Carla a le smile

Chapitre Six

—       Ah non ! Pas celle-là ! Regarde, on dirait que je louche, s'exclame Jeanne en tapant sur l'écran.

Elle n'a pas tort. Cette photo ne la met vraiment pas en valeur.

—     Celle-ci non plus, regarde la robe n'est pas assez dans la lumière, je déclare en cliquant à mon tour sur l'icône corbeille.

A ce rythme là, nous n'aurons pas une seule photo de bonne. Nous continuons notre tri pendant près d'une demi-heure avant de se mettre d'accord sur quelques clichés. Je les fais défiler sur mon écran de portable très satisfaite du résultat.

—      Tu devrais te créer un instagram, non ? suggère Jeanne.

—      C'était dans mes projets en effet.

Jeanne hoche de la tête et me regarde télécharger l'application. Je crée ensuite un compte au nom de la boutique. Je m'apprête à poster une photo quand Jeanne me prend le téléphone des mains.

—     Mais enfin Carla ! Il faut la retoucher la photo ! Look, je vais ajouter un de luminosité, puis un filtre doré...

Je la regarde faire tout un découvrant une photo de plus en plus jolie. Elle est vraiment douée pour ce genre de choses. C'est sûrement sa fibre artiste qui ressort. C'est d'ailleurs pour ça que son compte instagram est suivi par des milliers de personnes. Peut-être qu'elle va percer un jour ? Les marques lui enverront peut-être des produits sponsorisés . Attends, je devrais peut-être devenir son agent. Je me gratte la tête.

—      Déjà 10, attends non trente likes ! s'enthousiaste Jeanne.

Je sors de ma réflexion et lui arrache mon portable des mains. J'écarquille les yeux. Elle a raison ! Le nombre de notifications ne fait qu'augmenter. Mon portable ne semble pas vouloir arrêter de sonner.

Je regarde la présentation de mon compte. Cette fille est vraiment géniale. Elle a mis en photo de profil mon logo, éditer une biographie de tonnerre avec un lien vers ma boutique et le feed - apparemment c'est l'aspect général de mes photos postées - est canon.

J'ai l'impression que mon vieux téléphone va faire une surchauffe avec toutes ces notifications. Peut-être que je devrais m'en acheter un nouveau. Je l'ajouterai à la liste des frais d'entreprise.

L'engouement ne s'était pas calmé durant la nuit. Dès mon réveil, j'ai consulté mon portable qui m'a d'abord ébloui par la luminosité trop forte puis, j'ai vu toutes ces notifications. Des milliers de likes et d'abonnés sont apparus durant mon sommeil. Je reste sans voix quelques instants dans le noir. Ce n'est pas possible que mes petites photos réalisées à la volée avec mon portable dans un château où nous avons bataillé pour entrer peut avoir autant de mentions j'aime. Pourtant les chiffres sont devant mes yeux. Je me redresse dans mon lit avant de me connecter sur mon compte boutique.

SOLD OUT. Mon sang ne fait qu'un tour. J'actualise à nouveau la page.

SOLD OUT. Non, ce n'est pas une erreur. Tous mes articles se sont vendus à des prix que je n'aurais espéré rêver. Ma mâchoire semble se détacher de ma tête et je suis à peu près sure que j'ai bavé sur ma house de couette. Je saute du lit et me mets à danser.

Ma boutique devient célèbre. Je me vois déjà démissionner de mon travail en envoyant paitre mon exécrable patronne, m'acheter une maison où j'aurai un grand nombre de pièces pour stocker mes articles, ou pourquoi pas même un magasin ! Je décide à me préparer pour aller au travail en aspirant déjà à ne plus enfiler cet uniforme.

Durant le trajet, je marche en gardant la tête fixe sur mon portable. Je n'en reviens toujours pas d'avoir réussi à tout vendre. Je me mords la lèvre en prenant conscience du nombre de cartons que je dois réaliser et affranchir. De plus, il faut que j'aille vite chercher de la nouvelle marchandise. Quelle poisse ! Je viens de penser que nous sommes seulement mardi. Je grimace en essayant de trouver une idée pour me procurer des articles avant dimanche, jour des vide greniers.