𝐓𝐣𝐮𝐬𝐞𝐫𝐬𝐤𝐚 ↝THOR

CHAPITRE XV

Des cris éclatent de toute part, tantôt de rage et tantôt de douleur. Le sang coule à flot. Les corps s'amoncellent. La mort répand son aura sombre et macabre. Elle les mène toutes vers une fin douloureuse et injuste. Mais après tout, comment la déesse de la mort pourrait rendre la vie juste ?

Hela exhibe toute sa puissance en assassinant toujours plus de Valkyries. Plus rien ne semble être capable de l'arrêter, pas même ses guerrières vaillantes qui ont jurer de protéger Asgard jusqu'au péril de leur vie. Et aujourd'hui, elles paient le lourd tribut de cette promesse faite. La fille d'Odin a succombé au poison obscène de la grandeur de ses pouvoirs sans aucune volonté de retour en arrière.

Les quelques Valkyries toujours en vie prennent conscience de leur défaite et mesurent combien d'entre elles ont déjà péri. L'une d'elle, à la peau métisse et aux grands yeux marrons, se penche vers une de ses consœurs allongée au sol. Un large poignard en travers de la poitrine. Prise par l'émotion, la jeune femme ne vérifie pas ses arrières et ne voit pas Hela envoyer une épée noire dans sa direction.

La brune se retourne en entendant un sifflement rapide. Elle n'a pas le temps de s'écarter de la trajectoire de la lame qu'une autre Valkyrie s'interpose. Deux cris : un de douleur, l'autre d'horreur. La majestueuse combattante aux deux nattes blondes, d'une beauté déstabilisante s'effondre au sol. Sa combinaison typiquement blanche vire au rouge sombre de son sang s'étalant sur son ventre.

- ÉVÉA !!! s'écria la jeune Valkyrie

- Amora, réveille toi ! s'exclama cette même voix

J'ouvre brusquement les yeux et reprends précipitamment mon souffle. Je prends quelques secondes pour calmer les battements fous de mon cœur en essuyant mes joues humides. Je me frotte les yeux afin de chasser ce cauchemar que je fais sans cesse.

Brunnhilde, mon amie et ancienne Valkyrie, me fixe avec inquiétude.

- Ce n'est rien ..., lui dis-je en m'asseyant sur le côté de mon lit
- Tu sais très bien que ce n'est pas le cas, me coupa-t-elle

Je reporte mon attention sur elle pour la voir lever les yeux au ciel. Elle marche ensuite vers un large buffet vert et blanc pour y attraper une bouteille d'alcool. J'ignore quelle heure est-il mais je ne pense tout de même pas que cette boisson soit le meilleur petit-déjeuner qui soit.

- Je n'aurais jamais dû te laisser rentrer dans ma tête l'autre soir, me dit-elle après avoir bu une longue gorgée. Je n'aurais pas dû te laisser fouiller mes souvenirs pour tomber sur ... ce moment. À cause de ça, tu rêves toutes les nuits de la mort de ta mère !

Ses mots viennent à leur tour serrer mon cœur déjà compressé par l'horreur de cette vision. Je décide de me lever pour me vêtir, l'esprit toujours empêtré dans mon cauchemar.

Je ne saurais dire depuis combien d'années je réside sur Sakaar à présent, la seule chose que je sais est que le temps s'écoule bien différemment sur cette étrange planète. Contre toute attente, j'ai reconstruit ma vie en ces lieux, on ne peut toutefois pas dire que j'ai eu le choix. Tout le monde ici sait que le Grand Maître ne laisse repartir que très peu d'âmes en détresse comme il aime si bien les nommer.

Malgré tout, je ne vais pas me plaindre de la vie que j'ai à présent : j'entretiens de très bons rapports avec le Grand Maître qui a fait de moi l'une des plus grandes championnes de son tournoi. Comme je m'y attendais, il a été renversé par mes aptitudes au combat. J'ai mis bien des concurrents hors compétition simplement grâce à mon épée et rares sont les jours où j'ai dû user de mes dons magiques. Mais ces fois-ci, le Grand Maître a montré un enthousiasme débordant en voyant ma facette d'Enchanteresse. Peut-être même un peu trop d'enthousiasme ...