Le jour se lève, le monde s'anime. Quelques bagnoles un peu préssées viennent s'amasser au feu rouge, aux portes des rampares de la cité des Papes. Le soleil encore orangé se reflète dans le Rhône, où quelques bateaux circulententre dans les flôts. Juste le bruit du mistral vient faire vibrer nos tympans. Des « bonjour » timides parcourent les rues. Des personnes avancent, d'un pas vif et décidé vers la boulangerie du coin, d'où s'échappe une odeur de viennoiseries toutes juste sorties du four. De l'autre côté de la rue, des boutiques hissent leurs stores et nous laissent entrevoir quelques accessoires et décorations de saison. Plus loin, sur la grande place, une horloge nous rappelle que le temps file, et qu'en début de journée il ne faut pas commencer à le perdre. Car, nous avons tous le temps, mais le temps d'une vie seulement. Pourtant, aucun de nous ne réalise réellement la chance qu'il a, du moins je ne pense pas. Aujourd'hui, nous sommes quelqu'un, nous avons tout. Cependant, rien n'est acquis, rien ne nous est promit pour demain. Personne ne sait ce qu'il peut advenir. Nous sommes le vingt deux septembre, l'été est finie depuis peu. Pourtant Avignon attire toujours autant de monde. Aujourd'hui, assise sur ce banc en face du pont enjambant le Rhône, de moitié ; des visages, des mots, des souvenirs traversent et s'emmêlent dans mon esprit. Je profite de ces instants de calme et de séreinité qui s'offrent à moi. Cela fait plusieurs mois, années que tu t'en es allé, et que je ne t'ai pas retrouvé.
Durant ce temps écoulé, partit à jamais, des questions ont virvolté dans mon esprit. Une en particulier me revenait sans cesse. Pourquoi sommes nous tous omnibulés par l'importance de prévoir son avenir, un futur inexistant, incertain. Personne ne sait où il se trouvera demain, mais tout être doué de pensées, sait qu'un jour le sable ne coule plus, que le son des rires au bord de la plage et que le goût d'une crème glacée, ne sont que souvenirs, et finissent par s'arrêter brutalement. Je me lève du banc, salue le fleuve une dernière fois, pour espérer revenir demain. Le vent vient frapper ma joue et les rayons de soleil la réchauffer. Je reprends mon chemin. Je zigzag entre les voitures du parking. Je cours dans les escaliers menant à la place du palais des Papes. Là bas, quelques restaurateurs installent leurs terasses pour la journée. Nous sommes samedi. La foule ne se fait à cette heure ci guère dense, seulement quelques personnes passent dans les ruelles. Je regagne mon appartement. Il ne fait que quelques mètres carré. C'est un petit coin plainsant, agréable. L'été, je me place sur mon balcon et admire les spectacles de rue et les artistes en tout genre. Je me souviens la première fois, où je me suis rendue à ce festival. Le plus grand festival de théatre en tout genre de France, situé en plein cœur de la Provence. Il y avait ce somptueux défilé. Jenous revois dans l'allée principale, souriant, joyeux et enivrés de bonheur. Tu nous y avais convié. Je me place à ma fenêtre,observe les quelques passants qui sillonent la rue de la République. Il est l'heure. Après m'être désaltérée et avoir repris des forces, j'enfile mon blouson en jeans et décide de partir me balader de nouveau, pour profiter de ce bel après-midi ensoleillé. Dans la rue, la journée, j'aperçois des gens se croiser, d'autres se rencontrer à plusieurs reprises. Les mêmes mots et paroles fusent de part et d'autre. Il y a des sourires échangés qui ne durent que quelques secondes, des petits gestes de la main ou bien des « comment vas-tu ? Cela faisait longtemps que je ne t'avais pas vu ! ». C'est en marchant vers le jardin des Doms, qu'une question me vient, « que fais-tu maintenant ? Où es-tu ? ». Il y a tout d'abord toi, mon fidèle allié, la lueur de mes journées qui t'en est allé, mon espoir, et il y a ensuite toi, en seconde plan, celui qui a bercé mon enfance, que j'ai cherché durant des années de part et d'autre du continent, aux frontières de mon cœur de fillette.
Aucune journée, aucune ne se passe sans que mes pensées ne divaguent vers toi. Je me pose en tailleur, dans l'herbe verte du jardin, à côté des magnifiques tulipes. Je les regardes, les contemples. Je suis certaine, qu'elles t'auraient plu. Elles sont jaunes pâles, assorties au décor rougeâtre et verdâtre des différents végétaux. Je sors mon carnet à croquis et décide d'en faire leurs portraits. Il m'arrive, de prendre mes pinceaux, mes crayons et de graver mes rêves et mes vœux les plus chers. Mais, je dois dire, qu'aucun d'entre eux n'a dû être assez grand pour se réaliser. J'ai beau prier et y croire, je n'arrive pas à te retrouver. Tu es perdu dans mes pensées, au creux de mes rêves endormis. Quand mon croquis fut terminé, je remarqua, qu'un grand nombre de personne venait d'arriver. Il y avait des étrangers venus découvrir le monde, conquérir l'inconnu à la recherche de grandeur, ainsi que des petites familles. Il y avait des familles recomposées ou simplement des familles liées d'un amour inconditionnel observables par leur degrés subtile de rire qui venait vous chatouiller les tympans. Je me prends à sourire quelques instants, bêtement, face à ce garçon qui vient de faire tomber sa glace sur le sol. En tournant la tête, j'aperçois des touristes chinoises essayant tant bien que mal de se prendre en photo avec la pont d'Avignon. De l'autre coté une femme joue dans l'herbe avec son chien. Chacun trouve une occupation. Ils sont tous autant qu'ils soient entrain de vivre un moment privilégié, qui restera gravé dans leur mémoire et au creux de leur cœur d'enfant d'adulte. Mon regard divague dans le vide durant plusieurs minutes, puis vient se reposer sur mon carnet. Sur la première page nous pouvons lire "Pour Maddy, une personne à part entière", inscrit à l'encre de chine. Je me souviens, c'était toi qui avait formé à la main cette inscription. C'est une petite partie de toi, que je prends avec moi, au grès de mes déplacements. Je m'allonge dans le parterre fleurie des Doms. Nous sommes au début de l'automne, il fait encore très chaud. Le soleil vient rencontrer une nouvelle fois ma peau. Je décide de me reposer, je ferme les yeux, bercée par les sons délicats des passants.
(je mets la suite prochainement)