Un orphelinat, quelque part en Angleterre. Triste et froid. Lits de fer et rideaux délavés. Pas un rire d'enfant. Ambiance de mort. Une voiture était garée dans la cour. La nôtre. Mes parents avaient décidé d'adopter un enfant. Une fille. Pourquoi avaient-ils choisi cet orphelinat ? Aucune idée. Tout ce que je savais, c'était que malgré la froideur et le silence de ce bâtiment, les enfants semblaient heureux, ce qui nous avait réchauffé le cœur, une fois entrés dans cet endroit lugubre. Nous avions traversé une grande salle commune aux fenêtres étroites où les enfants parlaient à voix basse, surveillés par deux gouvernantes au visage austère. Quelques semaines auparavant, mes parents étaient tombés sous le charme d'une fille légèrement plus jeune que moi qui peignait des tableaux noirs. Ses toiles contrastaient avec son teint pâle et ses cheveux d'un blond vaporeux. Sans doute avaient-ils voulu la sortir de cet endroit effrayant. Ce jour-là, alors qu'ils réglaient les derniers détails de son adoption, une fille de mon âge aux longs cheveux noirs s'était approchée de moi pour me mettre en garde contre cette fille, Johanna. En même temps, elle m'avait glissé un paquet dans les mains. « Ne l'ouvre que si tu n'as plus d'autre choix... Fais attention à toi et à ta famille... J'espère que tu sauras quoi faire... »
Puis elle m'avait laissé là, mon paquet dans les mains, troublée. Contre quoi avait-elle voulu me mettre en garde ? Johanna avait pourtant l'air d'une fille normale...
Effectivement, Johanna s'était plutôt bien intégrée dans la famille même si parfois, elle faisait des caprices. Étrangement, en peu de temps, mon père, de nature assez distant avec moi, avait commencé à éprouver beaucoup d'affection pour ma sœur adoptive et en oubliait presque ma mère. Il obéissait à la plupart de ses désirs, et ma mère avait beau protester, il ne voulait rien entendre. Sans doute essayait-il de faire en sorte qu'elle se sente comme chez elle. A cette époque, lorsque je rentrais du collège, j'appréhendais le retour à la maison, car mes parents se disputaient souvent et l'ambiance était exécrable. Une seule personne n'en semblait aucunement affectée : Johanna. Elle vaquait à ses occupations et souriait presque quand elle entendait ma mère crier sur mon père, dans une pièce voisine. Nous ne nous parlions jamais, elle et moi. Elle ne voulait jamais croiser mon regard. J'avais de plus en plus l'impression de ne plus avoir ma place sous ce toit...
L'automne humide s'en était allé pour laisser place à un hiver glacé, chargé de flocons. Comme la situation ne s'arrangeait pas, je m'étais résolue à ouvrir le paquet que m'avait donné l'orpheline il y a plusieurs mois. Je n'y avais jamais réellement prêté attention. Il fallait dire que je pensais qu'elle m'avait fait une farce, mais étant de nature superstitieuse, je n'avais pas osé regarder à l'intérieur. Qui pouvait savoir quel objet maléfique aurait pu s'y trouver ? Aussi, l'avais-je ouvert un soir, tard dans la nuit, pour être sûre de ne pas être dérangée. Une forte odeur de moisi m'avait chatouillé le nez. Redoutant ce que j'allais y trouver, j'avais plongé la main dans le sac et en ressortis un vieux livre noir, duquel était tombé un bout de papier plié en quatre. Surprise, j'avais laissé le livre de côté et ramassé le papier.
Fais attention à Johanna. Mon amie Anaïs m'a raconté qu'elle vivrait depuis des centaines d'années, et que, pour ne pas mourir, elle tuerait son mari et redeviendrait enfant. Elle mènerait à nouveau une vie d'enfant dans un orphelinat, en attendant d'être à nouveau adoptée. Elle m'a rapporté, qu'en tuant cent maris, Johanna atteindrait l'immortalité. Et il ne lui en manquerait plus que quelques-uns. Mais je ne peux plus rien lui demander, Anaïs a été adoptée dans la semaine où elle m'a dévoilé le secret de Johanna. Quelques jours plus tard, j'ai appris qu'elle était morte.
D'après Anaïs, le livre est son journal intime. Ne l'ouvre jamais, apparemment il porte malheur.
Quand tu liras ce message, je ne ferai peut-être plus partie du monde des vivants. Johanna sait tout. Fais attention. Je t'en supplie, mets un terme à sa folie.
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johanna
Cerita PendekUn orphelinat, quelque part en Angleterre. Triste et froid. Lits de fer et rideaux délavés. Pas un rire d'enfant. Ambiance de mort. Une voiture était garée dans la cour. La nôtre.