Le dévoreur d'âmes [Hopekook]

Chapitre 1

Ses paupières clignèrent un instant tandis qu'il émergeait de sa torpeur. Il prit une longue inspiration qui se changea en un bâillement et bougea pour s'emmitoufler plus correctement dans ces couvertures chaudes en fermant de nouveau les yeux sans même avoir pris le temps de faire attention à l'endroit où il se trouvait. Tout était confus dans son esprit mais son corps était si faible qu'il n'avait qu'une envie : se rendormir.

Néanmoins, dès l'instant où il entendit des bruits qui semblaient provenir d'une autre pièce, il se raidit.

Où était-il ?

Qui se trouvait là ?

Ses yeux s'ouvrirent aussitôt, de même que son cœur se mit brutalement à cogner contre sa cage thoracique. Il voulut se redresser or, maintenant que la conscience de son corps lui revenait, celle de la souffrance se fit soudainement écrasante et il poussa un gémissement étouffé en retombant lourdement sur le lit.

D'un geste tremblant, il repoussa la couverture pour se rendre compte qu'il était torse nu, habillé d'un simple pantalon de toile. Ce ne fut cependant pas le plus surprenant. Ce qui le surprit le plus, c'était tous ces bandages, pour certains empourprés, qui se trouvaient sur lui. Son pied gauche, sa cheville droite jusqu'en haut de son tibia, son pectoral, son épaule gauche jusqu'à son coude ainsi que sa paume, son poignet et tout son avant-bras droit ; il pouvait même sentir ce tissu aérien contre son front.

Mais qu'est-ce qui s'était passé ?

Il regretta son couinement de douleur en entendant des pas se rapprocher et, lorsque la porte s'ouvrit doucement, il sentit aussitôt la panique l'envahir. L'adrénaline prenant le pas sur la souffrance, il se redressa et tenta de reculer avant d'être frappé de stupeur : le jeune garçon qui venait d'entrer, il était... irréel.

Son corps était svelte, élancé. Il portait un pantalon fait d'un cuir sombre brut ainsi qu'une chemise dont le tissu blanc valait probablement une fortune. Par-dessus, il avait un long manteau bleu nuit dont la couleur s'accordait parfaitement avec celle de son bas noir. Ce manteau, le jeune garçon eut un instant la sensation que la lumière pouvait s'y refléter. Cette même lumière qui brillait autour de son cou, provenant de ce mystérieux pendentif qui pourrait sembler posséder des pouvoirs surnaturels. On aurait cru voir une perle volée au soleil en train de briller dans un écrin de cristal auquel on avait attaché une simple cordelette.

Ce n'était pourtant rien en comparaison avec le visage de cet être extraordinaire : le jeune homme qui venait d'entrer semblait à peine plus vieux que lui. Il avait des traits doux et un léger sourire qui semblait promettre que tout irait bien. Ses cheveux étaient teintés d'une couleur lavande particulièrement claire et ses yeux... ils étaient tout bonnement indescriptibles : il avait les yeux vairons. L'un était d'un marron sombre, l'autre d'un bleu éclatant.

Le regard bloqué sur ce mystérieux inconnu, le jeune garçon resta immobile.

« Tu vas bien ? » s'enquit le nouvel arrivant.

Le garçon ne répondit pas.

« Tu devrais te reposer, sinon tes blessures vont se rouvrir, lui conseilla-t-il d'une voix tendre. Est-ce que je peux approcher ? »

Le jeune garçon hocha aussitôt négativement la tête de façon vigoureuse. L'autre se mordit la lèvre et acquiesça, visiblement embêté.

« Dans ce cas est-ce que tu veux que je t'apporte quelque chose à boire ou à manger ? »

Le jeune homme s'apprêtait à répondre par la négative une fois de plus quand son ventre se fit entendre pour le contredire et lui rappeler qu'il était affamé. Le garçon rougit aussitôt et baissa honteusement la tête avant de finalement opiner. Un sourire imperceptible naquit sur les lèvres de l'inconnu.