Prologue

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Nos quartiers nous abritent mais ce n'est pas la seule chose qu'ils font. Ils nous construisent, nous grandissent plus que n'importe quoi d'autre. Au-delà de ça, au sein même de nos quartiers se passent de grandes choses, des histoires d'amour assez semblables les unes aux autres mais toutes aussi différentes et uniques les unes que les autres. La mienne ne dérogera pas à cette règle, quand l'amour se mélange aux galères, là apparaissent les plus fortes histoires d'amour ... Je m'appelle Ihsâne, d'origine, je suis comorienne de mon père et marocaine de ma mère ; j'ai 19 ans et voilà mon histoire.

Si on devait me définir, ce serait par mon passé. Ouais, c'est sûrement ce qui a de plus ancré en moi, ce qui a formé mon caractère. Je suis le fruit de mon passé plus à la dure qu'autre chose. Aucun des membres de ma famille n'a jamais fait partie des tendres, bien au contraire. Mon père était une terreur au niveau de l'éducation, il était loin de blaguer, des coups ont en a vu passer mais c'était simplement sa manière à lui, de nous dire ces deux mots qui te brisent un orgueil !

Mon passé a été compliqué. J'en parle rarement, ça m'a beaucoup renfermée mais les plus grandes lignes sont simples : le métissage de mes parents a ruiné mon entourage. La famille de mon père n'a jamais accepté son mariage avec ma mère, ni la famille qu'il a construis avec. Et la raison était aussi simple que stupide ; il était noir et elle était arabe [...] Résultat des comptes, treize ans plus tard, il craque et prend la porte.

« Et maintenant ? » C'était ma phrase phare à l'époque. Mon père est parti de la baraque, pas le temps de se morfondre. Au-delà de la figure paternel, c'est la source de toutes les richesses qui a pris la fuite. La Yemma a trimé, du matin au soir elle a taffé, de même pour le grand-frère et quand à moi c'est mon enfance que j'ai sacrifié, au profit de l'éducation des petits. J'ai toujours eu beaucoup de colère en moi, pour ça mais si dans ma tête, je me suis toujours demandée ce que je pourrais bien faire pour mon avenir ; mes actes eux parlaient d'eux-même. J'ai essayé de rester droite parce que la famille n'avait pas besoin de ça, pas besoin d'une réputation en plus de toutes les galères qu'on avait déjà.

Al hamdûlilah, mon passé n'est pas qu'un truc qui m'a peiné ; c'est aussi une enfance faite de délire avec la fratrie. J'ai un grand-frère et deux petits ; je suis la seule fille, ça a souvent été rude mais on s'en remet. Mon grand-frère c'est Huseiyn, une espèce de grande armoire à glace, de plus de vingt mètres de haut pour seulement vingt-quatre ans d'âge. Mon frère c'est ma référence ; il ne parle pas beaucoup, c'est l'un des rares trait de caractère que l'on a en commun. Il est plus dur qu'autre chose mais c'est sa façon d'être.

Mon premier petit-frère se nomme Jalil, un pur produit de l'Islam, TbarakAllah ! C'est un déconneur, il a très souvent le sourire aux lèvres et te le donne aussi souvent. Il a 16 ans, il est donc plus petit que moi mais à sa taille, on dirait facilement que c'est lui le plus grand. Il sait se faire discret, il ne cherche pas à attirer l'attention ; il vit sa petite vie, ses cours, sa famille et son dîne ; c'est tout ce qui le rend aussi attrayant aux yeux de ces petites ...

Mon second petit-frère et donc le petit dernier de la famille se nomme Wajdi. À onze ans, il a déjà accumulé un nombre assez impressionnant de conneries à son actif mais pourtant c'est l'une de mes plus grosses fiertés ce petit. Je revois énormément mon père dans ses yeux, Sûbhan'Allah. C'est celui avec qui j'ai le moins de mal à parler, il est encore petit, il a l'insouciance dans les gestes, dans les mots et c'est sûrement ça qui me pousse le plus à l'aimer aussi fort !

Voilà, tout ça c'est moi, enfin ce que vous avez besoin de savoir pour l'instant ...

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Chronique fictive  !

« Chronique d'Ihsâne : Pour le cœur d'un homme. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant