Tu gagnes.

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Jules

C'est mon anniversaire. Je ne voulais pas le fêter mais les gars m'ont décidé à sortir avec eux au cinéma. Nous avons invité certaines filles du gymnase. Je t'ai invité évidemment. Et Diana aussi. Nous sommes devenus bons amis depuis quelques temps. Elle est marrante et mignonne. Tu l'aimerais bien. Je crois que tu m'en veux. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais je suppose que tu finiras par me le dire. Je m'efforce d'être gentil avec toi, même quand me repousser semble être devenu pour toi une activité dans laquelle tu excelles. Tu as beaucoup d'imagination dans ce domaine, je dois le reconnaitre.

D'abord tu as eu la phase de déni. Tu me disais de te laisser tranquille, tu évitais mon regard, tu sortais du gymnase quand j'y entrais alors qu'on savait tous les deux que tu n'avais nulle part d'autre où aller. Et lorsque je t'envoyais des messages, tu te bornais à m'expliquer qu'on ne pouvait plus être amis, que nous n'étions pas compatibles et toutes sortes d'excuses aussi incompréhensibles les unes que les autres. Puis tu as fait preuve de méchanceté. Tu as dit que nous n'avions jamais été amis finalement et que cela avait duré uniquement le temps que je prenne mes marques. Tu m'as expliqué que tu savais ce que cela faisait d'avoir une dette envers quelqu'un et que tu ne voulais pas que je pense que j'en avais une envers toi, par rapport au fait que tu étais venue me parler en premier. Je n'y ai rien compris. Et lorsque tu as vu que je ne voulais pas te laisser tomber parce que je t'aimais trop pour cela, lorsque tu as compris que tu n'y changerais rien, tu as complètement pété un plomb. Tu as cherché d'autres filles pour prendre ta place, tu m'as supplié de t'oublier et finalement tu as cédé. Je ne crois pas que je t'oublierai même si je le voulais. Du moins, je n'oublierais pas la fille qui s'est assise près de moi et m'a forcé à devenir son ami. Car c'est ce que tu as fait. Tu m'as emporté dans ton monde et tu as laissé une empreinte sur celui que j'étais. Tu ne peux pas me demander de renoncer à tout cela. Je ne le ferai pas.

En tout cas, tu as dit que tu viendrais pour mon anniversaire. Les autres m'ont organisé toute la soirée, je sais juste que nous allons d'abord au cinéma, mais je n'ai aucune idée du reste des activités prévues. Alors ce matin, je t'ai demandé de venir et après avoir un peu bataillé par téléphone, tu as finalement laissé échapper la seule réponse que j'étais prêt à accepter « Oui. » Tu es en retard mais tu viendras.

Nous prenons la direction du cinéma. Nous sommes vendredi soir, beaucoup de gens circulent sur dans les rues, nous devons nous dépêcher pour être à l'heure à notre séance. Nous ne sommes pas énormément, mais suffisamment pour que notre démarche en soit ralentie. Je demande à Diana de t'envoyer un message. Elle m'a dit que vous vous parliez de temps à autres, que vous vous êtes parlé aujourd'hui. Tu voulais la rejoindre quelque part pour venir ensemble à l'anniversaire, mais elle t'a dit qu'elle me rejoignait plus tôt. Et après, silence radio. J'espère que tu ne t'es pas perdue. Nous atteignons le guichet, je demande encore une fois si quelqu'un a de tes nouvelles mais personne n'a l'air de savoir où tu es. Nous entrons dans la salle, peut-être que tu nous rejoindras après. Diana s'assied à côté de moi...

*

Je vois ton message à mon réveil. Nous avons diner, après le cinéma, dans un petit restaurant où nous avons fait un bordel monstre. Puis nous sommes allés chez moi pour passer le reste de la soirée à discuter. Je ne sais pas à quelle heure nous nous sommes couchés, mais suffisamment tard pour que j'ai l'impression que ma tête va exploser. J'ai embrassé Diana hier chez moi, est-ce que cela signifie que nous sommes ensemble ? Je pense que oui. Après tout, elle me plait. Nous ne l'avons pas fait devant tout le monde, même s'ils ont bien remarqué que nous étions proches. Et tu n'es pas venue. Je crois que je ne comprendrais jamais pourquoi, même si finalement, c'était sans doute un mal pour un bien. Peut-être que tu as raison, que nous n'avons rien à faire ensemble. J'ouvre ton message, peut-être que tu as une bonne excuse. « Joyeux anniversaire. » C'est tout ?!

Je dois savoir, tu me dois une explication. Mais je ne montrerai pas que je suis blessé. « Tu n'es pas venue. » Les autres gars dorment encore. Je mets mon téléphone en mode silencieux et je me lève pour faire un peu de ménage. Il y a des paquets de gâteaux et des chips qui trainent partout dans la maison. Je regarde mon téléphone au cas où tu aurais répondu, mais les minutes défilent et aucun message à l'horizon. Tout à coup, mon écran s'éclaire. Je saisis mon téléphone et relis plusieurs fois ta réponse. « C'est difficile de te rejoindre si je n'ai pas d'adresse. » Je me tape le front. Personne ne t'a dit où c'était ! J'aurais pu t'attendre longtemps. Mais tu n'as pas demandé non plus. Est-ce que tu t'imagines que je ne voulais pas que tu viennes ? Ce serait stupide. Evidemment que je le voulais. Et en même temps, je n'ai demandé après toi qu'au début de la soirée. Mais je n'allais pas passer ma nuit à demander où tu étais. Si tu avais voulu venir, tu te serais débrouillée. Mais il faut que tu saches que je t'ai demandé. « J'ai demandé après toi. Ce sont les autres qui ont organisé la fête je n'avais pas les adresses. » Ta réponse ne se fait pas attendre : « Oui, mais tu les as eues à un moment, les adresses. »

Je ne sais pas quoi répondre, je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je n'y ai juste pas pensé. J'ai été pris dans la soirée et j'avoue que je t'ai oubliée à un moment, mais ça ne veut rien dire et surtout pas que je n'aurais pas été heureux que tu sois là. J'ai envie de t'avoir en face de moi, de te prendre dans mes bras. N'importe quel geste serait meilleur que des mots. Les mots me manquent, les gestes non. Tu es en train de m'échapper et si tu t'échappes, je sais que je ne te retrouverai plus. Il faut que je trouve quoi répondre. Je ne peux pas te perdre. Tu me devances : « Tu te fais des amis, tu m'oublies, ce n'est rien. Je ne t'en veux pas. Mais je ne passe jamais au second plan. » C'est une rupture ou une réconciliation ça ? J'y comprends rien. Si j'avais les cheveux longs, je me les serais arrachés un à un depuis longtemps. Mon cœur menace de s'arrêter à tout moment. Je crois que c'est de la peur. Mes doigts écrivent plus vite que mon cerveau ne peut penser les mots :« Sauf que pour moi, tu étais et tu resteras toujours au premier plan. »

Pause. Ça ressemble à un message de rupture, ça aussi, non ? Merde. Je l'ai envoyé. J'espère que tu as compris ce que je voulais dire. Bien sûr que non, tu ne comprends jamais rien. Je rame depuis des semaines pour te faire comprendre ce que j'ai sur le cœur et là, je t'envoie ça ! Il faut que je trouve un mur où cogner ma tête. J'aimerais changer cette phrase, mieux la formuler. Mais je n'ai absolument aucune idée de ce que je peux dire. Alors j'envoie le message qui j'espère te fera changer d'avis : « On recommence. » Mais c'est sans compter ta détermination à oublier qui nous avons été l'un pour l'autre, à oublier à quel point nous avons besoin l'un de l'autre. « Non. »

Je ne peux pas m'empêcher de me dire que ça a failli marcher. Nous deux. Au début, ça marchait bien d'ailleurs. Je t'ai peut-être fait peur. Peut-être que tu as mal pris mon envie d'être proche de toi. Alors tu t'éloignes. Je ne comprends pas ce que tu veux. Je suis prêt à te le donner si seulement tu veux bien me le dire. Mais je crois que tu ne veux plus rien. « Tu aimes trop me fuir. » C'est ma dernière chance. Mais tu n'as pas l'air de le savoir. « Tu aimes trop me suivre. » C'est vrai, Mia. Je te suivrais n'importe où. Mais pas maintenant. Tu as gagné. 

C'est toujours toi qui gagne (Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant