayant tant bien que mal de repousser la sensation de faiblesse qui accroît à l'intérieur d'elle à chacun de ses mouvements. Elle essaie de se remémorer la situation mais les images ne lui arrivent que par brides. Elle revoit Arthur et son ventre est serré par la colère. Elle revoit Harry, tout près d'elle, son visage angélique sans la moindre arrogance ou méchanceté et cette fois son coeur grossit dans sa poitrine. Elle secoue la tête, gênée par sa réaction et ses propres pensées.

"Est ce qu'il y a eu d'autres... blessés ?" hésite-t-elle.
"Non, seulement vous. Les Maudits sont des durs à cuire, quelques coups de poing ne vont pas les faire pleurer, ni même les abîmer."
"Alors à quoi ça sert..."

Ce n'était pas vraiment une question pour Margaux, plutôt une interrogation interne. Mais la femme à qui Ambre ne peut donner d'âge semble se sentir bavarde aujourd'hui. La jeune femme est surprise du changement d'attitude de la blonde. Elle a toujours cet air agacé qui lui donnerait envie de commettre un meurtre mais dans ses yeux brille une lueur nouvelle. C'est un acte, en fait, elle n'est pas du tout ennuyée par la situation, au contraire même... Elle est très excitée par ce qu'il se passe et ses mains glissent avec rapidité sur les commandes de la machine. Elle note tout ce qu'elle y voit sur son petit carnet.

Elle reprend, sans même regarder Ambre :

"Même si ça ne les blesse pas, à ça peut tout de même faire mal. Parfois, nous n'avons que la douleur physique à infliger pour réparer une douleur morale..."

Elle est coupée dans son explication peu compréhensible par l'apparition soudaine d'une porte dans la pièce et l'ouverture béante et brutale de celle ci. Harry entre en trombe, laisse son regard faire le tour de la salle et en trois immenses enjambées, il est face à Ambre, accroupi entre ses jambes.

Maudit-eOù les histoires vivent. Découvrez maintenant