Manage me, I'm a mess, turn a page, I'm a book half unread.
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Dallas - 2nd of December, 2018
Branle-bas de combat chez les One Direction. Liam était assis dans un fauteuil, en peignoir, une pauvre paire de chaussons d'hôtels aux pieds alors que ses cheveux gouttaient encore de l'eau chlorée qu'il avait investie le temps de se nettoyer l'esprit. Grelottant et claquant des dents, il apprécia la serviette blanche et duveteuse que Zayn vint poser sur sa tête avant de lui frotter énergiquement les cheveux, dans l'espoir de le réchauffer un minimum.
- T'as les lèvres bleues, Li'.
- J'ai putain d'froid, maugréa-t-il.
- Ils ont dit qu'ils en avaient plus pour longtemps, expliqua le basané. Ça va aller ?
- Tu veux pas rester ? J'ai l'impression qu'mon cerveau est en bouillie, grommela le châtain.
- Ça marche. Tu veux une autre serviette ?
- Steuplait ...
Le chanteur acquiesça et se leva pour se diriger vers la table où trônait le téléphone. Il composa les deux chiffres du service d'étage et demanda à ce qu'on lui ramène une bouillotte et une serviette en plus avant de raccrocher.
Liam en était persuadé, Zayn restait là parce qu'il avait pitié de lui. Enfermé dans cette pièce depuis un quart d'heure, Liam n'avait même pas eu l'occasion de se sécher et il portait toujours son maillot de bain trempé, qui lui provoquait cette désagréable sensation de s'être assis sur un animal mort. Il était conscient qu'il avait l'air d'un cinglé à peine échappé de l'asile et qui s'était fait prendre mais la vérité, c'était qu'il avait la trouille comme rarement il l'avait eue. Après avoir vu cette fille s'échapper de la piscine, Liam n'avait pas mis long feu avant de sortir comme une furie de l'eau, prenant tout de même le temps de s'étaler sur le carrelage en glissant et d'amocher salement son genou et son coude. Il avait remonté les étages jusqu'à la chambre de Paul, leur tour manager et celui qui cadrait l'équipe de sécurité, en courant, s'était gaufré une nouvelle fois dans les escaliers et avait tambouriné comme un malade sur la porte avant qu'elle ne s'ouvre sur le brun, totalement perdu par ce comportement étrange.
Puis Liam avait lancé le mot magique, le mot spécial, le mot clé pour déclencher toute la procédure dont il n'avait encore aucune idée de l'envergure.
- Je suis suivi par une stalkeuse.
Paul n'avait pas mis longtemps non plus avant de comprendre que c'était du sérieux, que cette fois, Liam ne faisait pas mention à une pauvre fille qui le suivait dans chacun de ses déplacements. Cette fois, c'était du concret, c'était une intruse qui s'était introduite là où elle n'aurait pas dû, c'était un élément perturbateur pour Liam qui était déstabilisé et se sentait menacé. Cette fois, Liam ne jouait pas la comédie et vu les yeux qu'il lui lançait, comme s'il venait de voir un fantôme, Paul le fit entrer en trombe dans sa chambre avant de s'enfermer à double tour. Il avait chopé son portable sur sa table de chevet, avait appelé Paddy puis Basile et le mot avait tourné dans le staff des One Direction. Toutes les forces de sécurité étaient appelées à se rendre dans la suite de Paul pour un briefing exceptionnel.
C'était la première fois qu'une telle procédure s'enclenchait, c'était la première fois que Liam voyait une telle chose. Il avait eu l'occasion de voir des fans entrer dans son hôtel, descendre dans la salle de sports pour le voir derrière un carreau avant de se faire dégager par les gardes du corps mais jamais encore, il n'avait eu l'occasion de voir une fan s'introduire dans la même pièce que lui alors qu'il était seul, jamais il n'avait eu à faire avec une fille qui n'avait aucun scrupule pour faire ce qu'elle avait fait. Liam l'avait déjà vue, elle avait toujours son gros appareil photo autour du cou. Il était donc possible qu'elle ait pris des photos de lui et la pensée même le rendit mal à l'aise. Pire encore, il avait été totalement seul avec elle, au moins une minute, possiblement plus. Qui sait ce qu'elle aurait pu lui faire ? Elle aurait pu lui maintenir la tête sous l'eau pendant qu'il remontait à la surface, il aurait pu finir avec une balle en pleine poitrine dans une piscine rouge sang, il aurait pu terminer découpé en rondelles dans le filtre de la piscine. Elle aurait pu le menacer, le kidnapper, lui faire tout un tas de choses que Liam n'osait pas imaginer et depuis maintenant vingt minutes, il s'efforçait de ne pas repenser à son ombre dans l'eau turquoise de la piscine.
Le staff qui l'entourait ne mit que deux minutes avant de rentrer dans la pièce où ils avaient laissé Liam seul. Paul avait dû prévenir l'ensemble de la sécurité, aller chercher ceux qui dormaient encore ou qui n'avaient pas vu le message. C'est donc une petite armée d'une vingtaine d'hommes qui se pointa dans la suite, lançant un petit regard désolé à ce pauvre Liam qui tremblait toujours - de froid et de peur.
- Maintenant, Li', il va falloir que tu nous dises clairement ce qu'il se passe, lança Paul, un peu sur la défensive. On a pas de temps à perdre, alors n'omets aucun détail.
C'est ainsi que tout se déclencha. Liam raconta tout, du premier jour qu'il l'avait vue à toutes ces fois où ses yeux avaient accrochés les racines roses de la jeune fille. Il mentionna l'appareil photo, il mentionna le fait qu'elle semblait s'intéresser à lui en particulier, il mentionna tout ce qu'il avait retenu de ses pensées mélangées et de ce qu'il avait ressassé ces vingt dernières minutes. Comme on lui avait demandé, il n'omit aucun détail. Que ce soit la manière dont le rose de ses cheveux se teignait en lilas avant de virer au violet puis au bleu pour finir par s'évanouir dans le vert ou que ce soit sa façon de toujours téléphoner durant tout le concert. Il mentionna le fait qu'elle ne dansait jamais et qu'elle semblait n'être là que pour prendre des photos et téléphoner. Il mentionna le fait qu'il eut plusieurs fois l'impression qu'elle le suivait (devant le tourbus, devant l'hôtel, dans le lobby, en passant en voiture devant la salle de concert), il mentionna le fait qu'elle lui avait semblé bizarre et qu'elle lui avait foutu les jetons à plusieurs reprises et termina son récit sur le fait qu'elle s'était enfuie au moment même où il avait crié, pratiquement aussi effrayée qu'il ne l'était.
- Cette fille, tu l'as déjà vue avant ?
- Non, Paul, j'te jure ou alors j'm'en souviens plus, j'en vois tellement, se lamenta le brun avant de poser ses paumes de mains sur ses yeux. J'suis désolé, j'voudrais vous aider plus mais j'y arrive pas, j'm'en souviens pas ...
- T'en fais pas, c'est déjà bien, le rassura le tour manager en frottant son avant-bras pour le réconforter. Va te recoucher un peu, t'as l'air crevé. Et j'te remets Paddy dans les pattes mais j'te préviens, à la moindre connerie t'es tout seul, Liam, tu m'entends ?
- J'te promets que j'en ferais plus, murmura le chanteur, comme un enfant.
Le staff ne mit pas longtemps à partir chacun de son côté. Il y avait Paul, qui attrapait James à l'épaule pour lui intimer de le suivre. Ils allaient visiblement demander des comptes à la sécurité de l'hôtel qui avait laissé cette fille rentrer comme une cliente, tranquillement. Il y avait aussi John qui suivait Peter, pour aller voir les enregistrements des caméras de surveillance de l'hôtel et en savoir plus. Et finalement, il y avait Paddy, qui s'affala sur le sofa, face à Liam. Paddy qui ne savait pas vraiment où se mettre, entre Liam qui semblait aussi terrorisé qu'un gosse de cinq piges à l'idée d'avoir des monstres sous son lit et Zayn qui se tortillait sur un autre fauteuil, incapable de savoir ce qui était le plus correct à faire.
- J'suis désolé, souffla le jeune Payne, déconfit. J'aurais dû t'écouter et arrêter mes conneries, j'suis désolé, vraiment.
- Payno, il va falloir qu'on discute. Tu sais que je t'adore mais t'étais pas comme ça avant alors j'exige que tu ouvres ta bouche et que tu m'racontes exactement c'qu'il se passe. On peut pas t'aider si on sait pas c'qui va pas. Alors parle, putain, tu sais l'faire quand c'est pour m'engueuler comme un connard parce que j'ai pas été assez rapide à t'amener une putain d'bouteille de flotte !tonna le garde du corps. Ça suffit, Liam. Les conneries, c'est terminé, t'es assez dans la merde comme ça, tu crois pas ?!
- Raconte-lui, Li'. Tu peux pas garder ça pour toi plus longtemps, ça va trop loin.
Paddy fronça les sourcils. Evidemment, Zayn savait, il aurait dû s'en douter. S'il y avait une personne au monde capable de comprendre Liam, c'était bien Zayn et ce sans même que le premier ait besoin d'expliquer. Allez savoir pourquoi, sous son image de bad boy, Zayn cachait un esprit analytique qui dépassait l'entendement. Zayn observait, prenait des notes, posait seulement quelques questions, réfléchissait pendant des heures, analysait et venait à une conclusion, le plus souvent tellement proche de la réalité que ça en devenait parfois flippant. Paddy avait toujours admiré cette faculté hors normes chez le jeune Malik, si bien qu'il se référait aussi souvent que possible à son avis, persuadé qu'il aurait de toute façon raison.
- C'est compliqué à expliquer, se renfrogna soudainement l'Anglais. J'veux dire ... C'est dur, tu vois ?
- Li', crache-le une bonne fois pour toutes et on en parle plus. On peut pas t'aider à t'en sortir si tu nous dis pas c'qui t'ronge, c'est ridicule. On est comme une famille, pourquoi tu ne nous fais pas confiance ?
Liam hocha la tête, tristement, remontant ses chevilles sur le bord du fauteuil pour caler ses genoux sous son menton. Il entoura ses mollets de ses bras, cacha son visage dans ses genoux quelques secondes avant de prendre une grande inspiration. S'il n'avait pas la moindre envie de tout avouer, il leur devait bien des explications pour son comportement absolument inacceptable de ces derniers temps. Il fallait qu'il passe aux aveux, qu'il leur dise tout, qu'il pose des mots là où ils les avaient bien trop souvent perdus, face à ses crises de nerfs et ses colères tonitruantes. Alors il plongea son regard dans la moquette beige de la chambre et ouvrit la bouche, conscient qu'il était faible et fragile, qu'au moindre mot de travers, il s'effondrerait pour la énième fois comme une nana et que ses amis allaient ensuite ne plus le voir de la même manière.
- J'me suis fait largué comme une merde.
- QUOI ?! s'étouffa Zayn. Mais ... Mais c'est arrivé quand ?
- Y a trois mois, juste avant la tournée, cracha-t-il difficilement. Elle m'a dit qu'elle voulait plus se prendre la tête, que j'étais une trop grosse charge de soucis et qu'elle pouvait plus faire ça.
- Elle a dit ça comme ça ?
- Elle a précisément dit “You're a big package deal that I can't bear right now” et ça fait putain de mal, arriva-t-il finalement à articuler, sa voix se brisant finalement. Je suis qu'un gros tas de problèmes, explosa-t-il en larmes.
- Attends, tu nous fait quoi, Li' ?! s'inquiéta Paddy. Tu vas pas m'dire que depuis trois mois tu dis rien à personne et qu'tu vis avec ça tout seul ?!
- Merde ... Mais Liam, pourquoi tu nous l'as pas dit ? souffla Zayn avant de s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil pour entourer ses épaules de son bras droit.
Ça aurait pu n'être qu'une peine de cœur de plus. C'aurait pu n'être qu'un petit caillou dans la vie sentimentale de Liam mais le problème, c'était qu'il les accumulait, depuis deux/trois ans. Incapable de trouver quelqu'un pour se poser, il voguait à droite à gauche, tentait de construire quelque chose avant de se rendre compte qu'on se foutait de sa gueule.
Il y avait eu Danielle au tout début, avec qui ça n'avait simplement plus collé, parce qu'elle ne supportait plus la pression et qu'il déconnait sec à cette époque-là. Il était passé à autre chose, il lui arrivait même de la revoir de temps en temps, pour un dîner chez lui, pour regarder un film, pour qu'elle puisse voir Loki.
Il y avait eu Sophia qui l'avait émotionnellement épuisé. Il en avait vu de toutes les couleurs avec elle : du rose bonbon au noir le plus intense. C'avait fini par une énième dispute et une porte d'entrée qui avait dû être changée parce qu'il l'avait claqué trop fort en partant. Liam ne mesurait plus vraiment ce qu'il se passait dans sa vie, à cette époque-là. Alors il avait été en boîte le soir-même et avait ramené chez lui la première nana qui se jetait à ses pieds.
Le bal n'avait fait que commencer. Pendant deux mois, il avait enchaîné les filles qui ne demandaient rien de plus qu'une nuit dans son lit et qui partaient le matin-même, laissant le lit froid à son réveil et qui ne laissaient même pas un numéro de portable. Une blonde le Lundi, une brune le Mardi, peut-être deux rousses le Mercredi ... C'était un rythme effréné qui l'épuisait physiquement mais qui l'empêchait d'avoir mal, de penser à son cœur qui s'était éclaté à ses pieds quand Sophia lui avait craché au visage qu'il ne méritait pas une once de l'amour qu'elle avait pu lui porter.
Et puis il y avait eu Brianna, qui avait ravivé la petite flamme, qui l'avait aidé à se sortir de sa dépression, qui avait pris soin de lui et qui avait accepté qu'il la remercie à grands coups de paires de chaussures hors de prix, de sacs à mains luxueux, de voyages en amoureux tous plus fous les uns que les autres. Venise, les Maldives, Tahiti, Los Angeles, Paris, il lui avait tout montré, il lui avait ouvert son monde pailleté et elle avait tout pompé, avidement, avant de se barrer avec sa carte bleue.
Retour à la case départ. Une brune le Jeudi, une rousse le Vendredi et peut-être deux blondes le Samedi.
Il avait rencontré Cassandra lors de la soirée du nouvel an et avait vécu ses premières heures de 2017 à gémir son prénom, dans la pénombre de sa chambre. Il s'attendait à trouver un lit froid à son réveil, comme toujours, mais la blonde était toujours là quand il s'était réveillé et elle avait même préparé le petit-dèj'. Méfiant, il avait mis du temps avant de comprendre qu'elle ne voulait rien de plus qu'un peu d'attention et d'amour. Alors au bout de deux mois, il lui avait ouvert la porte de son appart', si besoin. Elle avait dormi dans son lit à plusieurs reprises, avait préparé des petits-dèj' à foison et s'était installée dans son quotidien. Mais ça c'était avant qu'il ne la retrouve dans son lit avec un de ses amis.
Une brune le Lundi, une blonde le Mardi et une brune et une rousse le Mercredi ...
C'est à ce moment-là qu'il a rencontré Lauren. Elle bossait au bar dans lequel il passait toutes ses soirées, pour trouver les nanas qu'il ramenait chez lui. Elle l'avait vu s'étaler sur le sol après avoir bu largement plus que d'habitude et avait appelé les secours avant de monter dans l'ambulance à ses côtés. Il s'était réveillé dans une chambre d'hôpital et Lauren dormait à côté de lui, dans le fauteuil bleu pâle installé près du lit. Ils s'étaient quittés sur une promesse de ne pas abuser sur l'alcool et Liam était retourné dans son bar une semaine plus tard, déjà passablement alcoolisé. Lauren avait pris soin de lui, elle l'avait mis dans la réserve, lui avait posé une part de gâteau devant lui et avait supporté ses blagues vaseuses et autres plaisanteries nazes, y compris la fois où il s'était baladé en boxer dans son bar, parce qu'il trouvait ça plus « fun », et ce pendant deux mois, environ quatre fois par semaine. Elle avait supporté ses miettes de sandwich qu'il lui balançait au visage parce qu'il s'ennuyait, l'empêchait de se servir dans le bar, le faisait même dormir dans la petite pièce réservée au personnel. Et puis Liam avait pris conscience qu'il était en train d'établir une nouvelle routine avec une fille et il avait pris peur qu'elle aussi, elle lui fasse du mal. Alors il s'était barré, avait déménagé et changé de bar, sans lui donner de nouvelles ou la quelconque explication.
Deux brunes le Jeudi, deux blondes le Vendredi et deux rousses le Samedi. L'alcool lui faisait voir double.
Et puis il y avait Ella, Charlie et Becky qui n'avaient duré qu'à peine quelques semaines parce qu'elles étaient de simples pompeuses de fric, des « m'as-tu vue ? » de première et que ce n'était pas ce qu'il voulait.
Au début de l'année, il avait fait la connaissance de Megan. C'était une fan qui avait gagné un Meet & Greet aux USA et avec qui le courant était tout de suite bien passé. Elle lui avait parlé de sa musique, lui avait raconté que sa chanson préférée était celle qu'il avait écrite seul parce qu'elle lui rappelait une histoire qu'elle avait vécue et que ses mots, sa mélodie étaient aussi forts que les sentiments qu'il avait dû ressentir. Il avait aimé sa poésie, il avait aimé le fait qu'elle lui parle de son travail et de sa résonance en elle. Il avait aussi remarqué la vilaine trace sur son poignet gauche, qu'elle avait tenté de cacher avec du fond de teint et en gardant ses doigts enroulés autour de ce dernier. Il lui avait demandé de ne plus jamais le faire et elle avait simplement dit qu'elle ne pouvait pas, que c'était devenu incontrôlable. Sur la tracklist de leur nouvel album figurait une chanson qu'il lui avait dédiée. Trois jours plus tard, il apprenait qu'elle avait avalé l'intégralité d'une boîte de somnifères avant de sombrer dans un sommeil sans fin. Il ne s'en était jamais vraiment remis pour être honnête, il gardait le fantôme de Megan en lui, comme un secret sombre qu'il essayait de ne pas laisser sortir. Megan le rassurait, en quelque sorte, comme si sa présence qu'il inventait de toute pièce était une manière de se racheter pour ne pas avoir fait assez pour elle, pour ne pas avoir pu la sauver. Cela lui avait pris trois mois de consultations chez un psy pour laisser le fantôme de Megan partir, pour se rendre compte qu'il n'aurait pas pu faire plus, qu'il avait essayé et que Megan n'était de toute façon pas en mesure d'être sauvée, comme ses parents lui avaient répété à de multiples reprises lors de la cérémonie de son enterrement. « Tu as fait déjà plus qu'on aurait jamais pu faire mais Megan était à bout de souffle et tu vois, j'espère simplement qu'elle a enfin trouvé la paix, ailleurs. »
Après autant de mésaventures, Liam n'aurait jamais dû croire de nouveau en l'amour et se laisser avoir par une fille. Mais il avait rencontré Kate et tout avait changé. Difficile de résister à ses grands yeux bleus et à son sourire dévastateur. Niall l'avait pourtant averti : « Cette nana est une manipulatrice, elle te mettra à genoux et te fera faire ce qu'elle veut, te laisse pas faire, vieux ». Il n'avait pas marché, il avait couru. Elle le menait à la baguette, elle calculait tout, ne lui laissait pas la moindre autonomie et quand il commençait à comprendre son stratagème, jouait le jeu des sentiments. Tout le monde voyait à quel point Liam était devenu un jouet, un humain radiocommandé et Kate avait la manette. Tout le monde le voyait, sauf lui. En l'espace de six mois, elle avait envahi sa maison, sa vie, son esprit et s'il osait, il dirait qu'il en était dingue amoureux. Il aurait fallu être stupide pour ne pas voir que la blonde se servait de lui, l'usait jusqu'à la moelle, le considérait comme un porte-monnaie sur pieds et un projecteur permanent sur son visage angélique. Le seul dont la naïveté était toujours et encore présente était Liam. Parce qu'il croyait en l'amour, encore et toujours, malgré toutes ses désillusions, malgré tous ses échecs, Liam pensait encore qu'il trouverait un jour la personne qui l'aimerait pour lui et pas pour ce qui l'entourait.
Louis lui avait craché au visage que sa crédulité et sa niaiserie lui exploseraient en pleine gueule, un jour, quand Kate avait traité l'aîné de gros con et que Liam n'avait pas su stopper la dispute. Le décompte venait d'arriver à son terme et la bombe avait produit une déflagration telle qu'elle en avait tout balayé sur son passage.
Après tant de temps à faire confiance, à rester gentil avec ses proches, à faire de son mieux pour ne pas laisser la noirceur prendre tout contrôle sur sa vie, Liam avait décidé qu'il en avait marre qu'on le prenne royalement pour un con. Il avait rejeté tout ce qu'il était auparavant, parce qu'il n'en pouvait plus qu'on ne le respecte pas un minimum et était devenu à l'image de ces filles qui avaient été de totales garces avec lui : un véritable con. C'était plus facile que d'essayer de trouver ce qui n'allait pas chez lui, c'était plus facile que d'admettre qu'il y avait un problème et qu'il aurait pu trouver une solution. C'était franchement moins compliqué de devenir quelqu'un d'autre pour éviter de souffrir plutôt que de revoir un psy une nouvelle fois.
Liam avait fait le deuil de l'amour, le vrai, celui qu'il avait touché du bout des doigts avec Danielle mais qui lui avait échappé avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Il n'y croirait plus, si on ne croyait plus en lui non plus. Valait mieux oublier l'hypothèse de trouver la personne qui réparerait tous les dommages causés plutôt que de l'attendre comme un con qu'elle arrive vers lui, au risque de se faire avoir une nouvelle fois. Liam était arrivé au point de non-retour, celui auquel il abandonnait totalement ; il laissait tomber, il était tellement brisé qu'il ne pourrait jamais trouver de quoi le réparer à long terme. Tout s'était tellement cassé la gueule qu'il préférait encore renoncer plutôt que d'essayer une nouvelle fois.
Parfois, il faut savoir reconnaître ses échecs.
Liam avait décidé qu'il n'était que la personnification du naufrage et il n'avait plus envie de nager pour s'en sortir.
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Fool's Gold
FanficOn lui avait dit qu'il avait l'or au bout des doigts et finalement, l'or l'a étouffé.