Chapitre Sept

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Je ne peux m'empêcher de faire des aller-retours depuis tout à l'heure devant l'entrée de l'hôtel des ventes. Mon estomac se tord dans tout les sens, et ma tentative de calmer ma respiration est bien vaine. Plusieurs personnes commencent à s'amasser autour de moi. Bon, je ne vais pas mentir, la moyenne d'âge doit avoisiner la soixantaine d'années, voire plus. Tous les regards semblent posés sur moi, ce qui accroit mon anxiété.

J'ai passé toute la soirée à regarder des émissions et reportages sur la vente aux enchères mais je suis soudainement prise de doutes. J'aurais dû demander à quelqu'un de venir avec moi à la sortie du boulot.

Mais non, je dois me reprendre, tout va bien se passer. Après tout, tu es une star maintenant. Avant de sortir de la voiture, j'ai eu l'immense privilège de voir que la demie-soeur de Selena Gomez a aimé une de mes photos. J'essaie de me raccrocher à cette bonne nouvelle pourrie clamer. Une couple de personnes âgées au look de motard me lance regard de surprise tout en s'engouffrant dans l'entrée. Je devrais probablement y aller moi aussi.

Je pousse la porte à double battants avec hésitation. La salle ne ressemble pas vraiment à ce que j'avais imaginé. La salle s'organise d'une façon particulière. Le commissaire-priseur est sur une estrade de fortune. Plusieurs tables sont disposées devant cette dernière avec toute la marchandise qui déborde au sol entre les rangées de chaises en plastique. L'endroit me fait penser à un vieux hangar désinfecter avec son sol en béton et ses murs en taule.

Je me fraie un chemin à travers tout ce bazar afin de trouver un siège vacant au fond. Être à l'arrière me semble l'idéal à vrai dire. Je peux enchérir en toute discrétion pendant que les autres auront les yeux rivés sur le commissaire-priseur et son marteau en bois. Dès que j'en ai vu un en photo sur google, j'ai voulu m'en commander un. Ce petit marteau en bois est si mignon, ça serait parfait pour une petite déco intérieur. En plus, j'en ai vu des biens à des prix plus que raisonnable sur internet. Malheureusement la connexion a planté puis l'idée est partie aussi rapidement qu'elle ne m'est venue.

— Excusez-moi mademoiselle, mais vous avez un numéro d'acheteur ? me demande ma voisine.

Je me tourne vers cette dernière. Il s'agit d'une femme à la chevelure grisonnante et les traits marqués. Elle est vêtue d'une robe fleuri aux couleurs criardes. On dirait une de ces mamies de publicités qui préparent des cookies pour leurs petits enfants. C'est drôle, je pensais ne voir que des hommes d'affaires ou professionnels.

— Euh non... Il faut en avoir un ? je demande en écarquillant les yeux.

— Mais oui ma petite dame ! Vous êtes nouvelle, c'est normal. Allez au guichet, ils vont vous en donner un, m'explique-t-elle tout en me poussant de ma chaise. Elle y dépose en vitesse son sac à main dessus.

— Ne vous inquiétez pas, je vous garde la place. Vous avez pensé à prendre du liquide ou un chéquier ? continue-t-elle.

— Oui j'ai prévu ! je réponds fière d'y avoir pensé. Merci google.

Je me dirige donc au guichet bizarrement vide. Je pensais qu'il y aurait foule pour récupérer les petits panneaux avec les numéros pour enchérir. J'ai déjà prévu de me faire un super selfie pour mon instagram.

— Bonjour, vous êtes nouvelle n'est-ce-pas ? Désirez vous un numéro d'acheteur ? me demande une femme en tailleur. Son visage est marquée par les années mais elle conserve toujours ce je-ne-sais-quoi de jeunesse. Ses beaux cheveux dorés et son teint éclatant font de sa beauté, intemporelle. Je devrais peut-être embaucher des mannequins séniors aussi dans mon agence.

— Oui tout à fait !

La belle blonde ne me tend pas un petit panneau comme attendu, mais un post it avec un numéro à six chiffres écrit à la main.

Carla a le smileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant