III- June

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Je déambule dans les rues, l'ennui est désormais dans les poches et l'alcool est dans le sang.
Je marche encore et encore sans avoir l'impression d'avancer pour autant.
Je suis un simple penseur, une pauvre philosophe qui marche dans les rues à 5 heures du matin.

Tiens, Dépression est là lui aussi.
Il marche à mes côtés, il a l'air de tanguer.
Non, en fait c'est moi qui ne marche pas droit.

- JE DÉTESTE CETTE VIIIIIIIIIIIE!!!!! hurle-je.
- Calme, Tristesse.
- VOUS ÊTES QU'UNE BANDE DE BOUFFONS YA QUE LA DÉPRESSION QUI COMPTE ICI !!

Dépression soupire et passe son bras autour de mes épaules.

- Ahahahahhahahah bande de chiens jvous traîne dans la boue moi, murmure-je.
- Viens, suis moi, fait mon acolyte.

Je hoche la tête. Il est sobre.
Il me protège.

Pourquoi ne sourit-il pas ?
Pourquoi n'en a-t-il pas le droit ?
La vie est belle, un sourire égaye une journée !
Et lui ?
N'a-t-il pas le droit d'être heureux ?

Il me prend par la main et on court tout les deux.

Peu importe le temps, peu importe l'heure,  peu importe l'âge, je ne le quitterai jamais.
Parce qu'on est fait pour être ensembles.
Parce qu'on est deux naufragé.
Et parce que chacun est la bouée de l'autre.

On monte des escaliers quatre à quatre, le soleil commence à se lever.
Il me fait entrer dans le lycée et nous montons, non sans difficultés, tout en haut de cet établissement.
On s'arrête devant une porte fermée à clefs.

- Merde ! fait-il.
- Quoi ?
- La porte est fermée..
Je m'empare sans trop réfléchir de l'extincteur fixé au mur, et brise le cadena qui ferme la porte.
- June t'es folle !!
- Pourquoiiiiiii ??
- C'est fait pour les incendies! dit-il.
- C'est le feu dans ma tête, monsieur.

Et il pousse la porte d'un coup de pied sec.

Le toit.
Je soupire.
C'est beau.

Je pose l’extincteur et saisis la main de Noah. On sort sur le toit et je m'émerveille devant la beauté de ce ciel.
L'aube baigne l'atmosphère matinale, les nuages sont baignés dans une étendue rose presque violette.

- C'est..
- Magnifique, finit-il.

Je le regarde.
Il me regarde.
Je lui souris.
Il hoche la tête.

Il lâche ma main. Je me sens seule.
Alors je lui prend le bras et le serre contre moi.

- Euhh June ? Ça va pas ?

Je secoue la tête et l'attaque de guillis.

- Je crains pas. lâche-t-il.
- Mais je veux te faire sourire !!!

Mes larmes montent de désespoir. Je suis si bien avec lui, alors pourquoi n'est-ce pas réciproque ?
Il me dévisage et j'entrevois de la peine dans son regard.

- Ne sois pas triste, dit-il.
- Si.
- Je ne peux pas sourire.
- Pourquoi ?
- Je suis puni.
- Qu'as tu fait ?
- Je suis ce que je suis.
- C'est à dire ?
- Dépressif.

Mon cœur rate un battement. Et sans réfléchir je m'empare de ses lèvres.

ƬƲ ЄƧ MƠƝ ƖƝƇЄƝƊƖEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant