ᴏ ɴ ᴇ

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C'était une nuit des plus normales. Les rues étaient quasiment désertes. Les seules traces de vie étaient les petites épiceries ouvertes 24/7. La lumière venait essentiellement des lampadaires qui éclairaient les rues. Le ciel était dégagé ce soir, et les étoiles étaient au rendez-vous. Il faisait froid. Prévisible pour un soir d'automne. Chaque respiration était accompagnée d'un petit nuage de condensation.

Seul, dans ces rues vides, Chenle marchait. Il était tard, mais cela ne l'importait que peu. Étudiant en lettres, il avait de plus en plus de mal à garder la tête hors de l'eau. Que ce soit à l'université, chez lui ou avec ses amis, il avait l'impression de se noyer.

Le chinois se sentait aussi vide que les rues qu'il traversait. Il n'avait pas de destination précise, il se contentait d'avancer sans savoir où aller, comme un petit animal lancé dans la jungle féroce qu'est la vie. Le noiraud était hanté par un lourd sentiment d'impuissance et d'oppression face aux épreuves de l'existence.

Chenle n'avait confiance en rien, ni en personne. Pas même en lui. Et c'était dur. C'était comme se débattre dans une rivière sans rocher où s'accrocher à quelques mètres d'une cascade.

Parfois, il se demandait si, en ayant pris d'autres choix dans sa vie, les choses auraient été différentes. Peut-être qu'il méritait sa situation actuelle. Peut-être pas. Il ne le savait pas.

En attendant, son existence se limitait à faire les mêmes choses, tous les jours, encore et encore. Il travaillait, rentrait chez lui, faisait ses devoirs, puis dormait. Et cela s'était installé comme une routine.

Mais cette même routine entraînait Chenle vers le fond. Il ne ressentait plus les joies insignifiantes mais nécessaires de la vie. Il n'avait plus le temps pour cela. Si il utilisait son temps autrement que pour le travail, il allait être en retard sur celui-ci et se sentir encore plus mal. Il sentait sa force happée dans ce cercle vicieux.

En regardant les étoiles, il se surpris à demander si il était le seul dans cette situation. Y'avait-il d'autres personnes dans cette boucle qui lui semblait sans fin ?

Chenle aimait la nuit. Personne ne pouvait lui dire quoi faire quand la Lune régnait. Il se sentait libre, moins vide, comme si les astres lui tenaient compagnie.

Plus tard dans la nuit, il se retrouva à marcher sur un pont. Il n'était éclairé que de quelques lampadaires dont les ampoules grésillaient. Le chinois s'approcha de la barrière et posa ses coudes sur celle-ci. Regardant devant lui, il contemplait l'eau et le ciel se mélanger. Il trouvait ce tableau magnifique.

Quelque part, dans sa tête, il entendait une petite voix. Elle lui murmurait à l'oreille des choses loin d'être joyeuses. Chacun des mots de la voix semblaient être des pieux qui traversaient les vestiges de son coeur. D'un mouvement désarticulé, le noiraud enjamba la barrière et s'asseya sur celle-ci, les mains cramponnées au métal.

L'eau était belle. Les vagues remuaient et s'entrechoquaient. Chenle se demandait si la voix dans sa tête avait raison, si il devait rejoindre la vaste étendue. Il ne savait pas tellement.

Alors qu'il pensait s'être fait une raison et avait pris une décision, alors qu'il lâchait petit à petit la barrière, il entendit une voix venant de derrière lui :

"Tu es vraiment sûr que c'est ce que tu veux ?"

ᴢ ᴏ ᴍ ʙ ɪ ᴇ | ᴄ ʜ ᴇ ɴ ᴊ ɪOù les histoires vivent. Découvrez maintenant