Partie 12 - « Le début du rêve »

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« Je n'ai rien à gagner, rien à perdre. Pas même la vie. Je n'y aime que la mort, ce qui est cassé ou détruit. J'aime surtout ce qui vous fait peur. La douleur et la nuit »

24 février 2008, le mariage d'Ilhem.

Toute la famille était allée à la mairie, pas moi et Huss' m'a laissé faire, il devait passer me prendre pour que j'assiste à la soirée dans les coups de 08h du soir in sha Allah. J'ai passé la journée avec Sawsen et Neri au téléphone. Elle était allée dans le sud, elle avait réglé ses affaires d'argent et de ce que j'ai pu comprendre, grâce à Yûnus. Elle était encore à la recherche d'un travail et in sha Allah qu'elle en trouve un.

Huss' m'avait laissé son portable pour qu'il puisse me joindre et dans les coups de 7h, il a vibré, c'était affiché : « appel entrant : Yougo » alias Yûnus au quartier. Je n'ose pas décrocher, on n'était pas forcément en bon terme ces temps-ci et puis de toute manière c'était sûrement mon frère qu'il cherchait à contacter alors j'ai laissé sonner une fois mais il a insisté et poussée par la curiosité, j'ai fini par décrocher :

- Yûnus : Dix ans pour décrocher z*bi !

- S.. Salam aleikoum Yûnus, Huss' est au mariage e..

- Yûnus : Je sais, descends c'est moi qui t'emmènes.

- Quoi ?

- Yûnus : Ihsâne dans dix minutes t'es en-bas et je vais pas t'attendre wallah.

Je n'étais pas rassurée à l'idée de me retrouver seule avec lui après nôtre « embrouille » de la dernière fois et il avait l'air sur les nerfs en plus. Je descends quand même en espérant que mon frère soit au courant de tout ça. Sa voiture était garée droit devant le bâtiment, je me dirige vers-elle avec appréhension, « bismillah » et je suis montée.

Il était assis là, bas de costard noir et chemise blanche, comme coiffure il avait plaqué ses cheveux au gel et que dire de plus si ce n'est qu'il était vraiment beau ma sha Allah. On se passe le salem et c'est en silence qu'il démarre. J'ai ses mots de la dernière fois en tête, ceux qui me disaient clairement de ne pas insister sur cette « relation » et je n'arrive pas à penser à autre chose sur le moment :

- Yûnus : Montre tes sbâts.

Je lui montre, les talons étaient fins et petits, rien de fou, en plus on ne les voyaient pas grâce à la robe mais ça ne lui a pas plû :

- Yûnus : Bsarthek comment tu t'habilles maintenant.

- Je les mets pas pour aller n'importe où, c'est un mariage, on met pas de baskets à un mariage.

- Yûnus : T'ouvres ta bouche en plus ?

- Tu me parles, je te réponds.

- Yûnus : Mon poing dans ta face, tu me réponds aussi. J'attends pas de réponses à mes mots là, juste que tu la fermes.

On peut discuter ; on est, je pense, tous les deux assez intelligents pour ça mais cette idée avait l'air de lui échapper ! Il voulait avoir le dernier mot sur tout, il avait ce besoin quasi irrationnel de tout contrôler et ça me tapait de plus en plus sur le système nerveux. 

On roule donc dans le silence, un silence pesant parce que plein de ressentiments, en tout cas pour ma part. Je n'avais pas aimé sa manière de se comporter la dernière fois et j'aimais encore moins la façon qu'il avait de passer ses nerfs sur moi donc là, j'étais un peu en colère. Au beau milieu de l'autoroute, son téléphone sonne, par respect je n'ai pas regardé qui c'était mais vu le silence ambiant, je pouvais entendre la voix d'une fille à l'autre bout :

- Yûnus : Tu veux quoi ? [...] Écoute, écoute - en coupant son interlocutrice - je m'en bats les couilles de ta vie, et si tu continues de crier, je te jure wAllah que tu vas pas te reconnaître dans la glace alors ferme ta gueule t'entends ça ? [...]

« Chronique d'Ihsâne : Pour le cœur d'un homme. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant