Chapitre 5:

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Harry ouvrit lentement les yeux. Il était toujours allongé dans l'herbe, devenue plus froide à mesure que le jour avait commencé à décliner. Il se releva légèrement et observa les alentours. Il n'y avait personne. Il espérait que le couvre-feu n'était pas dépassé. Il n'avait pas besoin de donner un motif supplémentaire à Rogue pour le faire exclure. Il se redressa subitement et épousseta sa robe pour enlever les brins d'herbe s'y étant accrochés. Puis il se mit à courir en direction de l'entrée du château, haletant. Lorsqu'il arriva sur la plus haute marche menant à la grande porte, il aperçut dans l'embrasure une personne qu'il se serait bien gardé de voir.

"Salut Harry, commença Ginny, un air déterminé sur le visage."

Harry comprit de suite que cette discussion allait être très peu agréable.

"Euh... Salut Ginny. Je suis désolé, mais je dois partir. Je n'ai pas le temps de discuter, tenta le jeune homme, espérant sincèrement que son ex petite amie renoncerait à toute forme d'interrogatoire.

-Ce ne sera pas long, ne t'en fais pas, continua cette dernière, imperturbable."

Le jeune lion serra les dents. Il était inutile de discuter, elle ne lâcherait pas l'affaire. Depuis le temps qu'il la connaissait, il savait tout de même reconnaître les situations inévitables. Il souffla imperceptiblement.

"Je t'écoute Ginny. Qu'est-ce que tu veux?

-Je me demandais si... Comment dire? Enfin, si tu accepterais que l'on se remette ensemble."

La jeune fille baissa les yeux et fixa ses chaussures, les joues empourprées. Harry laissa échapper un soupir de soulagement. Ainsi donc, elle n'était au courant de rien concernant les sentiments de Ron à son égard. Puis, quelques instants plus tard, il se rendit compte de ce que la rouquine venait de lui demander. Le sourire qui avait pris place sur son visage s'envola aussitôt.

"Ginny, je suis vraiment désolé mais... Enfin, tu le sais quoi. Je... je ne suis plus amoureux de toi, pardonne-moi."

Harry baissa les yeux à son tour, attristé par la douleur qu'il avait probablement infligée à la jeune fille.

"Je sais, mais... Je me disais qu'on aurait pu se laisser une seconde chance, expliqua-t-elle en relevant la tête, son visage reflétant l'espoir qui l'animait.

-Je suis désolé Ginny, c'est non. Je préfère sincèrement que l'on reste amis, et je ne veux pas te donner de faux espoirs en m'engageant dans une relation mensongère. Tu trouveras quelqu'un Ginny. Mais ce quelqu'un, ce ne sera pas moi."

Les yeux de la jeune fille s'emplirent de larmes. Harry pensa qu'il était sûrement allé beaucoup trop loin, mais il ne le regrettait pas. Lui faire croire que quelque chose était possible entre eux serait bien plus douloureux sur le long terme que de lui dire la réalité en face. Non, Harry ne s'en voulait pas. Il avait agi pour son bien. Pour le plus grand bien. 

"Bonne soirée Ginny, conclut le jeune homme en s'en allant."

Il se dirigea vers la Grande Salle, dans laquelle se trouvaient tous ses camarades. Il était vraisemblablement l'heure de manger. Harry était soulagé. Il n'avait pas dépassé le couvre-feu, ce qui était déjà un bon point. Il marchait mécaniquement en direction de sa place habituelle, lorsqu'il se rendit compte qu'il ferait mieux de ne pas s'y asseoir. Il releva alors les yeux et chercha rapidement une place libre dans la salle. Il n'en vit aucune. Il regarda de nouveau l'endroit où il s'asseyait habituellement. Ron s'était légèrement décalé, empêchant quiconque de venir. Harry se retrouvait donc debout en plein milieu de la Grande Salle, ne sachant que faire. Les regards étaient encore et toujours tournés vers lui, et les chuchotements qu'il entendait derrière son dos le mettaient de plus en plus mal à l'aise.

McGonagall, témoin de la scène, se leva et se dirigea vers le jeune homme. Elle le somma de la suivre et le fit s'installer à sa place, devant les yeux ébahis des autres élèves. Harry la remercia dans un souffle, honteux. Il prit une cuisse de poulet dans un bol posé devant lui et commença à la couper avec ses couverts, ne souhaitant pas manger avec les doigts devant ses enseignants. Puis, alors qu'il tentait désespérément de piquer sa fourchette dans la viande huileuse, il entendit un soupir moqueur à côté de lui. Il tourna alors la tête, persuadé d'avoir reconnu le propriétaire de ce souffle. Lorsqu'il se rendit compte qu'il avait effectivement comme voisin son professeur de défense contre les forces du mal, il faillit s'étouffer avec sa propre salive. L'enseignant leva les yeux au ciel.

"Alors Potter, on ne vous a pas appris à manger convenablement? le railla Rogue.

-Et vous, on ne vous a pas appris à arrêter de rabaisser les gens pour vous sentir exister? cria le jeune homme, vexé par la remarque qu'il venait de recevoir."

Rogue se leva et surplomba Harry de toute sa hauteur. Ce dernier se recroquevilla sur sa chaise, terrifié (tu m'étonnes!).

Hagrid accouru, se plaçant entre Rogue et Harry. Il lança un regard noir à son collègue.

"Calmez-vous, professeur Rogue. Harry n'est qu'un enfant, il n'a pas pensé à vous blesser en disant cela, tenta le demi-géant, désespéré de les voir se disputer perpétuellement.

-Si, Hagrid, je l'ai fait précisément dans le but de le vexer, répondit le jeune homme, un sourire provocateur sur le coin des lèvres. Il est temps que ce bâtard des cachots comprenne que je ne suis pas son chien, et qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui si ma mère ne l'a jamais aimé."

Un silence impressionnant se fit dans l'intégralité de la Grande Salle. Chacun attendait et redoutait la suite des évènements. Les professeurs s'étaient figés, tandis que les élèves bougeaient dans tous les sens, tentant désespérément d'apercevoir la scène.

Rogue s'approcha de Harry. Le Gryffondor retint son souffle. Il était, encore une fois, allé beaucoup trop loin. Puis, imperceptiblement, Rogue chuchota une phrase. Une phrase que Harry n'était pas prêt d'oublier:

"A choisir, M. Potter, j'aurais largement préféré me taper votre père, les attributs que possédaient votre mère ne m'intéressant que très peu."

Les yeux de Harry s'écarquillèrent. Ainsi donc, son professeur était homosexuel! Le jeune homme se sentit rougir.

"Mais pourquoi je rougis? murmura-t-il, persuadé que personne ne l'entendrait.

-C'est une question à laquelle je pourrais vous apporter une multitude de réponses, M. Potter, répliqua  l'enseignant, son habituel rictus moqueur plaqué sur le visage."

Pour la première fois de sa vie, Harry trouva ledit visage de son professeur passablement attirant. A cette pensée, la couleur de ses joues s'intensifia, lui donnant une teinte proche de celle des robes d'Ombrage.

"La plus plausible serait évidemment le fait que vous me trouviez particulièrement à votre goût, M. Potter, continua Rogue, sa voix se faisant encore plus moqueuse qu'à l'accoutumée.

-Je... Vous... N'importe quoi, se défendit piteusement le jeune homme."

Rogue éclata d'un rire sarcastique.

"Vous êtes aussi discret que votre idiot de père, Potter. La prochaine fois, ayez la bonne idée de porter une robe plus large, conclut Severus, fier de lui."

Il se dirigea alors vers les cachots d'un pas rapide, sa robe de sorcier voletant derrière lui, lui donnant un air félin. Il était fier de l'état dans lequel il avait mis son élève. Après tout, ce dernier l'avait bien mérité.



Un amour inattendu (Snarry) EN PAUSE!!!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant