Chapitre 2 : Driftwood Beach

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-Penses bien à fermer la porte derrière toi ma puce, intervint mon père en me voyant entrer.

-Papa, j'ai quelque chose à te dire.

-Je t'écoute ma fille.

-On a volé mon vélo, enfin je crois, dis-je hésitante.

-Comment ça tu crois ?

-Je l'avais posé le temps de dessiner et puis quand j'ai voulu partir, il n'était plus au bord de la route.

Mon père s'avança vers moi et me pris dans ses bras.

-Ce n'est qu'un vélo, ne t'inquiète pas, je vais t'en trouver un tout neuf pour le remplacer. Il me relâcha. Tu veux toujours un panier devant ?

-Oui pour mettre mon carnet.

Il sourit avant de s'éloigner vers son bureau, téléphone à la main. Il s'apprêtait à repartir pour de longues heures de travail. Montant dans ma chambre, je fis un arrêt dans celle de Lizzie mais fut surprise de ne pas l'y trouver. Je refermais la porte et regagnais la mienne. Assise sur mon lit, j'observais le paysage découpé par la fenêtre. Un sentiment de calme et de solitude planait. Un sentiment bien loin de ce que j'avais pu ressentir aujourd'hui. Il y a des journées bien étranges. Demain j'avais rendez-vous au petit lycée de l'île avec l'équipe pédagogique. Elle devait nous présenter les locaux et le fonctionnement atypique de l'établissement à Arthur, Lizzie et moi. Je me levais de mon lit, m'approchais du bureau et me renseignais sur la météo du lendemain pour prévoir une tenue en conséquence. Grand soleil et chaud. Parfait. D'un bond je me tenais devant le dressing à la recherche d'une tenue. J'hésitais entre plusieurs petits hauts, mais j'avais réussi à trancher pour un short en jean. Une fois cette tâche rondement menée, je saisis mon carnet de dessins et m'affalais sur mon lit. Je n'avais pas eu le temps de voir le croquis de l'aigrette que j'avais fait tout à l'heure. A vrai dire cet instant suspendu me paraissait presque relever du rêve après les évènements qui avaient suivi. J'ouvris mon carnet à la couverture en liège et me rendis à mon dernier coup de crayon. Ce ne fut pas le dessin qui attira mon attention mais un petit bout de papier volant qui semblait avoir été glissé dans le carnet. Dessus une écriture fine à peine lisible disait : « il y a une fête ce soir à Driftwood Beach ». Aucune autre indication n'était écrite. Pas d'heure, ni même d'invitation claire réclamant ma présence. Seulement le lieu. Je reposais le bout de papier sur à sa place et refermais mon carnet. J'attrapais mon téléphone pour appeler mon frère. Après avoir eu son accord pour se rendre à la fête, je descendis prévenir ma mère. Elle était dans le salon, un verre de blanc à la main et le regard plongé au loin derrière la baie vitrée.

-Maman ? Tout va bien ?

-Oui ma puce, ne t'inquiète pas, ce sont tous ces changements, ça donne le tournis, dit-elle en effectuant un mouvement vague de la main.

-Je voulais juste te prévenir qu'on a été invité à une fête par les jeunes de l'île ce soir.

-Une fête ? C'est gentil à eux de vous inviter. Soyez prudent.

Après un coup d'œil sur la grande horloge trônant au salon, je me dirigeais vers la cuisine pour commander un diner rapide avant de pouvoir aller me préparer.

Il me fallait trouver la tenue exceptionnelle pour cette soirée. C'était une soirée sur une plage. Il y avait donc moyen pour qu'on finisse à l'eau. J'attrapais un maillot de bain et le mis. Il fallait que cette tenue me mette en valeur sans pour autant renvoyer une image trop embourgeoisée de moi. Elle se devait d'être simple mais appropriée pour une soirée. Ma robe blanche. Elle était parfaite. Ses manches courtes tombaient sur le bras dégageant mes épaules. Sa longueur aux genoux ainsi que son tissu en lin la rendaient parfaitement décontractée et simple. C'était exactement ce que je voulais. J'attrapais une paire de sandales plates tressées qui iraient parfaitement avec la robe. Devant le miroir, je m'appliquais à me sécher les cheveux encore humides après ma douche. Un léger coup de fard à paupière dorés, du mascara et enfin j'appliquais un rouge à lèvre rosé pour rester dans le côté bohème et nude. Me regardant dans mon grand miroir une dernière fois, je fus satisfaite du résultat. Je descendis à la recherche de mon frère. Il était dehors, un verre dans une main, une cigarette dans l'autre.

-Ça y est tu es prête ?

-C'est bon grand frère !

-On doit passer récupérer mon pote Ambrose avant.

-Alors c'est ton pote maintenant ? remarquais-je en riant.

Montant dans la voiture j'observais le paysage nocturne défiler par la fenêtre. Mon frère s'arrêta devant une villa somptueuse aux balcons décorés avec goût. La porte s'ouvrit et deux garçons sortirent. Le premier grand, blond au physique de surfer et le deuxième métis, encore plus grand que le premier était taillé comme un athlète. Ils ouvrirent la porte de la voiture et entrèrent avec fracas.

-Alors Young prêt pour ta première beuverie sur l'île ! cria l'athlète.

-Calme toi Davis, il y a une dame, ria le blond que je supposais être Ambrose.

-Les gars je vous présente ma sœur, intervint Arthur tout en conduisant.

-Salut les garçons, dis-je en me tournant vers eux. Je m'appelle Kacey.

-Ambrose et cet espèce d'imbécile bourré de testostérone c'est Davis, dit-il en montrant l'intéressé du menton.

La plage était déjà bondée, j'étais incapable de dire combien de personnes se trouvaient riant, dansant et buvant ici. Une chose est sûre, le cadre était absolument magique. On suivit Davis et Ambrose qui semblaient être familiers de ce type de soirée. Ils discutèrent avec une fille et un garçon qui tenaient semble-t-il le bar improvisé. Je m'avançais à mon tour.

-Mademoiselle, lança le garçon avec un sourire absolument charmeur que je lui retournais sans mal. Je m'appelle Jessi Jones Donovan mais appelle moi JJ, je serai ton serveur, ton protecteur, tout ce que tu veux pour la soirée. Laisse-moi te servir un petit cocktail fait par mes soins, tu vas adorer !

-Avec grand plaisir JJ, répondis-je en riant de bon cœur.

Il me tendit un verre dont la composition m'était totalement étrangère mais qu'importe, j'étais ici pour m'amuser. J'avançais le gobelet à mes lèvres et laissais le liquide couler dans ma gorge. Je suis persuadée que c'était fort mais l'alcool était masqué par le sucre.

-C'est vraiment super bon, dis-je à JJ qui m'observais impatient.

-Je te l'avais dit ! Avec mes potes on est les meilleurs pour organiser les soirées, ne te demande pas pourquoi !énonça-t-il glorieux en écartant les bras.

Sa joie de vivre et son grain de folie était très communicatif. Je me sentais bien, à l'aise, comme si j'avais toujours été ici.

-Kacey, cria une voix derrière moi, tu ferais mieux de venir avec nous. JJ fait partie de ses parasites terrestres très répandu sur cette île, ajouta Ambrose une fois à ma hauteur.

-Ferme ta gueule Cameron, cracha JJ.

-Sinon quoi ? le toisa Ambrose en avançant vers lui.

JJ ne parut pas le moins du monde impressionné. Je devinais vite qu'ils devaient souvent se prendre la tête. Les insinuations sur ma condition de la journée me revinrent en mémoire. En observant bien on remarquait vite qu'Ambrose venait de mon monde, riche et bourgeois du haut de l'île. En revanche JJ devait venir des bayous, de la partie marécageuse et pauvre de l'île.

-Laisse tomber JJ, s'interpose la fille à côté de lui.

-Non il y en a marre que ces connards se croient chez eux ici. Tu sais quoi Ambrose, le parasite ici c'est toi et toute ta clique de bourge.

JJ lança un dernier regard de mépris à Ambrose avant de se laisser entrainer par son amie. J'avais observé cette scène silencieuse. L'insouciance et la joie que m'avait communiqué JJ avaient disparu.

-Ce gars est un paumé, vraiment tu devrais faire attention.

Ambrose m'avait tiré de ma rêverie. Il semblait sincèrement s'inquiéter pour moi. Peut-être devais-je lui faire confiance. Il était ici depuis longtemps et devais connaître le moindre de ses habitants. S'il disait que JJ n'était pas fréquentable, il devait avoir raison. Je lui souris et le suivis vers la plage.

La compagnie d'Ambrose était agréable, c'était un garçon calme et posé. J'appréciais vraiment sa conversation. Je ne regretterai pas d'être venu ce soir. Je ne sais pas qui avait glissé ce mot dans mon carnet à dessin ni même s'il m'était destiné mais qu'importe. 

Louis IslandOù les histoires vivent. Découvrez maintenant