Chapitre I

20 2 0
                                    

Point de vue || Princesse de Valmé

La Princesse de Valmé était dans une rage folle.

« - Pour qui se prend ce... ce scélérat ?! »

Il avait osé. Le Duc de Chastelaure la réclamait comme épouse. Elle soupira de déconvenue, soudain lasse. Cela faisait à peine deux semaines qu'elle avait accédé au trône et elle en était déjà fatiguée. Elle devait sans cesse batailler pour s'imposer et, sous prétexte qu'elle était une femme, certains nobliaux se permettaient de lui donner des conseils tel que " vous devriez vous marier, un époux s'y entendra mieux que vous en affaires ". Et voilà qu'elle allait maintenant y être contrainte. Avec ce duc arrogant, qui plus est. Elle ne se donnait pas deux jours avant de n'en plus pouvoir. Quoiqu'il en soit, elle en était bien consciente, elle n'avait pas le choix. Les caisses du royaume étaient vides et l'armée royale au plus bas. L'époque où celle-ci était capable de mener une offensive était révolue depuis bien longtemps tandis qu'en face, se trouvait la puissante armée du duc, connue pour sa force et sa grandeur. Tristan de Chastelaure possédait en effet une armée qui dépassait largement, en nombre comme en puissance l'armée royale.
Rowena fit appeler son conseiller personnel, Aymeric de Valmont, l'un des seuls qui ne la prenait pas pour une incapable, et lui expliqua la situation.

« - Votre Altesse, il vous faut reconsidérer l'offre. Le Duc de Chastelaure est le parti le plus convoité du pays. À seulement vingt-trois ans, il réunit la plus grande fortune de tous les héritiers en âge de se marier, ce à quoi il allie, un physique fort avantageux, et des domaines seigneuriaux disséminés dans toute la France. Enfin, il a déjà prouvé sa bravoure et sa loyauté au service de votre père.

- Il semblerait qu'il ait perdu sa loyauté en cours de route... marmonna Rowena. »

Reprenant la discussion, elle déclara, la mine courroucée :

« - Ce n'est pas parce qu'il est né dans une bonne famille et qu'il a un joli minois qu'il peut tout se permettre. Ce malotru profite de la situation ! Il est hors de question que j'épouse ce duc de pacotille s'il peut en être autrement ! Je suis certaine qu'il n'est qu'un coureur de jupons, arrogant au possible ! »

Eh bien, songea le malheureux conseiller, victime d'une colère qu'il n'avait pas provoquée, la rencontre entre ces deux-là promettait d'être houleuse. De fait, il avait beaucoup entendu parler du duc, et celui-ci paraissait avoir un caractère enflammé. Mais la princesse avait raison, le duc n'était pas réputé pour être un saint homme. Il avait plutôt tendance à saisir les opportunités qui se présentaient. Il possédait également une volonté de fer et était habitué à obtenir ce qu'il désirait, c'est-à-dire dans le cas présent, l'héritière du trône.

Celle-ci finit par se calmer, remarquant que cela n'arrangerait pas sa situation, et accepta d'écouter son conseiller.

« - Il est possible qu'il existe une autre solution, mais vous prendriez des risques en dupant le duc et je doute que ce soit une bonne idée. S'il venait à le découvrir, vous auriez beaucoup de peine à vous sortir de ce mauvais pas. Malgré cela, il se pourrait que vous puissiez échapper à cette union. Si toutefois vous le souhaitez réellement. »

Le coup d'œil glacial de la princesse suffit à lui faire comprendre sa détermination.

***

Finalement, après une longue discussion et quelques arrangements, la Princesse de Valmé ordonna la préparation de ses bagages. Un long voyage l'attendait. Le domaine principal du Duc de Chastelaure, qui était également son lieu de résidence, se trouvait à plus de quatre jours de chevauchée du palais royal.
Elle dépêcha rapidement un coursier afin de prévenir le duc de son arrivée prochaine. Le délai accordé se terminait dans trois jours et il serait fâcheux que le duc ne leur déclara la guerre alors même qu'ils venaient à sa rencontre afin d'accepter sa proposition.

Royal ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant