OS #4 Face the sun

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(ce sera probablement le dernier OS de Only Yesterday avant un bon moment, peut-être même le tout dernier. A moins que les personnages ne viennent me taper dans le dos pour que je m'occupes d'eux à nouveau, je pense avoir fait le tour de cette histoire.)

🌸

L'eau est froide, mais elle ne le sent pas grâce à sa combinaison thermique. Ce genre de petit bijoux technologique lui fournit tout ce dont elle a besoin: de l'air, de la chaleur, de la protection contre les rayons cosmiques.

C'est à peine si elle se rendait compte qu'elle plongeait. La différence entre la non-atmosphère et l'eau est très ténue, finalement. Au point de, parfois, perdre ses repaires, ne pas savoir ou se trouve le haut et le bas.

Le haut et le bas sont des notions toutes relatives. Elle a perdu le fil d'Ariane, de toute manière, et le reste des membres de l'expédition n'est plus en vue.

"C'est comme ça que je vais mourir." pense Daphné. "En mission de routine d'observation des êtres unicellulaires vivant dans les mers d'Europe."

Elle n'aurait pas dû être là, au départ. Le vaisseaux spatial sur lequel elle est née, et a grandit, faisait des sauts de puces au cœur de la Ceinture d'Astéroïde. C'était la vie de mineurs, de tous ceux qui extrayaient les métaux dans le vide sidéral.

Son intelligence lui a fait obtenir une bourse à l'Université Mars III et elle a quitté sa famille. Maintenant, elle avait dépassé la Ceinture, et se tenait plus loin du Soleil qu'elle ne l'avait jamais été.

C'était son grand regret. Elle aimait le Soleil, il l'avait toujours fasciné. Peut-être que si elle devenait une grande ichtyologue, elle monterait une expédition sur Terre, pour effectuer le recensement des espèces survivantes. En attendant, il lui fallait se contenter d'une Lune de Jupiter et de ses amibes.

Au coin de sa vision, elle cru voir le Soleil, tel qu'elle l'observait parfois pendant ses années d'études sur Mars. Petit, mais puissant. Était-ce le mal des abysses qui la faisait délirer?

Une forte lumière l'aveugla. Au centre, elle distingua une forme vaguement humaine, qui lui désignait quelque chose...

La lumière semblait suivre le chemin de la main, et se posa sur quelque chose, au fond... Elle voyait le fond! Il suffirait de se diriger vers la direction opposée pour retrouver la surface et apercevoir la navette!

Mais un second regard lui permit d'observer de plus près le banc de sable au dessus duquel elle flottait. Quelque chose bougeait, dérangé par la lumière vive. De loin, cela ressemblait à l'un de ses poissons des abysses comme la Terre pouvait en accueillir autrefois.

Elle saisit sa propre lampe-torche et sa caméra sous-marine pour capturer le plus d'images possible. Si c'était vrais, ce serait la plus grande découverte de la décennie! De la vie au-delà du niveau cellulaire sur Europe!

Quand elle regagna la surface et fit signe à ses collègues inquiets de ne pas l'avoir vu remonter plus tôt, elle repensa à la silhouette qui avait disparu aussi rapidement.

Si cela avait été la première fois qu'elle l'avait croisé, elle aurait soupçonné une illusion causée par la panique. Mais en réalité, l'apparition et elle... se connaissaient bien, si l'on peut dire.

Elle ne se souvient pas de la première fois, car aussi loin de ce qu'elle pouvait se rappeler, l'autre était toujours là, derrière les hublots du vaisseau. Sa famille en avait fait une blague, et sa grand-mère lui disait que si elle voyait quelqu'un avec des ailes voler en dehors du vaisseau, dans le vide, c'était probablement un ange gardien.

Son père pensait à un ami imaginaire. "J'en avais un aussi, tu te souviens, maman? Alors, comment s'appelle-t-elle, ta copine avec des ailes?
-Chais pas...
-Oh? Tu ne lui a pas demandé?
-Elle est derrière la fenêtre, elle m'entends pas!"

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