Chapitre 1

9 0 0
                                    

Mon réveil est une chanson douce, que j'ai découvert il y a quelques temps. J'ai fait en sorte que la musique commence doucement puis qu'elle continue de plus en plus fort, afin que je me réveille progressivement. Ensuite je me lève et traîne des pieds jusqu'à la cuisine, où je déjeune chaque jour la même chose. Quand j'ai terminé, je range et je nettoie tout, puis je vais me doucher et m'habiller. Et pour terminer, j'enfile mes baskets, prend mon sac et mes clés, et je sors en faisant bien attention à ce que Cookie ne sorte pas en douce.

Ce n'est pas la routine dont je rêvais il y a plusieurs mois, à vrai dire cet été j'aurais voulu faire la fête jusqu'au matin, me réveiller en plein après-midi et recommencer encore et encore. Mais il a fallu que mes parents partent en voyage au bout du monde et qu'ils me laissent la maison à entretenir sans laisser quiconque y entrer, et bien sûr en survivant moi-même. C'est-à-dire travailler pour subvenir à mes besoins sinon je peux être sûre que je ne pourrais pas faire la fête une seule fois cet été. D'ailleurs la plupart de mes potes sont partis en vacances pendant plus d'un mois. La seule qui me tient encore compagnie, c'est Cookie, ma chienne. J'ai aussi un chat, Donut, mais il vit sa vie sans se soucier des autres. Je crois que je le vois seulement quand il n'y a plus de croquettes. Je me dis que j'aurais dû l'appeler Michto.

Mais pour pouvoir leur payer les croquettes, et moi me payer de quoi manger, je me lève tôt le matin pour aller promener les chiens ou nettoyer les maisons des habitants de cette ville. La plupart de mes employeurs sont assez fortunés, le genre de personne qui ne prend pas la peine de s'occuper du chien ou de la maison.

Ce matin, c'est la villa des Rodriguez qu'il faut je fasse briller. Ils ont aussi 3 chiens qu'il faudra aussi que je chouchoute si je ne veux pas qu'ils me mangent. Après tout, ce sont trois énormes chiens qu'il ne vaut mieux pas énerver. Et c'est tout sauf le moment de me faire dévorer, j'ai deux ou trois maisons à faire briller avant.

Je monte dans ma camionnette, une vieille voiture que j'ai emprunté à ma grand-mère puisque je n'ai pas les moyens de m'en payer une moi-même sachant que mes parents m'ont coupé les vivres depuis que j'ai décidé de ne pas faire les études qu'ils voulaient que je fasse. Au final, au lieu de mener une vie d'enfant de riche, je promène des chiens et nettoie des maisons. Je ne peux que remercier ma grand-mère qui me soutient toujours, et qui fait toujours en sorte que je ne manque de rien malgré ce que mes parents pensent de moi. En parlant d'eux, il y a 4 ans, quand je suis partie faire mes études en Australie histoire de leur échapper, ils ont décidé que je n'étais plus leur fille. Alors ils ont fait un autre enfant, une fille. Je crois qu'elle s'appelle Alice, elle doit donc avoir 5 ans aujourd'hui. Je ne la connais pas vraiment, mais je n'ai pas non plus envie de la connaître. Elle est née parce que mes parents voulaient me remplacer en quelqu'un de plus naïf, ce n'est pas une naissance saine et honnête, alors je pense qu'Alice ne sera pas quelqu'un de sain et honnête. Mais ce serait drôle si elle était comme moi, le genre à se rebeller contre ses parents et leurs clichés dès ses 12 ans.

Cookie a finalement réussi à sortir pendant que j'étais dans mes pensées, d'habitude je ne la prends avec moi que pour promener les autres chiens, comme ça elle sort aussi avec. Mais je ne la prends jamais pour faire le ménage, je la connais, elle serait capable de me retourner les maisons et ça pourrait mal finir. Seulement, elle n'a pas les mêmes idées que moi, à peine ai-je ouvert la camionnette qu'elle se précipite à l'intérieur. Elle se met sur le siège passager à ma droite et je monte sur le siège conducteur. J'aurais aimé qu'elle reste à la maison aujourd'hui, mais maintenant qu'elle est là, je ne peux pas l'y enlever. Je démarre donc en direction de la villa des Rodriguez, et de leurs trois énormes chiens.

Cookie est la plus heureuse en voiture, je crois qu'après les balades sur la plage et les câlins, c'est ce qu'elle préfère. Elle me fait beaucoup rire avec sa langue sortie et ses yeux fermés. Elle pousse un gémissement dès que la voix du GPS de mon téléphone fait une indication. Soudain, mon téléphone se met à sonner, et elle le fixe avec de grands yeux. J'appuie sur le bouton vert, étonnée de recevoir un appel à une heure pareille. Il doit être huit heures du matin, alors qui ça peut bien être ?

« Allô ? »

« Mademoiselle Georges ? »

« Oui c'est moi, qu'est-ce que je peux faire pour vous ? »

« Je suis Monsieur De Jaillon, j'ai entendu dire que vous faisiez le ménage et que vous promeniez des chiens ? »

« Oui c'est bien ça... »

« Très bien, alors j'ai besoin de vous rapidement. Pouvez-vous venir ce matin vers 10 heures ? »

« Bien sûr, j'aurais seulement un peu de retard puisque les chiens que je promène aujourd'hui sont un peu compliqués. »

« Bien, je vous envoie l'adresse. Merci, au revoir. »

« D'accord, au revoir. »

Je ne m'attendais pas vraiment à ça, d'habitude j'ai affaire à une jeune secrétaire stressée à qui on a demandé de trouver une nouvelle femme de ménage parce que celle d'avant a cassé un verre en glissant sur le jouet d'un des enfants de la maison. Je n'ai jamais entendu le patron de la maison lui-même me demander de venir prendre soin de sa villa de riche. Cookie me regarde en se demandant sûrement ce qui m'arrive, et pourquoi je ne remet pas la musique de la radio en marche. Je sors de mes pensées et appuie sur le bouton de la radio. Il y a une chanson de Beyoncé qui passe, Crazy in love. Elle est bien, mais malheureusement, pour moi c'est Crazy in Célibat.

Cookie se met à aboyer en voyant par la fenêtre un petit chien qui se promène, il se promène dans les bras de sa maîtresse mais disons qu'il se promène quand même. Je tourne au coin de la rue et prend le chemin de la super villa des Rodriguez derrière la forêt. Je passe donc à travers la forêt en passant par le petit chemin de terre, à force de venir nettoyer chez les Rodriguez, j'ai fini par trouver un raccourci dans la forêt. Je ne passe plus par la route goudronneuse et plate, je passe par un chemin de terre cabossé. Cookie est fan de ce chemin, et puis il est plus rapide.

Une fois arrivée devant la grille, je tape le code et entre me garer derrière la remise. Je prends les clés de la maison et de la remise dans la boîte à gants, et je descend de ma voiture. Je me dirige vers la remise pour prendre les balais, aujourd'hui je dois seulement passer la serpillière chez les Rodriguez.

Une fois que j'ai fini de passer dans les 3 étages, je remonte dans ma voiture et sors ma chienne préférée. C'est bientôt l'heure du rendez-vous chez Monsieur De Jaillon, mais j'ai encore les trois énormes chiens à emmener faire un tour, il attendra. En parlant d'eux, je viens d'ouvrir la porte de leur petite cabane. Ils me sautent tout de suite dessus, je suis la seule personne qui les emmène se promener, ils m'aiment beaucoup, et Cookie aussi. Je crois qu'elle s'entend très bien avec l'un d'entre eux, je ne peux pas le différencier des deux autres puisqu'ils n'ont pas de prénoms. Ces chiens m'ont donné l'idée de créer une association pour le bonheur des animaux, mais je risque de me mettre à dos tous mes employeurs, surtout parce que ce sont eux qui maltraitent le plus leurs chiens. C'est aussi pour ça que j'ai choisi de faire ça, j'aime être la lueur d'espoir et de bonheur des ces chiens malheureux.

J'avais envie de changer alors ce matin on est passés sur la plage et les chiens ont joué dans l'eau. Puis on est rentrés et je suis repartie sur la route en compagnie de ma fidèle Cookie. Je suis maintenant devant une petite maison de ville, qui ne ressemble absolument pas à une villa de riches. Pourtant Monsieur De Jaillon a une particule, c'est étrange qu'il n'habite pas dans un énorme manoir. J'appuie quand même sur le bouton en-dessous de la boîte aux lettres. Quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre sur un homme.

À suivre...

À la bougieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant