VII- June

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Je ris.

Pour le première fois depuis un mois, je ris.

Et on court, main dans la main, lui devant et moi derrière.

Son euphorie nous emmène jusqu'à un garage à vieux vélos, pas très loin du lycée.

- Chut, fais pas de bruit.

Je hoche la tête, ne comprenant pas ce qu'il veut faire.

- Attend-moi là, je reviens.

Je m'accroupis derrière le garage et attend, le sourire au lèvres. Je ne sais ce qu'il veut faire, mais je sens que ca va être drôle. Et je sais que je peux lui faire confiance.
Puisque c'est mon meilleur ami.

Ça me fait plaisir qu'il soit revenu. Je pensais qu'il allait m'abandonner, Mais finalement non.

Je crois que..

- JUNE !!!!

Je sursaute et me lève, cherchant des yeux mon interlocuteur. J'aperçois Noah chevauchant un vieux vélo des années 70 qui me fait signe de le suivre.
Je cours derrière lui tentant de le rattraper.

Il s'arrête et je parviens à monter derrière lui. Je me colle contre son dos et une vague de chaleur me submerge.

- Il t'a coûté combien ? demande-je.
- Je l'ai pas acheté!
- Hein ??

Il me lance un regard enjoué tandis qu'un vieux monsieur crie en essayant de nous courser:

- BANDE DE CHENAPANS, JE VAIS VOUS ATTRAPER MOI ET VOUS VERREZ BIEN C'QUI VA SE PASSER !!!!!!

Je frissonne et Noah esquisse un sourire rassurant.
Nous zigzaguons dans les rues de la ville et essayons de ne pas nous faire remarquer.
Je profite de la sensation du vent que procure la vitesse qui frotte mes joues et de la chaleur de mon meilleur ami, sur lequel j'appuie ma tête, savourant cet instant.
Les sirènes de la police se font entendre derrière nous lorsque nous pénétrons dans l'enceinte du parc municipale.

Je devrais être stressée, mais c'est tout le contraire.
La vie paraît tellement belle.
La vie est tellement belle.

Je ris sans aucune raison dans l'oreille de Noah, je ris parce que je suis contente de vivre.
Je lève mes bras en l'air et fais des doigts d'honneur de derrière aux voitures de police qui se sont arrêtées à la lisière du parc.
On traverse les arbres, mains en l'air et criant à quel point on emmerde le monde.

- WOUUHOUUUUUUUUUUUUUUUU !
- OUAAAAAAAAAAAAAIIIIS !!

Nous sortons à toute vitesse du parc. Le soleil commence à se coucher, les rayons baignent le ciel d'un orange crépusculaire.

- Et maintenant ? fais-je.
- Maintenant, on va jusqu'à la mer.

Je ris encore une fois.

Nous abandonnons le vélo sur le trottoir d'une rue et nous nous mettons à courir, nos doigts entrelacés entre eux.
Ça parait si naturel.

Nous nous arrêtons à un carrefour, hors d'haleine, sur un trottoir étroit.

- Content d'avoir échappé aux flics, fait-il d'un ton enjoué.
- La mer est loin ?
- Un kilomètre pas plus !

Je ris et je le tire par le bras, en plein milieu de la route. Je sais que ce qu'on fait n'est pas bien, mais je m'en fiche, vu que je le fais avec lui.

- Noah?
- Oui ?
- je crois que je suis heureuse !
- Sincèrement? répond-il, des étoiles dans les yeux.
- Oui! J'en suis sûre, je suis heureuse !

Et, sur ses lèvres se dessine lentement un sourire radieux.

- Tu souris ! Tu souris !! C'est la première fois ! fais-je, le cœur léger.
- Je souris parce que moi aussi je suis heureux.

Ce sentiment d'euphorie est tout simplement magique.

Oui, nous sommes magiques.

J'ai la certitude à cet instant précis d'être née pour ce moment là.
Yeux dans les yeux, ses perles bleues azures sont si profondes que je m'y perd. Je suis si troublée.
Nos mains sont fermement liées, attachées et solides.
Nous sourions, et une légère brise anime nos cheveux. C'est une bulle où nous vivons ensembles, une connexion intense.

Et en un ton respirant le bonheur, je met au monde des mots qui me paraissent si évident:

- Noah, je t'aim-

Soudain, plus aucun souffle.

ƬƲ ЄƧ MƠƝ ƖƝƇЄƝƊƖEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant